Etats-Unis : Face à la marée noire, le mécontentement fait tâche… d’huile

mercredi 30 juin 2010.
 

Alors que le pétrole fuit toujours et pollue le Golfe du Mexique, la colère monte au pays. D’autant que les chiffres sont constamment révisés à la hausse.

En effet, il n’est pas un jour sans que l’on nous annonce que les quantités de pétrole qui fuient après l’explosion qui a coûté la vie à onze salariés de BP sont plus importantes que ce qu’on annonçait la veille. Et tandis que les photos des oiseaux englués font la une, c’est de la détresse de ceux qui vivent de la pèche, de la culture de crustacés et du tourisme que les médias parlent.

Tous écœurés

Les déclarations de Tony Hayward, le PDG de BP pour qui les effets nocifs sur l’environnement seront minimes, ont provoqué une vague de colère. Auditionné par une commission parlementaire, il a continué à jeter de la poudre aux yeux en refusant de reconnaître que BP avait opté, malgré l’avis des experts, pour des tuyaux et autres matériaux bon marché et peu fiables.

Ce sont des élus de la droite républicaine, proches du mouvement réactionnaire des Tea Party, qui ont pris sa défense et dénoncent la volonté d’Obama d’obliger BP à établir un fond de 20 millions de US$ pour dédommager les victimes du désastre.

Mais, les sondages montrent que la colère est grande aussi bien parmi les électeurs du parti démocrate que dans l’électorat républicain. Et ils attestent l’insatisfaction de la population face aux atermoiements d’Obama.

Toutefois, à ce jour, le mécontentent reste vague, peu ciblé, sans contenu de classe. On exige la prise en charge des coûts de nettoyage par BP ; dans certains cas c’est même la mise en examen de ses dirigeants qui est demandée, comme l’avait exigé le syndicat des mineurs après la mort de neuf mineurs il y a deux mois dans l’explosion d’une mine en Virginie Occidentale (cf. L’anticapitaliste, 26e).

Mais aucune de ces exigences, sacro-saintes, n’empêchera d’autres catastrophes.

« Ce pays est ton pays, ce pays est mon pays »

Le moment qu’on vit aux USA remet au goût du jour l’une des chansons les plus connues du singer antiraciste et antifasciste Woody Guthrie, This Land Is Your Land. Ecrite durant la dépression des années trente, elle commence par ces vers :

Ce pays est ton pays, ce pays est mon pays

De la Californie à l’île de New York

De la forêt de séquoias aux eaux du Gulf Stream

Ce pays a été fait pour toi et moi.

Effectivement ! De quel droit le pétrole, le charbon, l’eau, les richesses du sous-sol de ce pays – et du monde – sont elles la propriété d’une poignée d’exploiteurs pour qui seul le profit compte au mépris des gens et de la planète ? Aujourd’hui c’est le désastre du Golfe du Mexique, un désastre qui n’est pas qu’un simple accident mais qui résulte d’une féroce chasse aux profits. Hier, c’était l’explosion de la mine.

Mais ces horreurs n’ont rien d’inévitable. Les ressources naturelles nous appartiennent, à nous tous. Il faut les soumettre au contrôle de la population, de manière aussi démocratique que possible. Et elles pourront être utilisées de la manière la plus rationnelle, tant pour les humains que pour la nature.

Ce n’est pas le gouvernement capitaliste d’Obama ni son parti qui vont s’en charger. C’est seulement un mouvement populaire fait par ceux qui n’ont aucun intérêt dans le régime de propriété privée, les travailleurs, qui pourra populariser, exiger et imposer une telle politique.

Il avait raison, Woody Guthrie, ce pays – et cette planète – a été fait pour toi et moi. A nous de nous le réapproprier !

Keith Mann

MANN Keith


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