Saddam Hussein : Même pour les dictateurs, refusons la peine de mort ! (Marie Noelle Lienemann)

samedi 11 novembre 2006.
 

Saddam Hussein est sans nul doute un tyran sanguinaire, mais sa condamnation à mort est une grave erreur. Nous devons dans ce cas, comme dans tous les autres, refuser ce traitement barbare qui ne fera en rien progresser la civilisation humaine, ni régler les problèmes irakiens. C’est une question de principe : rien ne justifie qu’on enlève la vie pour châtier un être humain de ses actes. Justement ce combat pour la valeur inaliénable de la vie humaine est un des plus essentiels si on veut faire progresser l’humanisme et les droits de l’homme.

Car si on accepte d’entrer dans la logique du pur rapport de force, de la possibilité, même pour la société, de supprimer un être humain popur régler ses problèmes et l’empêcher de nuire, alors on ne fera jamais triompher le respect et la dignité absolus dus à chaque personne, on ne fera pas reculer la violence et l’esprit de vengeance prévaudra sur celui du droit.

De ce point de vue, la plupart des observateurs internationaux et les ONG témoignent de graves manquements à l’impartialité du jugement, allant des pressions faites sur la défense à d’autres méthodes contestables. Il serait normal de demander un nouveau jugement car face à l’histoire et pour le peuple irakien, dans toutes ses composantes, l’équité du jugement est la seule garantie d’une réconciliation durable et d’une crédibilité partagée dans les valeurs démocratiques.

L’Union Européenne et la France ont rappelé leur opposition à la peine de mort. On ne pourra se contenter d’une protestation de pure forme, sauf "à être complice du méfait pour se taire" comme le disait, il y a bien longtemps Agrippa d’Aubigné.

Au delà, il faut réfléchir à la méthode de jugement que la communauté internationale pourrait demander dans ce genre de situation et s’agissant de crimes contre l’humanité. On ne saurait déposséder un peuple de sa souveraineté. en l’occurence, il y aurait beaucoup à dire de la souveraineté d’un pays qui, qu’on le veuille ou non, est occupé par une armée étrangère. En second lieu, lorsque les blessures de l’Histoire et des crimes sont encore si vifs, les conflits politiques si forts, sans doute serait-il utile que le tribunal international puisse accompagner la juridiction des pays pour garantir l’équité et des méthodes juridiques justes. En tous cas, il faut y penser très vite, car nous prenons le risque de nourrir dans certains pays un doute profond sur les valeurs universelles que nous devons défendre et faire vivre. (Marie-Noëlle Lienemann - 7 novembre 2006)


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