Strauss-Kahn, Aubry et l’allongement de l’âge de départ en retraite. Pour ? Contre ? Il faut savoir

dimanche 6 juin 2010.
 

Ainsi Dominique Strauss-Kahn est favorable à l’allongement de l’âge de départ en retraite. Est-ce une surprise ? Non. C’est ce qu’il vient d’imposer à la Grèce et ce que la social-démocratie met en place partout en Europe. Nous savons que sa pensée n’est pas socialiste. Sur la crise du capitalisme et la question du progrès social, elle ne diffère pas fondamentalement de celle de la droite. Or la retraite, au confluent de ces deux questions, est le cœur d’une double offensive pour faire payer la crise à la protection sociale et faire tourner à l’envers l’horloge du progrès social.

Ce qui est plus surprenant est la réaction de Martine Aubry. La première secrétaire du PS aurait pu dire tranquillement que la position unanime du BN du PS n’est pas celle émise par Strauss-Kahn. Elle aurait ainsi utilement signalé à l’opinion que son parti ne prône pas la même politique que celle défendue par le directeur du FMI, lequel n’en est pas à son premier encouragement aux réformes de Sarkozy. Cela lui aurait donné de surcroît l’occasion de se présenter en alternative à la politique d’austérité menée par la droite et de laisser espérer qu’elle aurait au pouvoir une autre orientation face à la crise. Elle a prétendu au contraire n’avoir aucune divergence avec Strauss-Kahn, expliquant avec Hamon, sur l’air de la semaine des 4 jeudis, que ses propos visaient le jour où les Français vivraient 100 ans. A l’évidence elle aura du mal à faire passer le patron du FMI pour un auteur de science-fiction. Elle risque bien plus probablement de jeter le doute sur sa propre position au moment où elle promet d’abroger le report de l’âge légal en cas de victoire en 2012.

Comment expliquer alors sa prise de position ? S’agit-il d’un gage donné aux cercles dominants qui dénoncent déjà le gauchissement de sa ligne ? A l’appui de cette hypothèse citons la réaction lamentable -mais non désavouée- de la responsable nationale du PS aux retraites. Réagissant aux propos de Woerth (Aubry se « mélenchonise »), celle-ci, au lieu de se réjouir du rapprochement des positions au sein de la gauche, a estimé qu’il s’agissait d’une injure, piétinant le respect mutuel qui doit prévaloir à gauche. Entre l’unité de la gauche et les vivats des éditorialistes du Monde et du Nouvel Observateur, il faut choisir. Strauss-Kahn l’a fait. Mais Aubry ?


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