Evaluations CM2 : un enseignant de Haute-Vienne suspendu sans salaire "jusqu’à nouvel ordre" pour avoir "faussé le sens des évaluations"

vendredi 22 janvier 2010.
 

Un maître d’école de Haute-Vienne a été suspendu lundi pour avoir refusé d’organiser les évaluations en CM2 telles qu’elles avaient été prévues au ministère de l’Education nationale, a-t-on appris mardi auprès de l’inspection académique.

Les quelque 790.000 élèves de CM2 sont évalués en français et mathématiques du 18 au 22 janvier, un test qui doit permettre au ministère de connaître leurs acquis, mais qui suscite des réticences chez les syndicats et chez des enseignants.

Gilles Lehmann, signataire de "l’Appel des 200 maîtres", une mobilisation de 200 instituteurs pour le boycott total ou partiel des évaluations nationales de CM2, a été suspendu et convoqué vendredi à l’Inspection académique à Limoges pour voir "s’il y a lieu d’engager une procédure disciplinaire", a déclaré à l’AFP Jean-Pierre Gainand, secrétaire général de l’inspection académique de Haute-Vienne.

"Il a faussé le sens de l’évaluation", a expliqué M. Gainand. "Il l’étale sur trois semaines alors qu’elle est prévue sur trois jours, elle n’a donc plus de signification car elle n’a de sens que si tous les élèves la font dans les mêmes conditions", a-t-il dit.

"Il confirme ainsi son refus de faire l’évaluation", a poursuivi M. Gainand. L’enseignant, exerçant à Condat-sur-Vienne, a été remplacé le temps du test qui doit se faire "dans la sérénité" et non dans un "rapport de force", a-t-il ajouté.

"Cet acte odieux est sans précédent depuis l’époque de Vichy", s’est insurgé un communiqué de "l’Appel des 200 maîtres". "Doit-on comprendre que le ministre a décidé de sortir bientôt de leur classe manu militari les milliers d’enseignants qui, d’une façon ou d’une autre, refusent de mettre en oeuvre le protocole national (au moins 30% de la profession l’an dernier)", peut-on encore lire dans ce texte.

Interrogé par l’AFP, Sylvain Grandserre, porte-parole pour cet Appel, a estimé que la suspension immédiate d’un enseignant "est utilisée pour des cas de mise en danger d’enfants : violences, pédophilie, alcoolisme, des choses gravissimes". "L’instituteur faisait juste passer les évaluations différemment", a-t-il dit, affirmant qu’il s’agit cette année "du premier cas (de sanction) attesté et avéré et complètement disproportionné".

L’Appel des 200 maîtres s’oppose au dispositif d’évaluations de CM2 et de cycle 1, car il vise, selon eux, à "évaluer en milieu d’année scolaire une année entière, qui plus est sur des nouveaux programmes récemment imposés".

Le collectif, qui se dit cependant favorable à des "évaluations bien faites", a appelé les enseignants "à s’opposer à ces évaluations selon les modalités de leur choix : boycott, simple passation des compétences déjà travaillées, notation plus intelligente, autre usage des documents".


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