2012 : LE TEMPS DES MANOEUVRES

lundi 3 mai 2010.
 

mardi 20 avril 2010

A peine passés les remous des élections régionales, commencent les grandes et moins grandes manœuvres en prévision de ce qui est très malheureusement devenu « la reine des élections » : la présidentielle. Nous ne répéterons jamais assez que la réforme Chirac-Jospin (le quinquennat et la subordination totale de l’élection législative à l’élection présidentielle) a constitué un attentat contre la démocratie. Mais nos politiques sont réalistes : ils feront avec les règles du jeu, aussi viciées soient-elles.

Le bal des prétendants a donc commencé, timidement peut-être, mais nul ne doute que le rythme s’accélérera au fil des mois. Par rapport à l’histoire de la cinquième république, dont il faudra bien sortir un jour et le plus tôt serait le mieux, il y a peut-être une nouveauté à droite, et éventuellement, aussi à gauche. On commence par la droite ? Il y eut toujours, ou presque, à droite, deux candidats principaux à l’élection présidentielle, l’un se prétendant héritier (de plus en plus lointain) du gaullisme, l’autre se prévalant du centre droit : De Gaulle et Lecanuet, Pompidou et Poher, Giscard d’Estaing et Chaban-Delmas ou Chirac, Barre ou Chirac, Bayrou ou Sarkozy. Même le cas du duel Chirac-Balladur, tous deux issus du sérail pompidolien relève de ce schéma, Balladur ayant pour l’occasion emprunté les frusques du centrisme. La seule exception est l’élection de 2002 avec le duel Chirac-Le Pen. Souvent aussi, des candidats gaullistes « dissidents », s’autoproclamant porteurs de la vraie foi du Général (Michel Debré, Marie-France Garaud) ou représentants de tendances « dures » de la droite (Philippe de Villiers, Alain Madelin…) ont fait un peu de figuration. Le dualisme entre « centristes » et « post gaullisme » a longtemps fait la fortune électorale de la droite. C’est en « trahissant » Giscard en 1981 que Jacques Chirac oeuvra pour l’élection de François Mitterrand en 1981, exception à ce dualisme qui permit, les autres fois la victoire de la droite grâce aux reports de voix. La nouveauté en 2012 ne sera donc pas la présence d’un gaulliste dissident (de Villepin ?), ni la candidature de l’extrême droite, présente sauf en 1969 et en 1981 avec il est vrai des fortunes diverses, mais dans la probable absence d’un contrepoids centriste à l’hégémonie de l’UMP, voulue par le duo Chirac-Juppé pour le plus grand profit de leur ennemi Sarkozy, joli exemple de prise de pieds dans le tapis (sacré Juppé, quel pince sans rire, ça et la dissolution). François Bayrou risque fort, en effet de ne pas être en mesure de reproduire son score de 2007, et ce n’est pas un hypothétique candidat du « Nouveau Centre », squelettique association de notables, qui apportera grand-chose à la droite.

L’un des enseignements (relatif il est vrai compte tenu de la forte abstention) des élections régionales est l’assèchement des « réserves de voix » pour la droite dans un second tour électoral. Et comme le sarkozysme commence à sentir très fort le roussi, il n’est guère étonnant que des vocations naissent : il s’agit alors de contribuer à décrédibiliser davantage encore le président en exercice, ce à quoi s’emploie Alain Juppé, et d’une certaine façon, Jean-François Copé.

A gauche, depuis les retraits de François Mitterrand, qui n’eut qu’un seul rival, Michel Rocard et de Lionel Jospin, qui n’eut guère que Laurent Fabius, rival plus ou moins masqué, le bal des prétendants a fait fureur au Parti Socialiste. Quelques éléphants et assimilés paraissent toujours en course (la génération Jospin : Aubry- Hollande-Royal-Strauss-Kahn) auxquels se joignent quelques exemplaires de la génération suivante, celle des petits marquis (Valls, Moscovici…). La pléthore s’explique, en partie, par la difficulté pour le PS de trouver une ligne et un projet clairs, se démarquant nettement de la droite. A ce jour, parmi les premiers participants aux entrechats, seule Martine Aubry, par moments, explore un chemin qui la distingue de la droite et du centre. Les autres font plutôt dans un très vague replâtrage social. L’éventuelle nouveauté à gauche serait l’émergence d’une candidature écologiste « à deux chiffres ». Ce qui, électoralement, donnerait à la candidature socialiste la réserve de voix pour le deuxième tour autrefois fournie par le Parti Communiste. La « gauche de la gauche » s’est ridiculisée lors de l’élection de 2007, avec, en gros, trois candidats pour un seul programme. Saura-t-elle faire mieux en 2012 ? Ce serait vivement souhaitable si on veut éviter un avenir politique où ne s’affronteraient plus qu’un centre droit et un centre gauche. Jean-Luc Mélenchon a ouvert le bal des prétendants de ce salon là. Nous connaissons ses qualités. Mais déjà, quelques sourcils froncent du côté de la place du Colonel Fabien. Décidément, le bal ne fait que commencer

Jean-Luc Gonneau


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