L’économie et la mondialisation capitalistes aux limites de l’écosystème

mardi 6 juillet 2010.
 

En France, les questions sociales et écologiques ont longtemps été dissociées, le mouvement ouvrier, partis et syndicats, s’intéressant à la critique du système capitaliste et à ses conséquences sociales, tandis que les questions écologiques étaient considérées comme des problèmes de bien-être, de riches, voire de babas cool. Aujourd’hui encore, à chaque nouvelle crise du système capitaliste, la gauche se concentre sur la relance de l’économie, oubliant toutes les exigences écologiques, et pensant ainsi sauver le social.

Un point de rapprochement paraît pourtant évident entre social et écologie : le système capitaliste est aussi destructeur pour les sociétés et les populations que pour l’environnement.

Marx l’avait déjà analysé dans ses Principes : l’extension continue de la sphère de circulation du capital donne non seulement naissance à des marchés toujours plus larges jusqu’à devenir mondiaux, mais également à la recherche dans la nature de toutes les propriétés vendables. Dans la mondialisation capitaliste, tout se vend : bois tropicaux, terres, organismes génétiquement modifiés et carbone. Les accords de libre-échange de l’OMC ou de l’Union européenne contraignent les pays en développement à commercialiser toutes leurs ressources naturelles, même les plus protégées comme les forêts primaires. La destruction systématique des services publics dans nos pays engendre des dégâts écologiques considérables : à l’été 2009, EDF a augmenté très fortement les tarifs des plus petits consommateurs et baissé ceux des autres, encourageant la surconsommation d’énergie ; la SNCF ferme ses lignes non rentables et La Poste ses bureaux dans les territoires ruraux, condamnant ceux-ci à la désertification et obligeant les habitants à utiliser leurs voitures.

Dès lors, le combat pour un dépassement du système capitaliste revêt une dimension tant sociale qu’écologique. Cependant, il ne suffira pas de dépasser ce système pour retrouver un équilibre écologique. Ainsi, les sociétés ont de tout temps été confrontées à la gestion de leur écosystème, et de très nombreuses n’ont pas réussi (Mayas, Aborigènes... ou URSS).

Au-delà des luttes pour un dépassement du capitalisme, nous devons donc également nous poser la question de notre rapport à la nature. En Europe, la tradition grecque mais également l’influence judéo-chrétienne nous amènent à considérer cette dernière comme extérieure à nous et pouvant être maîtrisée, dominée, exploitée. Avec leur déclaration des droits de la « Terre-mère » adoptée à Cochabamba, nos camarades boliviens nous proposent une vision radicalement inverse, qui doit nous interroger.

Nous devons également démonter le moteur productiviste de notre système économique en cessant de courir derrière la croissance à tout prix, et en nous interrogeant sur « quelle production, pour qui, pour quoi et comment ».

Cela n’ira pas sans poser des problèmes concrets pour organiser la transition de nos appareils productifs et nécessitera un fort dialogue avec les syndicats, encore peu préparés à affronter la nécessaire décroissance de certains secteurs économiques (comme le secteur pétrolier, par exemple).

Cela interrogera également le nouvel horizon d’égalité que la gauche veut proposer, moins consommateur d’énergie, de matières premières et d’espace. Inventer une « sobriété heureuse » est sans doute le pari le plus difficile, notamment en ces temps d’austérité libérale imposée par les gouvernements européens. Cela passe par une bataille culturelle pour décoloniser notre imaginaire de l’envie de consommation morbide à laquelle nous pousse le système capitaliste. Cela passe aussi et surtout par une répartition massive des richesses, reposant sur une nouvelle réduction du temps de travail, la hausse des salaires et minimas sociaux, et la mise en place d’un revenu maximum pour que le mode de consommation ostentatoire des plus riches cesse de tirer tout le monde dans le toujours plus.


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