Mélenchon, le PCF et l’horizon 2012 (revue de presse)

dimanche 6 juin 2010.
 

1) Mélenchon se rêve « en tête de toute la gauche » en 2012

« Je préfère que Martine Aubry se mélenchonise plutôt qu’elle se strauss-kahnise ! » Jean-Luc Mélenchon, présent au « Talk Orange-Le Figaro », a transformé à sa manière la critique du ministre du Travail, Éric Woerth, pour qui la première secrétaire du PS « se mélenchonise » en adoptant sur la réforme des retraites des positions « de plus en plus à gauche ». Le président du Parti de gauche a même conseillé à Martine Aubry de « tenir bon ». « C’est une devise mitterrandiste », a-t-il tenu à préciser alors qu’hier Nicolas Sarkozy a pointé du doigt la responsabilité directe de François Mitterrand pour avoir baissé l’âge de la retraite de 65 à 60 ans.

« C’est le retour de Nicolas Sarkozy chef de guerre de la droite », a-t-il jugé, en rappelant que « la retraite à 60 ans ça a été des décennies de luttes, de pétitions et de luttes syndicales qui ont abouti en 1981 ». « Le programme commun, a-t-il ajouté en défense de François Mitterrand, a été pour nous, la gauche, le plus grand événement transformateur de la société que nous ayons vécu au XXe siècle ».

« On représente au moins 10 % du corps électoral français »

Au sujet des retraites, le député européen estime que « la seule solution passe par la contribution de tous les revenus du pays, les revenus financiers et les revenus des très riches ». Quant à Dominique Strauss-Kahn, il estime que, «  quand on est Français et de gauche, et qu’on est directeur général du FMI, c’est qu’il y a un problème ». « Si c’est celui-là que les socialistes choisissent comme candidat à la présidentielle, ils vont avoir des problèmes avec nous, l’autre gauche », a-t-il prévenu, en ajoutant : « On représente au moins 10 % du corps électoral français et si on me suit cela fera beaucoup plus. » Le président du Parti de gauche croit même possible que l’autre gauche soit « en tête de toute la gauche comme cela s’est vu dans toute l’Amérique latine ». « 

Cela peut paraître incroyable, a-t-il reconnu, sauf si les événements deviennent tumultueux » du fait de la crise économique.

Pour autant, Mélenchon, allié du PC au sein du Front de gauche, préfère ne pas dire ses ambitions pour 2012. « Si vous me désignez comme candidat, vous allez me faire avoir des problèmes avec les communistes », a-t-il plaisanté en indiquant : « Les communistes veulent prendre leur temps. On va respecter leur rythme mais on aura aussi le nôtre. »

Source : Le Figaro

2) 2012. Le « oui, mais… » du Parti 
de gauche au Parti communiste (L’Humanité)

Tout en affirmant ne pas voir de désaccord « fondamental » sur l’avenir du Front de gauche, le Parti de gauche précise, dans une lettre au PCF, ses conditions pour 2012.

Dans un courrier rendu public, hier, le Parti de gauche (PG) accueille « très positivement » la proposition communiste d’une réunion nationale du Front de gauche (PCF, PG, Gauche unitaire) pour en ouvrir « une nouvelle étape » (lire notre édition du 19 mai). Au nom du PG, François Delapierre et Éric Coquerel, responsables nationaux, disent partager l’analyse du PCF sur l’« élargissement » du Front de gauche et le « paquet électoral », terme employé par le PG pour désigner la proposition de candidats communs aux élections cantonales de 2011 et à la présidentielle et aux législatives de 2012. Deux sujets sur lesquels les formations du Front de gauche ont exprimé des divergences ces dernières semaines. Pour le PG, cependant, il n’existe aucun « point fondamental » de désaccord. Même s’il subsiste des différences de points de vue et que le PG précise ses conditions.

Concrètement, pour la désignation de la candidature à la présidentielle, le PG souscrit à l’idée avancée par le PCF que celle-ci devra « s’appuyer sur un projet et non le précéder », mais à condition que le « principe » d’une candidature commune précède l’adoption du projet. Sans attendre de faire connaître ses propositions début 2011, le PG indique toutefois dans sa lettre, à la suite de Jean-Luc Mélenchon qui s’est dit « capable » d’incarner la candidature du Front de gauche à l’Élysée, que celle-ci devrait être confiée à « un(e) militant(e) politique confirmé(e) » plutôt qu’à une « personnalité du mouvement social », hypothèse évoquée par le PCF. Concernant l’élargissement du Front de gauche, le PG réaffirme sa différence en se prononçant nettement pour un « parti commun », citant l’exemple allemand de Die Linke. D’où la proposition renouvelée du PG de doter le Front de gauche d’un « comité national permanent », d’un secrétariat et d’une « double présidence », et d’acter la possibilité « d’adhésions directes » au Front de gauche, qui n’a pas la faveur du PCF.

Sébastien Crépel

3) 2012. Que les communistes présentent un candidat ou se rangent derrière le Parti de gauche, leur avenir est compromis

Source : Valeurs actuelles no. 3835

La raclée ou la gifle. C’est le terrible choix « perdant, perdant » du Parti communiste pour la présidentielle. Soit il décide de présenter l’un des siens et il risque fort, comme en 2007, de plafonner à moins de 2%. Soit le PC se résout à soutenir la candidature « extérieure » de Jean-Luc Mélenchon, le président du petit Parti de gauche, et c’est le signe de son effacement de la scène politique. Bref, 2012 s’annonce comme une année couperet pour le PC, coincé entre le... marteau et l’enclume. Annonciateur, à plus ou moins long terme, du clap de fin pour un parti qui - ironie du sort
- se prépare à fêter en décembre prochain ses 90 ans d’existence...

À quelques semaines de son prochain congrès (du 18 au 20 juin), c’est un Parti communiste en bout de course dont Marie-George Buffet s’apprête à céder la barre à son numéro deux, Pierre Laurent. Fils de l’ancien « dinosaure rouge » Paul Laurent, inamovible membre du comité central du début des années1950 à sa mort, en 1990, c’est à lui que reviendrait, logiquement, de conduire le Parti lors de la prochaine présidentielle. Mais comment cet apparatchik effacé et déjà contesté en interne pourrait-il espérer faire mieux (ou moins pire) que le calamiteux 1,9 % de sa devancière en 2007 ?

Une certitude : son baptême du feu électoral comme tête de liste du Front de gauche (PC et Parti de gauche) lors des dernières régionales en Île-de-France ne plaide pas en sa faveur : Laurent y a obtenu un score encore inférieur à celui de Buffet, qui conduisait la liste cinq ans plus tôt - sans le renfort des amis de Mélenchon... Selon Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département opinion de l’Ifop, une candidature du (probable) futur patron du PC « a toutes les chances d’aboutir à un nouvel échec. Sauf miracle, dit-il, son score devrait se situer aux alentours de celui de Buffet en 2007 ». Laquelle, rappelle-t-il, avait alors recueilli « deux fois moins de suffrages qu’Olivier Besancenot ». L’humiliation suprême !

Dès lors, pourquoi ne pas saisir la main tendue par Mélenchon, crédité, lui, de 6% des voix à la présidentielle ? C’est en effet son alliance avec le charismatique eurodéputé, transfuge du PS - dont les coups de gueule ne sont pas sans rappeler ceux de... Georges Marchais -, qui seule a permis au PC de « sauver les meubles » lors des deux derniers scrutins, les régionales et les européennes (respectivement 5,8%et 6,1%). Tout en devançant le NPA de Besancenot. Bref, sur le papier, il n’y a pas photo. « Tout le monde sait, confie Mélenchon, qu’un candidat communiste ne fera pas de score en 2012. » Alors que lui-même, ajoute Jérôme Fourquet,« semble assuré de faire un bien meilleur score que Buffet en 2007 ». Pas si simple, pourtant. Car c’est un autre danger qui guetterait alors le Parti communiste.

Comment accepter, s’inquiète-t-on Place du Colonel-Fabien, que ce « grand parti », dépassant encore les 21 % en 1969 (lire graphique), soit contraint de s’effacer devant un « groupuscule » de 5000 adhérents, créé il y a moins de deux ans - et dirigé, qui plus est, par un ancien trotskiste ? Déjà devancé par Europe Écologie, désormais premier partenaire du PS, et affaibli par des démissions en cascade (14 membres du comité central, dont plusieurs maires et députés, depuis les régionales !), le PC y survivrait-il ? « Après Mitterrand, qui nous avait siphonnés, Mélenchon et sa stratégie du coucou vont achever de nous plumer », prédit un cadre du Parti.

« Dans la crise, c’est l’heure des personnes de caractère, pas des fromages pasteurisés ou des poissons lyophilisés », a beau plaider le président du Parti de gauche, rares sont ceux qui parient, au PC, sur une hypothèse Mélenchon. Quitte à se ranger derrière un autre « candidat extérieur », le moins politique et plus docile Gérard Aschieri, ancien secrétaire général du syndicat d’enseignants FSU. Quitte, surtout, à précipiter la fin du Parti. Une fin programmée.

Jeudi 27 mai 2010


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message