Un vent d’optimisme souffle au Front de gauche (Article du Monde)

dimanche 14 mars 2010.
 

Marie-George Buffet est rayonnante et Jean-Luc Mélenchon tout sourire. Le Front de gauche et ses listes "ensemble pour des régions à gauche solidaires, écologistes et citoyennes" progressent dans les sondages. La campagne qui s’annonçait morose, dans un contexte d’abstention et d’indifférence, prend et les militants le sentent sur le terrain.

Les salles de meeting sont pleines, comme celle de la Bourse du travail de Lyon, ce mardi 9 mars, où se pressaient près de 1 700 personnes. La concurrence à gauche n’a pas tout nivelé. Le pari de listes communes fait par le PCF, le Parti de gauche et la Gauche unitaire (issue de la LCR) semble marcher.

Avec des sondages qui oscillent entre 6,5 % et 7 %, le Front de gauche a éclipsé le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) d’Olivier Besancenot, qui plafonne entre 2 % et 2,5 %. Certes, l’abstention attendue relativise tout calcul mais cette fois-ci, plus encore qu’aux européennes, la "dynamique unitaire" séduit dans cette gauche radicale trop divisée.

"C’est la prime à l’union qui est le principal ressort de cette remontée. Le Front de gauche devient crédible pour ceux qui veulent que les majorités régionales soient plus à gauche", analyse Jérôme Fourquet, directeur de l’institut IFOP qui souligne que, dans plusieurs régions - Auvergne, Limousin, Nord -, les listes du Front de gauche peuvent atteindre 10 % ou plus.

"UNE VRAIE GAUCHE"

Sur le terrain, les candidats constatent que le réflexe de vote utile en faveur des présidents socialistes sortants ou pour Europe écologie n’est plus aussi prégnant. "L’idée d’un choix possible à gauche passe mieux maintenant que les gens voient que la gauche va gagner", raconte la secrétaire nationale du PCF.

"Les gens viennent nous dire qu’ils veulent sanctionner Sarkozy mais avec une vraie gauche", renchérit Christian Picquet, dirigeant de la Gauche unitaire et tête de liste en Midi-Pyrénées. "Il y a un mouvement qui se fait vers nous et qui va durer après les régionales", veut croire Jean-Luc Mélenchon.

Encore une fois, tous trois ont répété qu’il fallait "arrêter et battre la politique de Sarkozy" en prenant tous les thèmes d’actualité à témoin : inondations, retraites, hôpitaux notamment.

Mais à cinq jours du scrutin, les orateurs se sont surtout employés à marquer leur différence à gauche. Tant vis-à-vis du PS que du NPA. La voix cassée, M. Mélenchon a expliqué l’enjeu du vote : "Avec nous, ce n’est pas un bulletin de témoignage mais un bulletin qui dit que nous sommes candidats à gouverner avec notre programme", a lancé le député européen. "Nous avons une chance inouïe d’avoir cette alliance. Alors n’oubliez pas : comme le chante le groupe La Rue Kétanou, la chance ne sourit pas à ceux lui font la gueule."

Christian Picquet a repris le même fil. "Si le Front de gauche et ses alliés sont à nouveau dans la course, c’est parce que jamais nous n’avons eu autant besoin que la gauche redevienne la gauche" a-t-il lancé. Et d’ajouter : "Nous, nous ne sommes pas la gauche du pas en avant puis quatre en arrière, ni celle du témoignage."

Marie-George Buffet, elle, a préféré jouer sur l’élan collectif : "C’est chouette d’être capable de se rassembler et de converger sur nos propositions pour que le Front de gauche rouvre l’espoir." Au soir du premier tour, l’objectif est d’être devant le MoDem et de négocier avec toute la gauche.

Sylvia Zappi


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message