Les affaires s’accumulent contre Eric Woerth

vendredi 2 juillet 2010.
 

Depuis la révélation, par Mediapart, des enregistrements clandestins des conversations de Liliane Bettencourt, héritière L’Oréal, qui révèle des liens entre l’ancien ministre du Budget, Eric Woerth, sa femme, et la milliardaire, de nouveaux éléments mettent à mal la défense du ministre. Malgré le tir de barrage médiatique du gouvernement et de l’Elysée, la situation du ministre du Travail semble chaque jour plus compromise.

La première affaire éclate le 16 juin. Le site Mediapart révèle l’existence d’enregistrements pirates réalisés entre mai 2009 et mai 2010 par un maître d’hôtel de Liliane Bettencourt. Dans ces enregistrements, plusieurs noms d’hommes politiques sont cités. Mais l’un d’eux revient régulièrement : celui d’Eric Woerth, alors ministre du budget.

On entend Patrice de Maistre, l’homme de confiance de l’héritière, qui gère sa fortune, faire allusion au ministre, qu’il qualifie d’"ami". Il évoque également son épouse, Florence Woerth, employée depuis 2007 au sein de Clymène, la holding qui gère les intérêts de Liliane Bettencourt.

Le fait pour une conseillère fiscale d’avoir un époux qui fut ministre du Budget, en charge de l’administration fiscale, peut prêter le flanc aux critiques. Une fois l’affaire révélée, Florence Woerth à quitté son poste au service des intérêts de Liliane Bettencourt pour un poste au conseil d’administration d’Hermès.

Trésorier de l’UMP et chantre de la transparence fiscale.

Les bandes enregistrées livrent également d’autres informations : le nom du chef de l’Etat et de son conseiller à la justice, Patrick Ouart (qui a depuis quitté l’Elysée) y est évoqué, ainsi que leur influence supposée sur la procédure judiciaire en cours.

On y entend Patrice de Maistre faire signer à Liliane Bettencourt trois chèques de dons, à la campagne de Valérie Pécresse en Ile-de-France, mais aussi à Nicolas Sarkozy et à Eric Woerth, qui cumule alors ses fonctions de ministre du budget avec celles de trésorier de l’UMP.

Eric Woerth assure sur ce point "ne pas avoir touché d’argent" de Liliane Bettencourt. En revanche, les dons à des partis politiques, "c’est tout à fait possible, la loi le permet", a-t-il ajouté.

L’affaire poursuit néanmoins sa montée en puissance médiatique. Les conseils de Liliane Bettencourt reconnaissent l’existence de comptes en Suisse. L’ancien ministre du Budget était-il informé ? Eric Woerth dément en bloc : il dénonce des accusations "fausses" et "scandaleuses". Une posture mise à mal par les révélations de Phillipe Courroye, procureur de Nanterre.

Le parquet de Nanterre s’en mêle.

Vendredi 25 juin, c’était au tour du parquet de Paris de casser la défense d’Eric Woerth. L’ancien ministre du budget, chantre de la lutte contre l’évasion fiscale, assurait donc tout ignorer des comptes suisses de Mme Bettencourt. "Je n’ai aucune information sur une quelconque évasion fiscale" déclarait-il le 20 juin dernier dans Le Journal du Dimanche.

Deux jours plus tard, le ministre est à nouveau sur le gril devant les parlementaires. Interrogé dans l’hémicycle, pour savoir si Liliane Bettencourt faisait partie ou non de la liste des exilés fiscaux obtenue par Bercy, le ministre a botté en touche, expliquant : "Je ne peux pas répondre à cette question, car le secret fiscal vaut."

La vérité viendra d’un communiqué du procureur de Nanterre, Philippe Courroye, souvent accusé de soumission à l’égard du pouvoir et de Nicolas Sarkozy. L’administration fiscale savait dès janvier 2009. "L’intégralité des éléments de la procédure et des scellés confectionnés dans ce cadre était à la disposition de l’administration des impôts." révèle le procureur.

En désignant l’administration comme responsable du silence sur les présomptions de fraude fiscale de Liliane Bettencourt, M. Courroye a désigné indirectement celui qui à l’époque en avait la tutelle : le ministre du budget, Eric Woerth.

En guise de tentative d’épiloque, le nouveau ministre du budget, François Baroin, a annoncé dimanche 27 juin, sur Europe 1, que l’administration fiscale allait examiner les comptes bancaires suisses de Liliane Bettencourt et les éléments de fortune qu’elle pourrait détenir à l’étranger.

Après Bettencourt, l’héritier Peugeot.

La coupe semble pleine pour le ministre du Travail. Pourtant, une nouvelle affaire, qui fait suite à la longue liste déroulée tout au long des deux semaines précédentes, a été révélée par "Le Journal du Dimanche" du 27 juin : M. Woerth a dîné avec un autre grand héritier également soucieux de la gestion de son capital. Il s’agit cette fois de Robert Peugeot, à la tête du groupe automobile Peugeot, après que ce dernier a été cambriolé, en décembre 2009.

Aux alentours de Noël, Robert Peugeot est donc victime d’un "monte-en-l’air".

"Le montant du vol, sur la base de sa déclaration initiale, a d’abord été estimé à 500 000 euros… puis aujourd’hui à 150 000 euros", rapporte le JDD, qui explique que M. Peugeot est "déjà sous le coup d’un litige fiscal" et qu’il craint "une enquête sur l’origine de son or".

Quelques jours après le cambriolage, le ministre du Budget et l’héritier Peugeot dînent dans un restaurant de la capitale. Le préjudice est ramené à 150 000 euros, en conformité avec l’impôt sur la fortune que paie Robert Peugeot.

En guise de défense, Eric Woerth dénonce des "amalgames, des insinuations absolument scandaleux". Robert Peugeot pour sa part s’estime"totalement clair" sur sa situation fiscale, démentant l’existence de tout litige.

Sans donner plus d’éclaircissements sur les nombreuses questions en suspens dans les affaires Woerth, l’UMP a dénoncé, lundi 28 juin, par la voix de Xavier Bertrand, secrétaire général du parti présidentiel, une campagne de "harcèlement" et la "chasse à l’homme" menée par le Parti socialiste.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message