Au sein de la gauche, les choses bougent… (article de L’Humanité)

mardi 5 janvier 2010.
 

À la veille des élections régionales de mars 2010, le paysage de la gauche française change au point que les résultats électoraux pourraient marquer la vie politique des prochaines années.

Les choses bougent à gauche. Les élections régionales de mars 2010 pourraient en être la traduction électorale. En effet, la gauche revient de loin. Son absence au second tour de l’élection présidentielle de 2002 témoignait de son incapacité à offrir une véritable alternative de changement. Chacun a en tête les propos de Lionel Jospin, alors premier ministre, qui avait déclaré face la crise  : « La politique ne peut pas tout. » Pour lui, face aux lois du marché, pas d’autres solutions que de s’adapter. Cette ligne politique fut celle du PS avec les résultats que l’on sait. Lors du congrès de Reims fin 2008, le PS se gauchise avec l’arrivée de Martine Aubry. Mais son orientation politique reste, pour l’essentiel, la même, n’écartant pas, par ailleurs des alliances avec le Modem. À la veille des élections régionales, le PS, qui dirige 20 régions sur 22, poursuit dans cette ambiguïté.

Une offre politique nouvelle à gauche

De son côté, le PCF, après son score catastrophique à la présidentielle de 2002, s’est interrogé sur son devenir. Son implantation locale, son réseau d’élus et de militants, ses initiatives politiques comme celle en faveur du « non » victorieux au référendum contre le traité libéral européen en 2005… ne suffisent pas à lui donner une crédibilité pour offrir une alternative politique. Fin 2008, à son congrès, le PCF en prend la mesure. Il décide de rester communiste et de changer sur le fond et sur la forme sa démarche politique. C’est ainsi qu’il lance l’idée du Front de gauche dynamique ouvert à toutes celles et ceux qui veulent contester le système et construire une perspective politique pleinement à gauche. Des militants socialistes emmenés par Jean-Luc Mélenchon refusant la dérive sociale-démocrate du PS quittent celui-ci fin 2008, créent le Parti de gauche et rejoignent le Front de gauche, de même que des unitaires du NPA autour de Christian Picquet. Première épreuve du feu pour le Front de gauche, les élections européennes avec des résultats encourageants 
(voir notre édition d’hier).

De leur côté, les Verts et Europe Écologie s’appuient sur les inquiétudes liées à l’environnement pour faire prévaloir une démarche se voulant pragmatique. Lors des élections européennes, actant que le traité de Lisbonne instaurant la concurrence libre et non faussée était maintenant une réalité, ils préconisent de faire avec et d’avancer pas à pas.

Les régionales réservent des surprises

Dans le cadre d’une très forte abstention, ce positionnement a fait le plein, notamment sur le dos du PS. Voulant pérenniser leur mouvement et contester, sur son propre terrain, la place du PS, les Verts et Europe Écologie partent seuls au premier tour des élections régionales et ratissent large pour leurs listes.

Chacun semble pouvoir venir avec ses propres bagages, l’ouverture pouvant aller jusqu’au Modem.

Enfin, si la Ligue communiste révolutionnaire a fait, pour tenter de sortir de son isolement, sa mue début 2009 en devenant le Nouveau Parti anticapitaliste, le pari est loin d’être réussi. La notoriété d’Olivier Besancenot ne fait pas tout. Le cavalier seul du NPA aux élections européennes hier et demain aux régionales risque fort de le faire retomber dans ses errements passés.

Ces élections régionales pourraient réserver quelques surprises. Les lignes à l’intérieur de la gauche pourraient bouger. Entre le PS et les Verts/Europe Écologie qui se disputent le courant réformiste à gauche et le Front de gauche qui entend représenter une nouvelle offre politique portant la radicalité et l’alternative ancrée bien à gauche, rien n’est joué.

Max Staat


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