Construire ensemble, le Front de Gauche dans les luttes et les élections ( Texte adopté par le Conseil National de Gauche Unitaire)

mercredi 17 février 2010.
 

La crise continue, ce sont les peuples qui en payent le prix !

Depuis deux ans, le système capitaliste connaît une crise d’une ampleur historique. Ce sont les salariés et particulièrement ceux qui se retrouvent au chômage qui en payent le prix, tandis que la course au profit et la spéculation financière continuent de plus belle. L’échec du sommet de Copenhague démontre également l’incapacité des gouvernements à faire face à la crise écologique. Notre avenir est menacé par leurs politiques ! Sans compter que les périodes de crise sont propices aux manœuvres xénophobes, comme avec le débat nauséabond sur « l’identité nationale » qui désignent les immigrés comme des menaces.

Nicolas Sarkozy annonce sa détermination à poursuivre sa contre révolution néoconservatrice, à imposer son modèle de société autoritaire. Les attaques de la droite et du MEDEF, les réformes destructrices, revenant sur des acquis fondamentaux sont multiples (des réformes de la santé, des universités, ou de la Poste, de l’application de la RGPP contre la Fonction publique, aux régressions démocratiques comme la réforme de collectivités territoriales, la remise en cause du droit syndical). Et ils nous annoncent de nouveaux mauvais coups qui touchent le cœur même du système de solidarités : les retraites et la protection sociale. De prochaines confrontations sont devant nous qui représentent un enjeu fondamental pour l’ensemble des travailleurs de ce pays.

Des mobilisations décisives en perspective.

Ces batailles seront décisives pour instaurer un rapport de force susceptible de mettre le sarkozysme en échec. La nécessité de construire des fronts sociaux de résistance unitaires et collectifs contre les licenciements, pour la défense des services publics, des retraites, des droits démocratiques participe de cet enjeu. Toute la gauche, le mouvement syndical, les associations, les partis politiques doivent se retrouver unis pour cela. La colère sociale, les luttes sectorielles sont multiples mais il faut construire un rapport de force qui entraîne la majorité de la population dans la mobilisation.

L’aspiration est également forte, dans le mouvement social et syndical d’une réponse politique à la hauteur des enjeux, qui donne du sens et de l’espoir aux résistances. C’est la survie même d’une gauche digne de ce nom qui est en jeu dans ce pays.

Le Parti socialiste a renoncé à changer la société, et n’a comme orientation que d’aménager à la marge le capitalisme, en étant prêt à s’allier avec le MODEM. La coalition Europe Ecologie refuse également de rompre avec la logique libérale qui est à la racine des crises économiques, sociales et écologiques que nous connaissons aujourd’hui.

Il y a urgence à reconstruire une gauche de gauche !

La campagne du Front de Gauche pour les européennes, a constitué une construction inédite, rassemblant de façon dynamique le Parti Communiste Français, le Parti de Gauche, la Gauche Unitaire, ainsi que des militants issus du mouvement social, a réouvert le chemin de l’espoir. Son succès a permis de réaliser le premier pas d’un processus permettant d’œuvrer à la synthèse du meilleur des traditions de la gauche.

Les élections régionales seront le second pas, l’occasion d’élargir, d’approfondir et d’enraciner cette dynamique. Elles doivent d’une part confirmer l’essai des européennes et d’autre part poursuivre la reconstruction d’une nouvelle voie à gauche, une gauche qui ne renonce pas, à même de battre durablement la droite. Le Front de Gauche a impulsé le cadre politique permettant l’élargissement des listes à d’autres partenaires : les Alternatifs, la FASE, le M’PEP, le PCOF, République et Socialisme… Nous regrettons le choix de la majorité du NPA de s’enfermer dans une posture d’isolement en refusant de s’engager dans un accord national avec le FDG .

Les élections régionales sont l’occasion pour porter haut et fort des mesures de rupture avec les logiques libérales et productivistes, des mesures de protection des populations contre les méfaits du capitalisme et de la crise, défendant et étendant les services publics, refusant de dilapider les fonds publics aux entreprises qui licencient. C’est le programme des listes « Ensemble pour des régions à gauche, solidaires, écologiques, et citoyennes ». Il s’agit de créer les conditions d’un débouché aux luttes et aux revendications, d’amplifier et d’enraciner dans l’électorat populaire et dans le mouvement social, ce rassemblement en s’adressant largement au peuple de gauche.

L’urgence est de changer la donne à gauche et de barrer la route à la droite qui veut imposer sa mainmise sur les régions. Nous voulons ouvrir une nouvelle voie à gauche qui soit déterminée à porter réellement les exigences des classes populaires dans les institutions. Nous voulons une gauche qui ne renonce pas. Nous voulons une gauche qui est prête à se confronter avec les puissants et les privilégiés pour mettre en œuvre une politique de rupture.

Cette campagne doit se donner une réalité de terrain, en construisant des comités locaux pour créer les conditions de la dynamique et de l’élargissement.

Construire ensemble les prochaines étapes d’un Front de Gauche durable pour ouvrir une nouvelle perspective à gauche.

Depuis un an, le Front de Gauche est parvenu à faire converger des organisations porteuses de cultures et traditions longtemps opposées, dans le respect de l’indépendance de chacun. Il constitue l’atout fondamental, le bien commun pour reconstruire une gauche digne de ce nom. Le Front de gauche, au-delà des intérêts partisans des uns et des autres, doit préfigurer l’intérêt collectif. Car il y a un enjeu vital à reconstruire une gauche de gauche, une gauche d’unité et de combat dont les choix politiques s’efforcent de prolonger les attentes sociales et les aspirations populaires.

Nous devons prolonger le processus, cet espoir émergent en posant ensemble les jalons d’un rassemblement pérenne, attractif, à l’écoute, en lien constant et ancré dans le mouvement social. Notre objectif, est de créer les conditions pour que s’exprime en France, à l’image de ce qui s’est fait dans d’autres pays européens, en Allemagne avec Die Linke ou au Portugal avec le Bloc de gauche, une réponse tant à la crise sociale que politique, écologique et culturelle.

Le Front de gauche peut être et doit être un outil pour y arriver. Son pluralisme lui donne sa force, cette capacité à regrouper dans une dynamique unique des histoires, des traditions politiques différentes. Ce pluralisme est le seul à même de garantir l’investissement de militants et militantes du mouvement social, de travailleurs, de jeunes, de militants socialistes, écologistes en rupture avec l’orientation de leurs partis respectifs.

En 2010 initier des Assises du Front de Gauche.

Le Front de Gauche doit se construire au-delà des seules séquences électorales. Il peut constituer une nouvelle force, un pôle politique qui change la donne à gauche. Il peut être le cadre de rassemblement de différents partis politiques, notamment de nos partenaires des listes « Ensemble », de différentes traditions en respectant leur identité propre, en permettant leur synergie dans un processus commun ainsi que des militants qui, tout en n’adhérant pas à l’une ou l’autre des organisations se retrouvent dans la démarche du Front de Gauche. La gauche à laquelle nous aspirons ne se construira pas autour d’un seul parti politique mais par un véritable rassemblement. C’est ce que propose la Gauche unitaire.

Depuis juin 2009, nous avons des élus européens du Front de Gauche, demain nous aurons des élus régionaux, qui devront impulser des initiatives pour poursuivre au-delà des élections l’action commune. Pour faire vivre concrètement le Front de Gauche, au-delà des échéances électorales, nous devons prendre des initiatives pour échanger, débattre, élaborer collectivement sur les réponses immédiates à la crise, aux attaques de la droite mais également sur une autre répartition des richesses, le projet de société que nous voulons, bref sur une « plate forme partagée ». Quelle alternative de société pouvons nous porter ensemble ? Quelles réponses face à la crise économique, sociale, écologique et culturelle ? Comment mettre en œuvre une politique de rupture avec le libéralisme et le productivisme ? Quelle conception de la démocratie défendons nous ? Ces questions et bien d’autres sont incontournables pour mettre en mouvement sur la durée tous les hommes et les femmes qui aspirent à changer cette société inhumaine.

Des exercices pratiques communs à une réflexion partagée sur les grands enjeux de société, voilà ce que nous impose la volonté de redonner du sens à la gauche, à ses valeurs, à son projet de société au sein du rassemblement. C’est pourquoi, nous proposons que d’ici l’automne 2010, nous puissions nous donner les moyens, à l’échelle locale et nationale d’organiser des Assises du Front de gauche, lieux de partage et d’élaboration d’expériences à la fois communes et diverses, qui associeraient largement toutes les forces du mouvement social, des syndicalistes, des militants associatifs et qui permettraient d’aboutir à la « plate forme partagée » du Front de Gauche.

Ce serait un véritable événement politique à gauche en France et un signal pour tous ceux qui tous les jours dans les combats quotidiens, dans le mouvement social, dans les entreprises, parmi les jeunes sont orphelins d’une perspective politique.

Ce que nous proposons fraternellement à nos partenaires du Parti Communistes Français et du Parti de Gauche pour le Front de Gauche, c’est de poursuivre la dynamique de rassemblement qui dans le respect de chaque composante, chaque identité pose des initiatives concrètes pour l’émergence d’une nouvelle force politique, d’une gauche qui crée et redonne l’espoir.


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