Pour une paix juste et durable au Proche-Orient (par le Conseil National de PRS)

dimanche 26 novembre 2006.
 

Texte débattu au Conseil national de PRS les 24 et 25 novembre 2006.

Après les espoirs de paix des années 90, le peuple palestinien est aujourd’hui plongé dans une situation dramatique, qui se dégrade de jour en jour. Aucun des engagements pris par l’Etat d’Israël n’a été respecté. Au contraire, la colonisation se développe : 200 000 colons au moment d’Oslo, 400 000 aujourd’hui.

Jérusalem-Est, qui devait, selon le droit international, devenir la capitale du futur Etat palestinien est totalement isolée du reste des territoires palestiniens par une barrière de colonies israéliennes.

Sous prétexte de sécurité, Ariel Sharon a fait construire un mur qui annexe une grande partie de la Cisjordanie, qui sépare des Palestiniens de leurs champs, de leurs écoles, de leurs hôpitaux. La construction de ce mur, condamnée par la Cour Internationale de Justice de La Haye, par l’Assemblée générale des Nations Unies, continue sous le gouvernement Olmert qui brave impunément la communauté internationale, avec le soutien inconditionnel de l’administration Bush.

Israël met ainsi en oeuvre une politique de fait accompli avec le grignotage et le quadrillage progressifs du territoire palestinien au moyen de colonies de peuplement, l’accaparement des terres et des ressources en eau et de l’encerclement de la ville de Jérusalem ; le refus de négocier en vue de la constitution d’un Etat palestinien viable ; la destruction des infrastructures ; l’arrestation de députés et de ministres ; l’élimination des combattants et le harcèlement de la population palestinienne visant à terme au découragement et au départ de cette dernière ; à l’écrasement de toute résistance.

Toute ouverture du côté palestinien se voit systématiquement opposée une provocation d’Israël permettant de tuer dans l’œuf la possibilité d’une sortie négociée au conflit. On avait déjà vu cela sous la seconde intifada. Ce fût à nouveau le cas avec l’offensive contre Gaza qui a débuté le 28 juin dernier, le lendemain d’un événement qui s’annonçait d’une portée exceptionnelle : en signant un document d’"entente nationale" commun aux principales forces politiques palestiniennes, le Hamas reconnaissait pour la première fois implicitement l’existence d’Israël. Pour Israël, "il n’y a pas d’interlocuteur", pour des négociations, ni le Hamas aujourd’hui, ni l’OLP, laïque,hier. Rappelons-nous l’enfermement de Yasser Arafat, dans une Mouquata à moitié détruite jusqu’à sa mort Cette politique de fait accompli vise à rendre de plus en plus difficile toute perspective de retour en arrière et de négociation équilibrée entre israéliens et palestiniens.

La politique israélienne ne peut être comprise sans le soutien inconditionnel que lui apportent les Etats-Unis. Pour ces derniers, le renforcement de l’Etat d’Israël s’inscrit dans le cadre d’une stratégie régionale visant le contrôle économique, politique et militaire de l’ensemble de la région, laquelle constitue pour eux un enjeu stratégique majeur du fait de ses réserves pétrolières.

Comment cette impunité totale de l’Etat d’Israël, qui viole depuis 50 ans toutes les résolutions de l’ONU, ce sentiment du "deux poids, deux mesures", pourrait-elle ne pas engendrer révolte et indignation dans l’ensemble du monde arabe, et bien au-delà ? Comment pourrait-elle ne pas ancrer dans les esprits qu’il s’agit d’un "choc des civilisations" Les Etats-Unis et Israël ont tout intérêt, à ce que ce conflit prenne les allures d’une guerre de civilisation et de religion, contre un Islam radical, intolérant et violent. C’est pourquoi, afin d’affaiblir l’O.L.P., organisation à caractère laïque et progressiste, Israël encouragea au cours des dernières décennies le développement des courants religieux islamiques, de la même façon que les Etats-Unis le firent à plus grande échelle dans le monde arabe de façon à faire contre-poids aux forces progressistes et nationalistes arabes.

Quant à la France, elle a laissé l’Europe s’aligner derrière les injonctions israélo-américaines de boycottage du Hamas palestinien élu, au risque d’affamer les populations, au risque aussi de générer le chaos, qui peut se transformer en guerre civile.

Il est pourtant fondamental que l’Europe ne se laisse pas entraîner par l’administration nord-américaine dans cette logique de "choc des civilisations". De ce point de vue, l’élection, en France, d’un président de la République atlantiste et totalement aligné sur les positions des Etats-Unis, comme Nicolas Sarkosy, serait dramatique.

La résolution de ce conflit est un enjeu majeur, non seulement pour Palestiniens et Israéliens, non seulement pour la région, qui risque à chaque instant de s’embraser de nouveau ( cf déclaration d’Amir Peretz : "Mon impression est que la guerre pourrait reprendre d’ici trois ou quatre mois") mais pour l’ensemble de la planète, parce qu’il s’agit de Droit et de Justice, parce que c’est le seul moyen d’éradiquer un islamisme socialement et politiquement réactionnaire.

Les forces socialistes, laïques démocratiques, doivent affirmer clairement :

Nous sommes solidaires du peuple palestinien dans son combat pour :

- l’évacuation des territoires occupés par Israël depuis 1967 ;

- le démantèlement de toutes les colonies de peuplement ;

- le droit au retour des réfugiés ;

- la reconnaissance du droit du peuple palestinien à disposer d’un Etat souverain, en Cisjordanie et à Gaza, avec Jérusalem-est pour capitale

Dans l’immédiat, nous exigeons de l’Europe

- qu’elle rétablisse l’aide financière aux Palestiniens

- qu’elle contribue à l’organisation d’une conférence internationale, pour le règlement du conflit, conformément aux résolutions de l’ONU

- qu’elle respecte la résolution de son parlement, du 10 avril 2 002, demandant à la Commission et au Conseil de suspendre l’accord d’association Israël-Union européenne, pour violation de son article deux, relatif aux droits de l’Homme.

Il y a une grande indignation, dans le peuple de gauche, face à cette injustice qui dure depuis des décennies. Répondons positivement, en contribuant à l’unité de toutes ses forces, politiques, syndicales, associatives, en contribuant aussi à éclairer les citoyens sur l’histoire et les enjeux de ce conflit.


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