Parisot réélue, le Medef revêt sa tenue de combat

mercredi 7 juillet 2010.
 

Reconduite à la tête du syndicat patronal, elle vole au secours d’Éric Woerth, soutient le plan de rigueur de la droite, revendique d’avoir inspiré la réforme des retraites et se met en position face au mouvement social, en prévision de 2012.

« Nous connaissons notre résistance et notre combativité. Nous ne sommes pas des belliqueux, mais néanmoins, si nous devons nous battre pied à pied, nous répondons présent, et mille fois, nous avons prouvé que nous pouvions en découdre s’il le fallait  », a déclaré, tout au début de son intervention prononcée en prélude à son élection, Laurence Parisot. Après ce discours martial, la présidente du Medef, seule candidate à sa propre succession, a été réélue, sans surprise et probablement sans enthousiasme, hier à la tête du mouvement patronal pour un second mandat de trois ans. Laurence Parisot, cinquante ans, a recueilli 458 voix sur 488 votants, soit 93,85 % des suffrages, lors d’une assemblée générale organisée à Paris. Un score quasi soviétique  !

Elle avait pourtant suscité en début d’année de nombreuses critiques au sein du Medef, certains évoquant sa tendance à traiter des sujets très sociétaux en plein cœur de la crise, d’autres critiquant une gestion jugée trop personnelle, voire autocratique de l’organisation. Sans aucun doute, c’est aussi pour rassurer les uns et les autres qu’elle a tenu ce discours de combat, très politique.

C’est le medef qui donne le « la »

Juste après le vote, elle s’est dite « profondément honorée », affirmant vouloir « porter haut la voix des entreprises de France ». Interrogée par des journalistes sur les difficultés actuelles d’Éric Woerth, elle a déclaré  : « Je ne peux vous dire qu’une chose  : Éric Woerth est un excellent ministre du Travail. » Et pour cause, puisque, selon la dirigeante patronale, c’est le Medef qui a « initié l’indispensable réforme des retraites » et qui va « désormais l’accompagner ». « Nous allons, de la même façon, a-t-elle ajouté, initier et accompagner la tout aussi indispensable réforme de l’assurance maladie et de son financement. » Que les Français se le tiennent pour dit, c’est le Medef qui donne le la et la représentation nationale ne fait que mettre en mesure. Elle n’est pas allée jusqu’à revendiquer le plan d’austérité du gouvernement mais a déclaré  : « Nous allons soutenir la nécessaire réduction des dépenses publiques et l’inversion de la tendance de la dette », car autrement ce seraient « nos entreprises (qui) seraient sollicitées pour combler les trous, et alors... adieu la compétitivité  » !

Parisot critique la tradition idéaliste

Laurence Parisot a donné le sentiment de se positionner à la fois vis-à-vis du mouvement social et du prochain débat qui devrait avoir lieu à l’occasion de l’élection présidentielle. À l’égard du premier, qui apparaît fort du succès de la mobilisation du 24 juin dernier, elle affirme que le Medef ne lâchera pas prise et se battra « pied à pied » pour que la réforme du système de protection sociale qu’il a inspirée et qui est maintenant engagée par la droite aille jusqu’à son terme. Par rapport au second, elle a dit très clairement  : « Nous savons que nous sommes maintenant – très légitimement et très indubitablement – des acteurs majeurs de la vie publique, que nous avons imposé avec succès le débat économique dans l’élection présidentielle de 2007, et nous sommes bien décidés à recommencer en 2012, pour que ni l’économie ni les entreprises ne soient jamais traitées autrement qu’à leur juste place, c’est-à-dire à la première place. »

Dans cette perspective, elle a tancé les Français, trop 
influencés par « une tradition idéaliste » qui expliquerait que « certains mensonges ou certaines vues de l’esprit ont plus de prise sur nos compatriotes que nulle part ailleurs ». Il en serait ainsi des 35heures, alors que « la réforme de la réforme des 35 heures n’est pas 
achevée » et qu’il faut « corriger définitivement ce système abracadabrant ». « Autre 
erreur ou autre mensonge de la même farine  : les retraites », mais heureusement, il y a 
le Medef qui s’efforce « sans relâche  » d’« avertir, prévenir, anticiper, empêcher que notre pays aille dans le mur ». 
La menace vise certainement une partie de la gauche  : il faudra qu’elle reste dans les « clous » patronaux en 2012, faute de quoi elle entendrait parler du Medef.

Pierre Ivorra


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