Régionales italiennes : crise politique, mutation de la droite et essouflement de la social- démocratie

vendredi 2 avril 2010.
 

par Céline Meneses, Mario Morisi et Chistophe Ventura

41 millions de citoyens italiens étaient appelés aux urnes ces dimanche 28 et lundi 29 Mars. Ils élisaient séparément, selon la formule électorale en vigueur, les conseillers régionaux et les présidents de 13 des 20 régions que compte le pays.

Cette élection confirme la tendance européenne de défiance croissante des électeurs envers les élites politiques régnantes. L’abstention atteint des niveaux records (36%, soit près de 10% de plus qu’aux dernières élections régionales). Le Movimento 5 stelle de l’humoriste Beppe Grillo, dont l’essentiel du programme porte sur la dénonciation élites et des institutions politiques en place, dépasse les 4% dans le Piémont et obtient jusqu’à 7% des scrutins en Emilie-Romagne.

La bipartisation et la droitisation de la vie politique italienne qui lui est connexe se confirment aussi.

Le "Centre droit", alliance, comme son nom ne l’indique pas, de la droite et de l’extrême droite, sort clairement victorieux de ce scrutin. Il remporte 6 régions dont deux centrales qu’elle prend au Parti démocrate : le Latium et le Piémont. En son sein, la Lega Nord (parti régionaliste, anti immigrés et chantre du fédéralisme fiscal) monte en puissance, notamment dans les régions les plus touchées par la crise et le chômage. Elle obtient ainsi 17% des voix dans le bastion historique de la gauche, la région Emilie Romagne.Cette droite extrême est désormais en mesure de concurrencer le leadership du parti de Berlusconi (il Popolo della Libertà). Elle redessine également ses contours idéologiques pour lui forger peu à peu un visage des plus réactionnaires.

Et à gauche ? Enfermé dans l’impasse du social-libéralisme, le Parti démocrate, leader du "Centre gauche", voit son érosion réaffirmée. Il ne conserve ainsi que 7 régions sur les 11 qu’il détenait.

Notons que si l’autre gauche s’était présentée unie aux électeurs elle aurait pu atteindre des scores plus qu’honorables dans plusieurs régions. Unies, Federazione della Sinistra et Sinistra Ecologia e Libertà auraient obtenu plus de 9% des voix en Toscane, plus de 10% en Ombrie et même 13% dans les Pouilles !

Le Parti de Gauche tient à saluer le score obtenu par la liste conduite par Massimo Rossi dans la région des Marches. Seule liste de l’union de l’autre gauche à se présenter, elle a obtenu 7,2% des voix. Puissent les Marches être le phare de l’autre gauche italienne dans cette nuit libérale !


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