Retraite : Dominique Strauss Kahn dans le moule du FMI

mercredi 26 mai 2010.
 

Dominique Strauss-Kahn part en guerre contre le dogme » de la retraite à soixante ans, ce qui constitue un soutien appuyé au président français. Une position conforme à la politique du FMI… qui n’a jamais aidé les peuples.

Parlait-il seulement comme directeur général du Fonds monétaire international, ou également comme figure du Parti socialiste  ? Au-delà de ces subtilités, les déclarations de Dominique Strauss-Kahn, jeudi soir sur le plateau de France 2, en plein débat sur la réforme des retraites, ont suscité gêne et confusion parmi ses amis politiques. Estimant que l’âge légal de soixante ans est un « dogme », DSK s’était exclamé  : « Si on vit cent ans, on ne va pas continuer à avoir la retraite à soixante ans. » Le directeur général du FMI apportait ainsi un soutien de poids à Sarkozy. Embarrassé , le député PS de Paris Jean-Christophe Cambadélis s’est perdu dans un curieux distinguo entre le dirigeant du FMI « qui parle de l’avenir » et le PS « qui parle du moment présent »…

La réplique du dirigeant communiste Pierre Laurent était cinglante  : « DSK met ses pas dans ceux des libéraux de tous poils qui n’ont qu’une obsession : en finir de près ou de loin avec les droits sociaux du plus grand nombre pour donner des gages aux marchés financiers. » Et Pierre Laurent d’ajouter  : « Parler de dogme peut prêter à sourire de la part du principal représentant d’une institution qui n’a qu’une religion : l’austérité pour les peuples et le carnet de chèque pour les banques. » Le régime spartiate imposé à la Grèce tend à montrer que DSK s’est moulé dans la tradition de cette institution, dont les Africains et les Argentins, après la crise de 2001, gardent le souvenir pénible des plans d’ajustement ravageurs. Significative est la teneur du débat qui agite actuellement le Congrès des États-Unis. Face à l’opposition républicaine qui voudrait réduire la contribution américaine, Caroline Atkinson, directrice des relations extérieures du FMI faisait observer qu’aucun pays contributeur « n’a jamais perdu un cent ». « Le FMI apporte des financements aux pays qui, de leur côté, s’ajustent », c’est-à-dire taillent dans les dépenses sociales et se fragilisent encore davantage.

Un instrument de domination financière

DSK a été nommé à la tête du FMI le 28 septembre 2007 avec le soutien de Sarkozy, lui-même nouvellement élu. Dès son arrivée à Washington, le socialiste français se posait en réformateur d’une institution sexagénaire qui avait conservé les règles de fonctionnement fixées lors de la conférence de Bretton Woods en 1944. « Nouvelles missions, nouvelle gouvernance », timide démocratisation avec un projet de double majorité sur certains dossiers dit cruciaux. Le poids prépondérant des États-Unis et de l’Europe font du FMI un instrument de domination financière des grandes puissances capitalistes sur la masse des pays en développement et des États les plus pauvres. Après de nombreuses tergiversations, une mini-réforme a abouti à l’augmentation de 2,5 % au profit de quelques grands pays émergents. On est très loin du compte, une réforme progressiste du FMI qui fasse de cette institution un véritable outil pour l’aide au développement reste à construire. En effet, le rapport de forces actuel permet au FMI d’avoir les mains libres sur les choix des pays qu’il convient de soutenir en cas de marasme économique et financier. En août 2009, le FMI a accordé un prêt de 150 millions de dollars aux putschistes qui avaient pris le pouvoir au Honduras deux mois auparavant. D’Athènes à Tegucigalpa, nul ne saurait dire que le FMI a sensiblement changé en trois ans.

Jean-Paul Piérot


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