République et gauche  : une nouvelle étape  ?

samedi 23 octobre 2010.
 

Rappel des faits Depuis le discours ultrasécuritaire prononcé 
par le chef de l’État, à Grenoble, le 30 juillet, la gauche, 
dans la diversité de ses composantes, cherche à redonner sens à l’idée républicaine.

Après à une flambée de violence, en juillet, dans un quartier de Grenoble, Nicolas Sarkozy avait prononcé un discours aux accents bellicistes, en faveur du rétablissement de « l’ordre républicain ». Postulant un lien entre immigration et délinquance, le chef de l’État livrait une vision pour le moins paradoxale de la République, vidée de sa dimension universaliste héritée de la Révolution française. « Les hommes naissent libres et égaux en droits », proclame la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Face à la casse systématique des services publics, face à la véritable chasse aux Roms et à la xénophobie qui émane du sommet de l’État, se contenter de marteler ce principe fondateur reviendrait à jouer les candides. La gauche cherche donc à redonner force et contenu à l’idée de République. Mais avec différentes tonalités. Dans une tribune au Monde daté du 7 septembre, la secrétaire nationale des Verts, Cécile Duflot, revendiquait une République qui « défend le droit des minorités ». Quelques jours plus tôt, devant les dirigeants socialistes, Martine Aubry abordait la notion en lien avec « l’attention aux autres ». À la Fête de l’Humanité, le secrétaire national du Parti communiste français, Pierre Laurent, liait pour sa part défense des idéaux républicains de la France et révolution. Dans l’entretien croisé que nous proposons ici, l’essayiste Béatrice Durand expose ses doutes quant à la capacité de l’idée républicaine à stimuler l’imagination politique, tandis que l’historien Jean-Paul Scot explique en quoi il n’y a de véritable République que démocratique et sociale.

Laurent Etre

République et gauche : une nouvelle étape. Entretien croisé

entre :Béatrice Durand, essayiste, enseignante au Lycée français et à la Freie Universität de Berlin. Jean-Paul Scot, historien, spécialiste de la laïcité.

Contre la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy, la gauche, dans la diversité de ses composantes, en appelle de plus en plus fréquemment à la République. La politique de la droite au pouvoir est-elle spécifiquement anti-républicaine ?

Béatrice Durand : Mais la gauche n’est pas la seule à en appeler à la République ! Deux exemples récents : " La France sort la tête haute de l’échange (sic) qu’elle a eu avec la Commission. C’est une bonne nouvelle pour tout le monde et notamment pour les Républicains ", a déclaré Éric Besson après que la Commission Européenne a renoncé à lancer une procédure d’infraction à l’encontre de la France pour l’expulsion des Roms. Quelques jours auparavant, François Fillon, dans un discours devant le Conseil d’État, parlait d’incarner la " permanence de l’ordre républicain ".

Chacun y va de sa référence républicaine : l’opposition proteste contre la loi Besson sur l’immigration, contre le projet de réforme des retraites, contre l’expulsion des Roms en disant que les valeurs de la république sont menacées. Mais le gouvernement tente de faire passer ces mêmes mesures en prétendant incarner la légitimité républicaine. Bien sûr, la phrase d’Éric Besson dans sa mauvaise foi laisse pantois. Mais elle montre une chose : que dans la société française d’aujourd’hui, le label républicain est un brevet de légitimité. Mais c’est aussi la langue de bois, le politiquement correct de notre société.

Votre question laisse entendre qu’il y aurait une vérité bien définie de la tradition républicaine et des gens qui l’incarneraient mieux que d’autres, la gauche mieux que la droite. Or la république et ses valeurs sont à la fois la chose du monde la plus revendiquée et la plus floue. Les uns lui associent surtout l’égalité ; d’autres la défense de la laïcité ; pour d’autres, elle est un gage d’ordre et elle est associée à la majesté de l’État.

Jean-Paul Scot : Pour répondre à la question, partons du premier sens du mot res publica défini par opposition à res privata. Quand les intérêts privés des dominants s’opposent à l’intérêt général, au bien commun, à l’unité du peuple, l’organisation politique de la société est en danger. Aristote, Cicéron, Thomas d’Aquin, Jean Bodin, Montesquieu le disaient déjà en leur temps. Il suffit aujourd’hui de rappeler que la France est définie depuis 1945 comme une « République indivisible, laïque, démocratique et sociale » pour constater que la droite au pouvoir bafoue tous les principes républicains. La République n’est plus « une » quand les réformes régionales aggravent les inégalités entre territoires et quand un gouvernement organise la discrimination entre citoyens et suscite replis communautaires et haines racistes. La République n’est plus « laïque » quand le chef d’État lui-même viole ouvertement la séparation des Églises et de l’État, prétend faire reconnaître l’utilité publique des religions et affirme que la foi fonde mieux la morale que les principes de 1789. La République n’est plus « démocratique et sociale » quand les gouvernements de droite et le Medef s’acharnent depuis au moins 2002 à détruire systématiquement toutes les conquêtes des travailleurs acquises avec l’application du programme du Conseil National de la Résistance, services publics, code du travail, sécurité sociale et retraites, et cela sans mandats ni débats. Contre l’opinion de la grande majorité des citoyens. La République est en danger quand le contrat social est déchiré par le « président des riches », le parti du « premier cercle » et la « bande du Fouquet’s ». Jamais les intérêts privés des grands financiers ne se sont autant affichés au pouvoir en France avec plus de cynisme depuis 1851 quand louis-Napoléon Bonaparte, président élu au suffrage universel, remit en cause la République.

Avec son débat sur l’identité nationale, la droite tente de territorialiser les valeurs républicaines, en fait un outil d’exclusion de telle ou telle population. Face à elle, la gauche rappelle le caractère foncièrement universaliste de l’idéal républicain. Dans quelle histoire s’inscrit ce clivage gauche / droite autour de la définition de la République ? Quelle est la nouveauté dans ce domaine ?

Jean-Paul Scot : L’universalisme de l’idéal républicain est fondé sur l’article 1er de la déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789 : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ». Rousseau a inspiré cette formule aux rédacteurs de la première « déclaration universelle » confirmée par l’ONU en 1948. Les droits humains ne sont pas de pures abstractions propres à une essence de l’homme. Les droits naturels sont en même temps des droits sociaux, car les hommes ne sont pas des individus isolés mais des êtres vivant en société. En République, les hommes ne sont plus des sujets mais deviennent des citoyens. Les droits de l’homme proclamés en 1789 sont la « liberté, la propriété, la sûreté (à ne pas confondre avec la sécurité) et la résistance à l’oppression ». La droite a toujours eu du mal à comprendre et admettre ces « droits » qu’elle a toujours voulu restreindre par des « devoirs ». Elle voit dans la liberté la justification de l’individualisme alors que la liberté et l’égalité sont indissociables : il n’y a pas de liberté sans égalité des droits et pas d’égalité sans liberté. Encore faut-il remarquer avec Louis Blanc et Jean Jaurès, qu’« est libre réellement celui qui a, non seulement a le droit, mais aussi la faculté et le pouvoir d’agir ». La droite prétend aujourd’hui que la première des libertés est la « sécurité ». C’est un total contresens : dans l’État de droit, la « sûreté », c’est l’assurance pour tous les individus qu’ils peuvent recourir contre un abus de pouvoir de l’État, et résister à l’autoritarisme. La sûreté garantit la liberté du citoyen, comme de l’étranger, contre l’arbitraire policier et l’acharnement sécuritaire.

Béatrice Durand : Le caractère foncièrement universaliste de l’idéal républicain est l’une de ces illusions que notre néo-républicanisme entretient sur lui-même. La République n’a jamais trouvé à s’exercer ailleurs que dans le cadre de la nation et du territoire qui lui correspond. La République n’est universelle que pour les nationaux, à l’intérieur du territoire national. Parler dans ces conditions de " territorialisation des valeurs républicaines par la droite " me paraît impropre.

Le républicanisme contemporain a contribué à réhabiliter l’idée de nation, qu’il ne fallait pas, selon Jean-Pierre Chevènement, " abandonner à la droite ". Les politiques et d’ailleurs, aussi, les historiens qui ont remis l’idée de nation au goût du jour s’autorisent pour cela de la conception " politique " et volontariste de la nation qui caractériserait la nation française (par opposition à une conception dite " ethnique " de la nation), ce qui leur permet d’affirmer à bon marché l’universalité de la république. Mais l’opposition est artificielle : ce n’est pas parce qu’elle est, en théorie, " ouverte " que la nation française cesse par ailleurs d’être une communauté historique particulière.

Je dirais plutôt que le récent débat sur l’identité nationale a essayé de culturaliser la nation, comme le montre l’usage du mot " identité " : il y aurait un être français préexistant auquel il faudrait souscrire. Mais là encore, les initiateurs du débat n’ont pas été capables (heureusement !) de donner à cette fameuse " identité " un contenu bien précis, si ce n’est l’allégeance aux valeurs républicaines, justement. Donc, on tourne en rond. Finalement, l’originalité du débat réside simplement dans sa volonté de donner une dimension affective à l’identité, ce qu’on croyait pourvoir faire en exigeant la dévotion aux symboles nationaux. Mais, là encore, la droite n’a rien inventé. Cela fait longtemps que d’aucuns disaient qu’il faut faire apprendre la Marseillaise aux enfants des écoles. Mais que ce soit un moyen efficace pour favoriser l’identification de tous à la chose commune reste à prouver.

En fait, la seule vraie différence, mais elle est quand même de taille, est que l’actuel gouvernement expulse activement sur la base d’une identité de groupe. Il est sûr que ce n’est pas très conforme à l’exigence républicaine d’indifférence aux origines.

Une partie de la gauche, notamment du côté des écologistes, a toujours critiqué l’universalisme républicain, le considérant comme intrinsèquement hypocrite, tandis qu’une autre partie, dans la lignée de Jean Jaurès, estime au contraire que l’on peut concrétiser les idéaux républicains, aller vers une « République sociale », etc. Le sarkozysme a-t-il créé les conditions du dépassement de ce clivage interne à la gauche ?

Béatrice Durand : La résurgence de la référence républicaine depuis environ 30 ans a toujours eu des fins défensives. Le courant souverainiste, qui a joué un rôle dans cette résurgence, a été l’expression d’une crispation identitaire face à la construction européenne ; même chose pour la peur que suscite une immigration musulmane considérée comme inassimilable. Ces peurs sont la chose du monde la mieux partagée, à droite comme à gauche. C’est la réaction de la société française à ce qu’elle perçoit comme une menace pour ce qu’elle est - ou ce qu’elle croit être. Sous des dehors généreux, le discours néo-républicain, qu’il soit de droite ou de gauche, est un discours chauvin.

Au passage, on peut quand même s’étonner que toute une partie de la gauche jadis formée à l’internationalisme, ait pris pour argent comptant ce prétendu universalisme dans le cadre douillet de la nation. On peut s’étonner aussi que des gens formés au marxisme n’aient pas été plus tentés de déjouer l’imposture de ce particulier en position dominante qui prétend incarner l’universel. Et pour ce qui est des revendications sociales, autrefois (disons il y a quarante ou cinquante ans), on ne se croyait pas obligé de les justifier en se référant aux " valeurs républicaines. " On le faisait au nom de la justice sociale.

Jean-Paul Scot : La critique de l’universalisme républicain est vieille comme … la République. Il faut bien mal connaître l’histoire pour s’étonner de cette récurrence. Dès 1789, Burke en Angleterre a condamné la prétention inouïe des révolutionnaires français à construire un monde nouveau sur des principes universels : mieux valait laisser faire les lois naturelles de l’évolution des sociétés dans l’ordre et la paix ! Tous les libéraux et les conservateurs se sont inspirés ensuite du relativisme anglo-saxon pour légitimer les nationalismes et les impérialismes. Mais les Français, ou plutôt leurs gouvernements, ont été et sont encore les premiers à donner des leçons au reste du monde tout en violant les principes de 1789. Aujourd’hui, certains à gauche, mais pas tous les Verts, mettent en cause l’universalisme républicain au nom du régionalisme, du multiculturalisme et du communautarisme. Attention aux amalgames ! Ne confondons pas la gauche et la droite, les gouvernants et le peuple. Que l’on ne vienne pas nous seriner que les Français ont découvert avec retard les problèmes de l’esclavage, de la colonisation, de l’immigration, de la ghettoïsation ou du féminisme à cause du refus de penser les minorités au nom de l’universalisme. Toutes ces questions ont été posées très tôt par les hommes et les femmes de gauche ou par les mouvements sociaux. Mais il était de bon ton de taire ou de délégitimer ces protestations parce que venant souvent des communistes et des marxistes. Aujourd’hui encore, certains cherchent à mettre les inégalités sociales sur le compte des différences culturelles et à absoudre les gouvernants de leurs responsabilités.

A l’Assemblée, on a vu comment le gouvernement a clôt prématurément le débat sur les retraites… On peut multiplier les exemples d’un certain autoritarisme permettant d’attaquer la droite au pouvoir autant au nom de la défense de la démocratie qu’au nom de la République… Comment articuler ces deux notions ? Faut-il d’ailleurs les articuler ?

Béatrice Durand : Certains ténors républicains ont voulu opposer les deux notions comme si elles étaient antagonistes. Ils assimilent la démocratie aux revendications de groupes de pression (groupes ethniques, lobbies divers). Ces groupes chercheraient à obtenir des droits spécifiques. Selon cette définition, la démocratie, serait la porte ouverte au communautarisme, par opposition à la participation républicaine du citoyen au politique, qui est, par définition, individuelle. Mais on ne voit pas très bien à quoi correspond concrètement cette définition de la démocratie dans la vie des sociétés : dans toutes le sociétés dites démocratiques, on vote individuellement. C’est une déformation absurde de la notion de démocratie.

D’ailleurs, en dehors de l’Hexagone, on désigne par " démocratie " et " valeurs démocratiques " ce qu’on subsume en France sous l’étiquette de " valeurs républicaines " : l’État de droit, l’égalité, notamment l’égalité des sexes, la liberté de conscience et la séparation de l’Église et de l’État qui en est la condition de possibilité (même si c’est sous des modalités différentes de la laïcité française), des services publics. Tout cela n’est pas l’apanage de la république à la française.

Jean-Paul Scot : République et démocratie sont souvent assimilées comme synonymes. A tort selon moi ! Historiquement, les républiques ont été instaurées après renversement de rois ou de tyrans. La République est donc un régime politique où la souveraineté et le pouvoir n’appartient pas à un seul homme. Montesquieu lui-même affirmait que le régime républicain était celui où le peuple avait « la souveraine puissance » et où le pouvoir exécutif était le « ministre du souverain ». En République selon Rousseau, le peuple tout entier est seul souverain. Mais, dans les monarchies constitutionnelles de l’Europe du Nord et d’Asie, la souveraineté est partagée, selon le pacte politique pensé par Locke : le peuple de sujets remet ses droits naturels à un souverain qui est le garant ultime de l’ordre. Dans les deux cas, la démocratie n’est qu’une forme de gouvernement qui exige la séparation des pouvoirs. Trêve de philosophie politique ! En France, aujourd’hui, la République démocratique est doublement menacée par les violations constantes de la séparation des pouvoirs. La présidentialisation tend à imposer l’idée que le président est seul détenteur de la souveraineté et de l’intérêt général : « Parce que je suis élu par le peuple, j’incarne la volonté générale » pourrait dire Sarkozy. Mais la légitimité électorale n’est pas un chèque en blanc ; le président est responsable devant le peuple qui ne lui a pas abandonné sa souveraineté. Cependant, la représentation du peuple est de plus en plus bafouée. Pas seulement par la mise au pas des élus UMP par l’Élysée mais, plus sérieusement, par un système électoral déformant le suffrage universel en favorisant les deux partis dominants à droite et à gauche. Si la proportionnelle avait été appliquée lors de toutes les élections depuis 1958, j’en ai fait la simulation, il n’y aurait certes pas eu d’inversion des majorités, mais les rapports de force entre les partis auraient été tout autres en 1968, 1981, 2002 et 2007 en particulier. Les gouvernements auraient connu d’autres orientations.

Selon vous, la République est-elle une idée d’avenir ? S’agit-il d’un concept utile pour l’élaboration de réponses progressistes aux défis du monde contemporain (inégalités croissantes dans le cadre de la mondialisation capitaliste, crise environnementale…), ou bien s’agit-il d’une notion visant à masquer les contradictions sociales ?

Béatrice Durand : En soi c’est une bien belle idée. Dans son abstraction, elle porte en germe la possibilité de son universalisation radicale, de son extension à la communauté de tous les humains et à l’échelle territoriale qui lui correspond, la planète. Cette possibilité est bien sûr une utopie, même si nous assistons à des phénomènes qui dépassent l’habituel cadre national de la politique (naissance d’une justice internationale, création d’entités politiques supra-nationales, mouvements d’opinion et actions supra-nationaux…). Ce qui n’annule pas, bien sûr la pertinence politique d’échelons plus locaux, nationaux ou régionaux. Mais pour en revenir au contexte purement français, " l’idée républicaine " est tellement galvaudée qu’on se demande à quoi peut encore servir une idée ou une tradition que tout le monde, de l’extrême gauche à l’extrême droite, brandit de façon incantatoire en lui faisant dire tout et son contraire. Depuis vingt ou trente ans qu’on l’a remise au goût du jour, l’idée républicaine n’a pas particulièrement stimulé l’imagination politique. Elle n’a pas été un principe d’action efficace contre les discriminations de tout genre, liées à l’origine, au sexe, aux inégalités territoriales. C’est un écran de fumée qui désigne de faux problèmes. Pour donner un exemple : tout à sa fureur de censurer les signes religieux et à garantir la dignité des femmes, la République n’a jamais cherché à protéger les filles des cités d’une violence sur laquelle on a pudiquement fermé les yeux. La profession de vertu républicaine a trop été le masque d’un attentisme profond. Donc, quand les mots sont usés, il vaut peut-être mieux en trouver d’autres. Et mieux encore, cesser de se payer de mots pour s’atteler aux vrais problèmes.

Jean-Paul Scot : La République est le pire des régimes … à l’exception de tous les autres, pourrait-on dire en plagiant des propos de Churchill sur la démocratie. Les républiques antiques ont été aristocratiques ou démocratiques ; les républiques médiévales ont été marchandes ou princières ; la république calviniste de Genève a été aussi intolérante que celle d’Iran aujourd’hui ; les républiques populaires ont des dictatures sur le peuple et il est des républiques bananières sur toutes les latitudes aujourd’hui encore. Il faut donc toujours définir une république par les deux critères de la souveraineté et de l’exercice du pouvoir. Il n’y a en fait de véritable République que démocratique et sociale ! Toutes les tentatives récentes pou rénover ou refonder la République ne peuvent faire l’impasse sur la question clé de l’expression réelle de la souveraineté populaire. Toutes les propositions de démocratie d’ « action », d’ « intégration », de « régulation » et même de « démocratie participative » ne sont que des bricolages pour éviter de poser la question fondamentale du respect de la « volonté générale » par un mode de scrutin à la proportionnelle et par l’abolition du régime présidentiel. Encore ne faut-il pas croire que la légitimité électorale est la seule qui soit car les forces vives du peuple s’expriment aussi par des manifestations, des grèves, des mouvements sociaux, voire par l’opinion publique. . La « volonté générale » ne se délègue pas. La démocratie est l’expression permanente de la souveraineté populaire. Désormais, la « question sociale » et la « question démocratique » sont et seront intimement liées.

(*) Jean-Paul Scot est notamment l’auteur 
de l’État chez lui, l’Église chez elle, comprendre la loi de 1905, Le Seuil  ; Béatrice Durand 
vient de publier, chez Stock, la Nouvelle Idéologie française.

Entretien réalisé par Laurent Etre


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