Pourquoi le combat contre le capitalisme financier et ses ravages passe aujourd’hui par le soutien à la candidature de Laurent Fabius pour les socialistes, ici et maintenant......pour la France demain ?

mercredi 15 novembre 2006.
 

La capitalisme a franchi une nouvelle étape dans son évolution vers la barbarie : c’est le capitalisme financier. Aujourd’hui, l’objectif des fonds d’investissement institutionnels, dont les fonds de pension anglo-saxons qui sont une machinerie démoniaque utilisant les économies des salariés pour détruire le salariat, est un taux de profit de 15%. On a même vu apparaître de nouveaux fonds, les Hedge Funds (fonds spéculatifs), qui poussent encore plus loin les exigences de rentabilité, et donc les destructions et nuisances qui en découlent. La production de biens et marchandises n’est plus du tout leur objectif, ce n’est même plus un intermédiaire nécessaire pour la production de profit.

Pour atteindre ces taux, il faut détruire toute la machine industrielle, délocaliser la production dans des pays où le coût du travail est le plus bas parce que les travailleurs sont peu payés, n’ont aucun droit social ni aucune garantie, pas de retraite, où l’on fait travailler les enfants. Mais qui ne voit que ceci ne peut avoir d’autre issue que l’accroissement accéléré de la paupérisation dans nos propres pays, l’enrichissement de minces couches dans les pays concernés au détriment des plus grandes parties de la population, l’accroissement de la paupérisation globale ?

Joseph Spiglitz, prix Nobel d’économie, ancien conseiller de Bill Clinton, vice-président et économiste en chef de la Banque mondiale, fait partie de ces esprits qui voient arriver le désastre d’un système que pourtant il a longtemps défendu. Ce qu’il analyse très bien dans un ouvrage au titre explicite : "Quand le Capitalisme perd la tête". Il attribue à cette évolution accélérée vers le capitalisme financier deux causes principales :

1 - Des choix politiques idéologiques, relevant du credo libéral. Notons ici que les plus nuisibles dans ce domaine sont les dirigeants européens, en particulier la commission européenne. La politique consistant à libéraliser sans limites, détruire toutes les protections douanières, et fixer à la Banque Européenne le seul objectif de la stabilité monétaire est criminelle. C’est le credo libéral, dont le dernier avatar est la grande panne d’électricité européenne. Il faut extirper du pouvoir en Europe les porteurs de cette politique, qui ont concentré tout leur venin dans le projet de constitution européenne qui prétendait instaurer comme objectif de l’union le principe de concurrence libre et non faussée- ce qui réduit à néant le rôle de l’Etat et des services publics, qui ne font que fausser la concurrence- et interdire toute harmonisation sociale et fiscale. En tête de ces adversaires se trouve hélas Tony Blair. Il faut être clair là-dessus : notre combat nous oppose à Blair et tous ses partisans, tous ceux qui s’en inspirent.

2 - La baisse du coût des transports. Nous ne discuterons pas ce point ici, mais il y a là matière à agir dans le combat effectif contre les délocalisations.

Le capitalisme financier, c’est une action de destruction massive des droits des travailleurs, de leurs conditions d’existence, et de l’environnement, de la planète tout entière. Le coeur de la politique alternative, c’est de renforcer le rôle de l’Etat contre les lois anarchiques du marché. Le capitalisme financier, voilà l’adversaire à abattre. Tel est, pour nous, l’enjeu du combat politique aujourd’hui. Combat qui comprend le combat électoral, ainsi que l’activité dans le mouvement de résistance des travailleurs et jeunes de ce pays, comme le combat contre le CPE ou le combat pour préserver des retraites dignes, le combat syndical indépendant de façon plus générale. Et il y a contradiction entre syndicalisme indépendant et syndicalisation obligatoire. C’est cet objectif qui nous a conduits à mener campagne pour le NON au projet de constitution européenne. Dans cette opération, on nous demandait d’approuver la politique libérale criminelle du pouvoir européen, laquelle constitue la cause première de la crise présente, ce que les français ont bien compris et la majorité de nos électeurs aussi, malgré l’extraordinaire matraquage des médias et l’appel à voter OUI des deux grands partis de gouvernement.

Dans toutes les dimensions de ce combat, nous devons être porteurs d’une véritable alternative, d’une autre politique, avec une vision à long terme. Faute de quoi les couches les plus désespérées de la population se tourneront vers d’autres propositions, même si elles sont illusoires ou carrément dangereuses. Cela a déjà été le cas le 21 avril 2002. Si nous ne le comprenons pas, ce sera le même mouvement encore amplifié en 2007. Ce ne sont pas des petits coups médiatiques inconséquents, dangereux, et tournant le dos à la tradition de notre parti qui répondront à ces attentes, quoi qu’essaient de faire croire par une vaste campagne de manipulation d’opinion, les médias aux mains des puissances financières. Que vont penser les enseignants et leurs syndicats de la proposition de Mme Royal que les chefs d’établissement choisissent leurs personnels ? Et que les enseignants restent 35 heures dans des établissements où il n’y a même pas de bureau pour les accueillir ?

L’ennemi, ce n’est pas seulement un homme, aussi dangereux soit-il. L’ennemi, c’est une politique. Il faut combattre cette politique, et tous ceux qui la portent. Il ne s’agit pas de remplacer un homme nuisible par une femme qui risque de l’être tout autant, il s’agit d’ouvrir une autre voie, une alternative.

Au vu des textes et des discours des candidats à la candidature, seul Laurent Fabius semble clair dans cette perspective. Nous devons bien dire qu’il y a seulement 3 ans, jamais nous n’aurions envisagé de soutenir un jour Laurent Fabius. Mais, face à la crainte du populisme de Mme Royal qui peut déboucher sur n’importe quelle aventure tant est absente de son discours l’analyse politique et omniprésente la puissance des médias, et au social libéralisme que représente Dominique Strauss-Kahn (mais lui au moins est clair et a une vraie pensée politique), la seule possibilité qui reste est le vote Laurent Fabius.

Les propositions de DSK ne sont pas à la hauteur de ce qui est nécessaire pour s’opposer à la destruction de ce capitalisme financier qui s’accélère, parce qu’il faut de façon urgente repositionner l’équilibre capital travail qui a vu le capital gagner 10% de part du gâteau national au cours des 20 dernières années, parce que la sauvegarde de l’environnement exige une réponse bien plus complète que le sempiternel "il faut plus de croissance sinon rien de ce que nous disons ne sera possible". Arrêtons-nous un instant : l’environnement, c’est une réalité bien concrète, c’est la survie de nos enfants et petits enfants, regardez ce qu’il sont en train de faire de notre planète. Parce qu’il faut renforcer le rôle de l’Etat, seul levier de contrôle, même si ce ne sera pas suffisant et s’il faudra aussi s’appuyer sur la mobilisation des travailleurs et des couches exploitées pour faire bouger les lignes, parce qu’il est impossible d’aménager par des amendements sociaux le capitalisme financier. Il ne sera pas d’accord pour céder, et de toutes façons le système ne lui permet même pas d’avoir le choix, de sorte qu’aucune conférence ne parviendra à obtenir de lui qu’il renonce à ses avantages et à son pouvoir : il faut le combattre frontalement et le prendre à la gorge car il mène tout simplement à la barbarie et à la destruction de l’humanité.

Nous voudrions ajouter que, pour nous, ce choix n’est pas pour autant un simple choix négatif, même si nous ne sommes pas certains de ce que sera la posture du candidat s’il est élu. Depuis son combat pour le NON au referendum, (au fait, la fervente adepte de la démocratie participative dont l’opinion en toutes choses est "celle des français", en tire-t-elle la conclusion qu’elle est maintenant une grande adversaire du projet de constitution européenne, qu’elle a eu tord d’appeler à voter oui, que c’était de sa part une grave erreur ? Nous attendons une autocritique), la position de Laurent Fabius est claire et constante. Si l’on a écouté les discours de Clermont, il est le seul a avoir bâti ses perspectives sur une véritable analyse politique, à proposer un vrai projet à long terme, à proposer une véritable alternative. Et il y a encore un point essentiel : il place clairement la laïcité au coeur de ses préoccupations.

Ce qu’il dit, le fera-t-il ensuite ? Et bien là camarades, c’est à nous de jouer. Notre vote n’est pas simplement un vote : c’est un engagement pour une bataille politique qui sera rude. Qui peut penser qu’il en soit autrement si l’on veut vraiment changer les choses ? Il faudra lui rappeler, il faudra que le parti soit un aiguillon et non une chambre d’enregistrement (ceci quel que soit l’élu d’ailleurs, mais si c’est Ségolène Royal et au vu de ses positions, nous serions tentés de dire que le parti sera en bien mauvais état, et probablement ne s’en remettra pas, en tous cas pas sous sa forme actuelle), il faudra continuer à combattre sur tous les terrains.

Après le choix de novembre, le combat contre le capitalisme financier sera poursuivi. Car c’est bien là l’objectif essentiel, qu’il ne faut pas tuer par des considérations conjoncturelles. A ce moment, tous les combattants anti-libéraux devront définir la meilleure stratégie pour poursuivre leur combat, en fonction du choix interne du parti socialiste, et aussi des choix qui seront faits ailleurs, car nous ne sommes pas autistes : nous ne pouvons gagner contre la puissance du capitalisme financier qu’en associant l’ensemble des forces qui s’opposent à lui, sans nous laisser détourner par des considérations secondaires relevant de la défense d’intérêts personnels de carrière qui, hélas, pèsent d’un poids écrasant sur le débat politique.

par Forces Militantes pour la démocratie et le socialisme.


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