En meeting à la Mutualité, le NPA veut « un Parti anticapitaliste européen »

lundi 21 juin 2010.
 

Plusieurs formations de la gauche radicale européenne, principalement de tradition trotskyste, se sont rencontré lors d’un meeting commun à la Mutualité le 15 juin 2010. Après y avoir débattu de la crise économique et de la responsabilité du patronat, des cercles financiers et des hommes politiques tous bords confondus, l’accent a été mis sur la construction d’un front européen, large et uni, de résistances.

Tout est parti d’une déclaration commune d’organisations européennes, que signait en mai le NPA, et qui devrait se poursuivre dans la même dynamique jusqu’en septembre. Les intervenants grec, portugais, espagnol, britannique, irlandais, allemand, ont tous insisté sur la nécessité de faire converger les réponses aux plans d’austérité, dans les luttes et les mobilisations, notamment autour d’une grève générale. La crise financière ayant un coût social, les plans d’austérité permettraient de casser les acquis, de décrédibliser la gauche sociale-démocrate, et viseraient à couper court à tous les espoirs de victoire sociale. Pour cela, le NPA revendique ne servir qu’un objectif : la réalisation d’une Europe socialiste, l’ultime rêve du communisme, tâches assignées à un futur et attendu parti anticapitaliste européen.

« Ce n’est pas à nous de payer leur crise », lançaient, ensemble, les formations de la gauche de la gauche. Dans un Palais de la Mutualité peu rempli, le NPA accueillait d’autres formations, sœurs de la sienne, pour pointer la responsabilité des hommes d’Etat, aux ordres des marchés, ayant construit l’Union européenne sur le dos des peuples. Le délégué du Bloc de gauche (Portugal), définit deux phases aux cours desquelles il aura fallu sauver les banques, puis les dettes des Etats. C’est à dire les banques une deuxième fois. Au delà des simples responsabilités politiques actuelles, « des comptables et des huissiers » (Olivier Besancenot), ou des individualités que pourraient représenter un Sarkozy, un Papandréou ou une Merkel, c’est toute l’Europe des profits qui est pointée du doigt. Tout est dû au système capitaliste, « schizophrène et contradictoire ». Le capitalisme aurait « dans son code génétique » ce genre de crises, une fois atteinte la limite de « surproduction ». Dans le même temps, les européens se rendraient compte que la crise n’est rien d’autre qu’une lutte des classes, et la démocratie libérale un déguisement au service de la minorité des puissants.

Le langage marxiste et la rhétorique de la lutte des classes a été particulièrement utilisé tout au long des interventions pour restaurer la légitimité révolutionnaire : « c’est nous, les marxistes ! » lança Olivier Besancenot. Une offensive « culturelle » aussi comme le résumait le porte parole du Bloc de Gauche portugais Miguel Portas, dans l’idée de « convaincre ». Représentant le Socialist Party irlandais - de tradition trotskyste - le député européen Joe Higgins développait un programme de sortie du capitalisme, « d’instauration du socialisme », de « nationalisations sous contrôle des travailleurs » et de « planification […] démocratique ». Les luttes sociales formeraient le moyen du renversement du rapport de force, elles seraient donc un élément constitutif de cette gauche, avec comme idée le rapprochement dans le calendrier des grèves générales pour la construction d’un mouvement européen. Les plans d’austérité tombant les uns après les autres, l’ensemble des pays seraient concernés et les gauches radicales ont donc argumenté pour une autre Europe, socialiste, une Europe des peuples, à opposer à une Europe du capital, de la finance et des intérêts privés d’une minorité.

Les centres gauche, de type PS, sociaux-démocrates et réformistes libéraux, sont présentés comme de faux compagnons. Une véritable rupture est invoquée avec eux. Ils laisseraient en effet un vide à gauche du fait qu’il assisteraient impuissant à la liquidation de leurs programmes. Le pire étant, selon les orateurs, que les mêmes socialistes soient aux commandes. Le représentant d’Izquierda Anticapitalista, M. Crespo, a remis en cause le gouvernement espagnol (PSOE) “qui continue de s’appeler socialiste et ouvrier alors qu’il propose des réformes drastiques”. Tous ont à la bouche le nom du directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn, un responsable socialiste. L’exemple grec illustre bien sûr la situation générale économique : un pays endetté, un gouvernement obligé de recourir à des emprunts européens consentis du bout des doigts, le tout sous les ordres du FMI et en espérant que les marchés valident ces politiques. Pour faire payer le tout, le gouvernement grec rogne dans la fonction publique, gèle les salaires, diminue les pensions. Un gouvernement qui, en somme, évacuerait le programme social-démocrate de l’Etat-providence. Tassos Anastasios de la SYRIZA , la coalition grecque, démontrait ainsi que Papandréou avait été élu sur des promesses de hausses des salaires par rapport à l’inflation, en octobre 2009, c’est-à-dire un réformiste social classique. Mais quelques mois plus tard, devenir selon les cousins grecs du NPA père la rigueur et tailler dans les revenus de ceux qui ont probablement voté pour lui, ne lui posait aucun problème. La gauche sociale-démocrate serait donc illégitime, défaite, incapable, et qui plus est complice du système accusé puisque ce serait elle, en Grèce, ou en Espagne, qui met en place les plans de rigueur. Et Joe Higgins, du parti socialiste irlandais, de constater qu’il existe « un vide à gauche, que la gauche anticapitaliste doit occuper ». L’enjeu, derrière la rupture avec les partis socialistes libéraux, c’est en filigrane d’occuper le terrain.

En effet, beaucoup ont argumenté sur la nécessité de construire par en bas la solidarité, à commencer par Thomas Sommer, présent sur la flottille pour Gaza, en ouverture du meeting. Présentant une communauté internationale resté impuissante, il souligna qu’aucun Etat ne s’était levé pour protester contre ce qu’il qualifie d’apartheid imposé par Israël. Alors à cet instant, les peuples avaient dû, selon lui, prendre eux-même les choses en main. « [Le] mouvement durera jusqu’à ce que Gaza soit libre et la Palestine unie » lança-t-il en conclusion.

La conclusion d’Olivier Besancenot fut explicite. La construction d’un parti sinon d’un mouvement anticapitaliste européen nécessiterait la reconstruction des mouvements ouvriers en Europe, « en dépassant le stalinisme et pour retrouver la crédibilité ». Et malgré des discours très similaires, les modalités de cette reconstruction, qui anime la gauche depuis quelques années, diffère selon les intervenants européens. Pour le Socialist Worker Party britannique, Die Linke en Allemagne ou, dans une moindre mesure, la coalition grecque, l’unité nationale prime pour reconfigurer la gauche radicale. Il faut, pour Chris Bambery du SWP, « accepter des alliances avec ceux qui ne partagent pas toutes nos orientations politiques ». Miguel Portas insistait à propos de la bataille sur la fiscalité, sur la nécessité de travailler aux alternatives au capitalisme, et la principale réponse à l’inégalité induite par rapport aux salaires du capital financier, devaient se trouver dans une « large unité sur tous les fronts ».

Les frontières de la gauche radicale bien définie par une rupture avec les partis sociaux-démocrates - ou sociaux-libéraux, l’adhésion à l’anticapitalisme et à l’écologisme, indiscutablement liés, permettraient d’identifier les acteurs de ce « mouvement ouvrier à reconstruire ». Pour le NPA, Sandra Demarcq ou Olivier Besancenot sont restés muets sur ses partenaires à gauche. Dans sa volonté de construction européenne, le NPA, qui se rêve « section française d’un parti anticapitaliste européen », oublie l’unité en France et préfère l’unité ailleurs. Celle-ci est pourtant souhaitée dans ses rangs notamment par le courant « Convergences et Alternatives », une autre orientation qui voudrait sortir de « l’isolationnisme » du NPA ; et qui cherche en effet à s’exprimer, notamment en vue du prochain congrès de novembre. Cette unité est aussi appelée par certains de ses invités au meeting européen. Mais le porte-parole du NPA n’aura pas un mot pour eux. En feignant de regarder vers les camarades européens, il esquivera finalement toute adresse aux composantes de la gauche radicale française, à commencer par le Front de Gauche. Le NPA chercherait-il à faire la course pour être l’unique représentant de cette gauche radicale en France ? Mais aux yeux de qui ?… Difficile de croire que ce soit aux yeux des électeurs.

2) Besancenot et des anticapitalistes européens cherchent à s’unir face à la crise

Plusieurs membres de partis anticapitalistes européens, dont Olivier Besancenot (NPA), se sont réunis mardi pour "témoigner des résistances" aux plans d’austérité des gouvernements de l’UE, avec l’idée de créer une "gauche anticapitaliste européenne". "On veut avancer dans la construction d’une gauche anticapitaliste européenne", a déclaré à la presse M. Besancenot avant un meeting anticapitaliste européen à La Mutualité, réunissant six autres responsables européens.

Une nouvelle conférence de ces partis pourrait ainsi se tenir en septembre ou octobre, a-t-il ajouté, espérant alors réussir à rendre "plus visible" la future formation avec notamment des "campagnes communes sur les salaires, le services publics, la répartition des richesses", voire un logo ou un porte-parole communs.

Le meeting de mardi était destiné à "témoigner des résistances et mobilisations par rapport aux différents plans d’austérité" et à montrer qu’une "gauche de résistance anticapitaliste fait des propositions" partout en Europe, a dit Anne Leclerc (NPA).

Avant le meeting, Tassos Anastasios de la coalition grecque Antarsya, a fustigé le gouvernement Papandreou qui avait "promis des augmentations de salaires supérieurs à l’inflation" pendant sa campagne et aujourd’hui "bloque et baisse les salaires".

Miguel Crespo (Izquierda anticapitalista) a ironisé sur le gouvernement espagnol (PSOE) "qui continue de s’appeler socialiste et ouvrier alors qu’il propose des réformes drastiques".

"Nous n’avons pas à payer pour cette crise", "il faut pointer les vrais coupables", non "des boucs émissaires" comme les travailleurs immigrés", a fait valoir Chris Bambery (SWP anglais). Et "ne pas permettre aux requins de la finance de s’attaquer aux classes ouvrières", a renchéri Joe Higgin (eurodéputé irlandais) qui appelle à une semaine de mobilisation du 21 au 28 juin.

Pour Andrej Hunko (député Die Linke en Allemagne), il s’agit d’"organiser les résistances et reconstruire la gauche".

Tous disent espérer une "grève générale" fin septembre dans toute l’Europe.

Mais "ça ne se décrète pas", c’est une proposition qu’on amène dans les forums, les réunions, ce serait une vraie nouveauté", selon M. Besancenot qui veut montrer que les anticapitalistes ont "des solutions alternatives pour la construction d’une autre Europe".

Source : AFP


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