Fiscalité, égalité des chances et égalité réelle

dimanche 27 février 2011.
 

Avertissement : Ces quelques pages ne prétendent pas être un travail universitaire ou scientifique sans être pour autant un tract. Il s’agit seulement de rassembler des réflexions, à vrai dire ordinaires et banales, mais qui, à force d’être expurgées des médias, en finissent jusqu’à même disparaître des conversations courantes. C’est originellement une note à destination de militants du parti socialistes rassemblés dans un atelier de travail sur ”l’égalité réelle”.

Une des évolutions les plus marquantes de la présente société française est l’absence de plus plus complète de mobilité sociale. Cette évolution est désormais si largement ressentie, que les oligarchies possédantes éprouvent indispensable l’ habileté de s’en lamenter aussi, mais en incriminant le système éducatif qui n’accomplirait plus sa tâche. De ce point de vue les ”leaders d’opinion” ( les experts médiatiques ) procèdent à ce qui pourrait s’appeler un détournement de cause véritable .

La clef de voûte de la reproduction sociale reste avant toutes choses la transmission héréditaire des biens. Mais , il semble que ce que suggère le bon sens le plus élémentaire devienne une vérité de plus en plus difficile à découvrir. Cela ne doit nullement nous décourager à la faire partager et nous ne devons pas nous résigner à accepter les archaısmes croissants d’une société qui , à l’instar de l’Ancien régime, ne connait pratiquement plus de mobilité sociale. L’objet ici, est de plaider pour un encouragement de cette mobilité par la voie d’une plus grande redistribution au moment de la succession.

On mesure, par ailleurs, que la question de l’égalité des chances est vaste, même s’il elle est peut-être moins complexe qu’il n’y a un intérêt à nous en persuader ; et que le point de vue adopté ici pour en parler procède aussi d’un choix. Mais que ce choix est motivé par le paradoxe d’une chose qui est la plus essentielle pour la perpétuation - toujours largement dynastique - des inégalités et parvient, dans le même temps à se retrouver quasiment absente des débats organisés pae ceux qui prétendent, sinon y mettre un terme, du moins les atténuer un tant soit peu.

L’intérêt de projets législatifs pour alourdir la fiscalité des grosses successions est multiple.

Dans cette première approche assez grossière nous nous sommes contentés d’en présenter trois motifs.

Le premier est évidemment un souci élémentaire de justice. Les discours lénifiants et pleins de bonne volonté, comme aussi les mesures cosmétiques sur l’´egalité des chances qui les accompagnent, ont évidemment pour objet une diversion qui masque les mesures concrètes et décisives qui vont à son encontre : à savoir les allègements continus et obstinés des droits de succession. Allègements qui ne furent , hélas, pas à l’initiative des seuls gouvernements de droite ( Mécanisme de la donation partage introduit par Pierre Bérégovoy... au seul coût, modeste, de leurs frais d’enregistrement.) Quoiqu’il en soit, et si les mots ont encore un sens, une Gauche véritable ne saurait accepter de voir la France devenir une société de ”fils `a Papa”.

Les signes qu’il ne s’agit point là d’une formule abstraite sont nombreux et variés. Donnons ici peut-être un des exemples parmi les plus saisissants : alors même que l’on voit flamber le prix de l’immobilier, la baisse constatée de l’âge moyen des ”primo-acquéreurs. Baisse de l’ordre de quatre annnées , considérable pour une moyenne, et dont on masque la signification pourtant claire : Des années de travail accumulées ne permettent plus, avec le temps, de parvenir à acquérir un bien immobilier. La place est donc prise par des gens beaucoup plus jeunes qui bénéficient de la donation partage. On voit aussi , ici , comment la diminution des frais de successions est une cause ( peut-être même la première ) du renchérissement de l’immobilier : il fût un temps où l’héritier de quelques immeubles était contraint de céder quelques appartements pour régler les frais de successions, ce qui infléchissait les prix du marché. Ce point est à souligner dans la mesure où les partisans de la diminution des droits de succession expliquent que le préjudice subi par ceux qui naissent dans des familles sans biens ni héritage ne serait finalement qu’un préjudice relatif 1. On montre ici que la diminution de ces droits, par le renchérissement provoqué de certains biens , les rend inaccessibles aux revenus du travail et que l’on peut donc parler, sans réserves, de préjudice absolu.

Le deuxième intérêt est d’efficacité économique à long terme. Il part d’un constat occulté par les néolibéraux parce qu’il prend leur rhétorique à front renversé : Plus qu’un développement trop théorique et ici hors de propos, on donnera un exemple qui n’est point, hélas, de pure fiction. Il suffit d’imaginer Mr X excessivement qualifié pour diriger une entreprise fabricatrice d’un certain bien et son concurrent Mr Y bien moins qualifié pour la chose. Mais Mr Y possède , par la famille, la totalité du capital qui lui a permis d’acquérir ( par héritage, aux frais si diminués ces dernières années, par exemple ) sans emprunt son entreprise. Mr X (s’il a encore pu convaincre des banques de lui accorder un prêt ) doit payer chaque mois de très lourdes traites pour rembourser son prêt. Survient une récession ; la diminution des ventes de l’entreprise X est nettement moins marquée que celle de l’entreprise Y, mais le remboursement des traites n’autorise pas cette diminution même relativement faible des ventes. L’entreprise X fait faillite et l’entreprise Y survit. Pour finir , et pour s’exprimer comme un supporter sportif, on aura fait gagner le moins bon et, dans les moments ultérieurs de concurrence avec l’étranger et sur le long terme, l’économie française sera bien moins armée que si elle avait favorisé le talent et la compétence2 au détriment de l’héritier. Car ne nous y trompons pas, la transmission facilitée des entreprises relève de ce que l’on pourrait appeler le ”capitalisme de Papa” et devient un véritable obstacle `a la modernisation de notre économie qui n’entend soumettre à l’épreuve que ceux qui ne vivent que des revenus de leur travail.

Le troisième est polémique et de contre-feu. Le renoncement de la Gauche, et que ses partisans n’espèrent pas, à d´énoncer et atténuer les avantages exhorbitants des grandes familles permet toujours aux oligarchies possédantes de se poser en parti du mouvement en occupant les médias à dénoncer les privilèges de gens socialement parfaitement ordinaires ( Avec une cohorte de journalistes imbriqués dans la haute société et chargés de fustiger les revendications légitimes du monde du travail invariablement qualifiées ”de défense archaıque ” d’intérêts corporatistes, tant il est vrai que les rentiers et autres héritiers/actionnaires ne sont point une corporation).

Car il faut se rendre à cette triste évidence : Le monde réel s’identifie à ce dont les médias veulent bien parler : Une initiative législative pour alourdir les frais de succession, par le débat qu’il provoquerait , serait une une leçon d’économie politique profitable à tous les citoyens.

On pourrait en espérer quelque chose qui ressemblerait à une émancipation intellectuelle : Les propos inimaginables d’une Parisot qui explique que, la vie et l’amour étant précaires, le travail pourrait bien l’être aussi, ne sont possibles que par son intime conviction que plus personne ne soit désormais capable d’envisager que la grande propriété privée puisse aussi être , sinon précaire, du moins l’aliment d’une réflexion critique, pour la simple raison que l’on envisage rien d’une chose qui réussit à ne plus faire parler d’elle. On voit donc comment, les renoncements , si faciles, à une politique de répartition stimulent une ligne de force de la mentalité3 des possédants par héritage qui traverse notre histoire, à savoir cette irresponsabilité Marie-Antoinettisante ”`a la Seillières” qui resurgit dès que son impunité semble assurée. Ce débat remettrait aussi de l’ordre dans les consciences : Si le sillon médiatique, indéfiniment recreusé, sur les avantages des employés des chemin de fer à quelques voyages gratuits par an ou à ceux d’EDF qui ont une ristourne sur leur consommation personnelle ( Cet immense scandale correspond tout au mieux à une augmentation de salaire de 80euros..... ) n’affecte point les esprits justes, d’autres4 devraient profiter de la révélation de ce que sont les vrais privilèges pour voir le monde ailleurs que par le seul petit bout de la lorgnette.

Enfin dans la mesure où , à toute fin de culpabilisation de ceux qui ne vivent que des revenus de leur travail, les néolibéraux exhaltent le mérite en avançant que sa juste rétribution serait leur objet, nous devons donc contre-marteler qu’ils agissent à rebours par les allègements des successions. A l’occasion d’un débat législatif progresserait la compréhension des véritables tenants et aboutissants de ce moralisme mensonger par lequel la droite parvient encore à s’attirer une part des suffrages de ceux qui en sont les premières victimes.

De manière concomitante pourrait s’ouvrir en de nouveaux termes, le débat sur la dette dont il nous est rappelé ad libitum que nos enfants devront la rembourser. Cette formulation des choses d’une neutralité technicienne fait oublier5 qu’une dette ne suppose pas seulement un débiteur mais aussi un créancier, et que nos enfants ne rembourseront point une dette contractée auprès d’une personne qui n’existe pas. Aussi faut- il affirmer avec force ce que cela signifie : Les enfants des familles qui n’ont pas bénéficié des cadeaux fiscaux de la droite, rembourseront la dette - capital et intérêt compris - aux enfants des familles qui ont prêté à l’ Etat l’argent qu’elles ne lui ont plus versé en impôt . Il est essentiel de comprendre que ce tribut des familles modestes aux familles aisées représentera un obstacle considérable à venir pour l’égalité des chances.

Aussi si la dette doit être remboursée ( et les nations y sont contraintes par le droit ) il faut s’efforcer qu’elle le soit d’abord par ceux qu’elle a enrichis par les diminutions d’impôt qui l’ont provoquée et qui sont aussi, pour une large part, les créanciers d’aujourd’hui qui s’enrichissent des intérêts de cette dette.

Or le moment le plus indolore pour restituer à l’Etat ce qu’il aurait dû recevoir est évidemment le moment de la succession pour une raison psychologique aisée à comprendre : au lieu de devoir se désaisir d’un bien que l’on possède déjà, on ne reçoit qu’une part diminuée d’un bien qui n’était qu’à venir, ce qui, en principe, n’entraine pas une altération de la manière de vivre, mais tout au pire une amélioration moindre qu’espérée.

On voudrait achever ce plaidoyer pour l’alourdissement des frais de succession par quelques réflexions annexes : La recherche d’une plus grande égalité des chances est vouée à l’´echec si on surestime l’école comme moyen d’y parvenir. Sans aucun doute elle doit y apporter sa contribution qu’on espère la plus grande possible, mais la croyance , réelle ou simulée, du pouvoir exagéré de cette contribution , est souvent à mettre en regard avec l’absence du courage politique qui se manifeste dès lors qu’il s’agit de s’attaquer au soubassement économique qui est au premier fondement de l’inégalité des chances. De ce point de vue la discrimination positive ressemble peut-être à un miroir aux alouettes : Elle finit souvent par mettre en cause la véracité de diplômes qui, par le passé, assuraient presque à coup sûr une amélioration de la condition sociale d’une part des gens d’origine modeste. Les initiatives comme la ”pédagogie de la réussite” ne semblent pas non plus avoir accru un tant soi peu la mobilité sociale. Enfin elles ont pu, ici et là, exercer une pression pour l’´édulcoration du contenu scientifique de l’enseignement particulièrement préjudiciable aux enfants des milieux populaires.

Observons aussi que la société américaine pratique la discrimination positive. La concommitance de cette pratique avec une tragique inégalité de répartition des richesses n’est point un hasard mais au contraire un signe : la discrimination positive y relève de ces choses lénifiantes et à valeur d’exorcisme qui accompagnent les injustices radicales.

Enfin la discrimination y est aussi souvent attachée à l’appartenance à certaines minorités répertoriées. Force est d’admettre que s’il est une discrimination c’est bien de naître dans une famille dépourvue de biens et que cette discrimination6 déborde les communautés et minorités ( notion difficile à préciser en droit républicain ) . Dans ces conditions la véritable discrimination positive serait d’attribuer à toute jeune personne issue d’une famille sans biens, un capital qui lui permette d’acquérir une entreprise ou un bien immobilier. Comme il n’en sera jamais question, convenons alors qu’est impossible l’économie d’un alourdissement de l’impôt sur les successions pour diminuer la distance entre les lignes de départ.

Pour compléter ce propos on voudrait mettre en garde contre le caractère facilement pernicieux de la locution ”combat pour l’égalité des chances,” dont l’usage7 indique souvent, par défaut, que l’on a renoncé à combattre pour l’égalité tout court. Et, en substance, nous avons voulu montrer qu’il ne saurait y avoir d’égalité des chances sans égalité tout court et que, de ce point de vue, la situation française est devenue grave. Qu’on en juge : une croissance moyenne de 2% par an pendant vingt ans ( Tout cela pour fixer les idées : ce ne sont point là les chiffres exacts, que chacun pourra facilement se fournir par ailleurs. ) signifie un accroissement de la production des richesses de 40% ( En fait nettement plus si on veut bien faire un calcul savant d’intérêts composés ). Dans le même temps la rémunération du travail a diminué en termes réels, sans parler des périodes récurrentes de chômage qui affectent une part du monde du travail ; part qu’on voudrait nous faire croire en décrue . Les services publics, notamment en zone rurale, n’ont plus leurs dotations d’antan etc etc et mille et mille choses qui signalent la concommitance d’un appauvrissement accru de la multitude avec un enrichissement global.

Avec l’idée force que rien ne se perdait et que rien ne se créait, Lavoisier réussit à découvrir des choses cachées. Par quelles singulières inhibitions refusons nous aujourd’hui d’en découvrir ?

D’autant qu’ignorées par les grands moyens d’information, elles ne sont, à vrai dire, pas totalement inconnues : Il fût un temps pas si lointain ( une quinzaine ou une vingtaine d’années ) où la rémunération du travail représentait un peu plus de 70% des richesses produites ( et corrélativement celle du capital un peu moins de 30% ). Pour l’heure les ratios respectifs seraient d’un peu moins de 60% et d’un peu plus de 40%. Ce déplacement vertigineux de la répartition des richesses est probablement l’évènement le plus marquant ( et dont on parle le moins...) de l’histoire économique et sociale de la France du vingtième siècle finissant . Et c’est avec ce nouveau ratio qu’il est devenu impossible de payer les retraites, d’équilibrer les comptes de la sécurité sociale et de financer les hôpitaux , les transports collectifs etc.... Avec des ratios respectifs de 80% et 20% le bien-être de la multitude se serait au contraire accru dans des proportions spectaculaires.

Il arrive que l’on mesure la quantité de scandale contenue dans une vérité par la nécessité qu’on éprouve d’abaisser la voix en l’énonçant. Celle-ci par exemple : C’est l’enrichissement8 jusqu’ à l’absurde des 1% de français plus riches, depuis bientôt vingt ans, qui ruine proprement la France si on veut bien encore la penser comme aussi l’´ecrasante majorité des gens qui y vivent. Et encore comme aussi les entreprises et les services publics qui garantissent l’indépendance et la souveraineté de son peuple.

La naissance dans une grande famille procure ipso facto droits, statuts et protections. C’est un élément de la modernité que d’en avoir procurés - certes plus limités - à une partie des gens ”ordinaires”. (droit du travail, droit à certaines prestations sociales, congés payés et maladie, garanties professionnelles attachées à la reconnaissance de la valeur de certains diplômes et concours, indemnités chômage etc...). La politique9 dite ”de rupture” consiste précisément à remettre en cause ces quelques éléments d’une politique de répartition. Dans la mesure où elle irait clairement au delà de ce qui est strictement nécessaire à pérenniser la domination des possédants, on peut, sans exagérer, la mieux qualifier en ”politique de guerre civile”. Cette attitude offensive ( La toute récente patte de velours des libéraux à dix mois des élections ne doit pas faire illusion ) est encouragée par l’idée que, quoiqu’il arrive, la Gauche se contentera au pis ( c’est à dire pour nous au mieux ) de la défense du présent statu quo en terme de répartition des richesses.

Quoiqu’il en soit la seule défense du statu quo ne suffira pas pour freiner la marche du chaos inégalitaire. Il faut, sur ce chapitre, aller de l’avant et nous espérons avoir bien plaidé pour un alourdissement sur les grosses successions. Pour conclure , et quand bien même la volonté de redistribuer au moment de la succession serait sans failles, on doit garder à l’esprit que cela exige autant de précautions que de détermination. Tout d’abord, et en l’absence actuelle de possibilité d’harmonisation fiscale européenne sur ce chapitre, il faut bien admettre qu’il serait très difficile de franchir le taux ”psychologique” de 50% en ligne directe. On en est loin : avec les abattements , donations sans frais, exemptions de toutes sortes10 et il semble qu’on ne parvienne au taux de 40% en ligne directe que pour la partie de la succession qui exc`ede un montant double de celui de l’ISF.

En fait, rapidement et dès le début de la législature, la Gauche devrait proposer pour la partie de la succession qui, pour chaque héritier, dépasse le seuil de 1 000 000 d’euros, un taux d’imposition en ligne directe compris entre 45 et 50%. Cette mesure appliquée à partir de ce franchissement symbolique, manifesterait avec éclat que la Gauche n’est pas le parti des riches eu égard à ce que la confusion sur ce chapitre entretient le vote Front National dans les milieux populaires8.

Et dont les signes ne font pas d´efaut : engorgement des ports de plaisance avec ”pénurie d’anneaux”, manoirs et châteaux classés , souvent à l’abandon il y trente ans, et au nombre désormais en-deçà de la demande, explosion du prix des oeuvres d’art, du mobilier ancien et des vins fins, des îles privées etc... Augmentation des profits du CAC40 de plus de 50 milliards d’euros en 2004 de plus de quatre vingts en 2005 de plus de 60% l’an dernier des dividendes des actionnaires de GDF. Tout cela pour répondre à Laurence Parisot, qui avec un admirable sans froid , explique que les Français ne connaissent pas les statistiques, assurée qu’elle est, qu’effectivement, la plupart les ignorent eu égard au peu de publicité qu’on leur donne. Mais aussi parce que tout cela concomitant au déchainement des médias contre les régimes spéciaux de retraite au nom du principe de ......l’égalité ! 9Et dont le protocole de Lisbonne est, pour une large part, une variante européenne 10Ainsi un vignoble dans les appellations contrôlées, bien à la possession duquel sont souvent attachées les familles bourgeoises par ailleurs parfaitement citadines, jouirait d’un abattement de 75% avec l’argument, qui fait sourire le maître de chaix, que la poursuite d’une tradition familiale concourrait à la qualité du vin.

Celà exigera de la détermination : l’abolition du travail des moins de douze ans, celle de l’esclavage, l’introduction des congés payés, de l’impôt sur le revenu , la diminution du temps de travail ( Pourtant très en-deçà des gains de productivité induits par le progrès technique, en-deçà qui nourrit le chômage de masse ) etc... ont chaque fois provoqué de véhémentes mises en garde des possédants. Ne doutons point que tous les experts des ”instituts de recherches et prospectives” , ”cercles des économistes” , ”Institut Montaigne” et autres ”credoc”’ et ”observatoires de la conjoncture”, toutes officines pseudo-scientifiques financées par de l’argent privé et qui investissent massivement les médias ( Tant il est vrai que c’est leur façade de sérieux à seule fin d’intimidation qui en est la véritable raison sociale ) ne dérogeront toujours pas à cette tradition alarmiste.

A tout le moins pourrons nous alors, avec le plus grand calme, rappeler qu’aux Etats Unis dans les années cinquante , le taux d’imposition sur les successions en ligne directe dépassait largement les 50%. Epoque effectivement de plus grande mobilité sociale pendant laquelle le self made man - ce fleuron de l’idéologie - devint presque une réalité....

Voici donc, exposés avec une absence de détours évidemment interdite à qui exerce des responsabilités publiques, quelques arguments et suggestions pour ceux de ces responsables qui n’auraient pas totalement renoncé à une atténuation effective des inégalités ”tout court” qui sont le premier obstacle à l’égalité des chances.

Compléments sur la fiscalité du revenu

En Automne 2005, au moment de la formation d’un gouvernement CDU-SPD , les sociaux d´emocrates ont obtenus l’augmentation de 42% `a 45% du taux de la dernière tranche de l’impôt sur le revenu. ( A vrai dire ce taux dépassait 50% au moment où Gerhard Schroder devenait chancelier... mais peu importe ici ). Une information intéressante portée à la connaissance des lecteurs du Figaro ou des Echos mais pas à ceux du Monde, du Nouvel observateur ou de Libération, et vous êtes invités à deviner pourquoi, nous apprend que ce taux devrait s’appliquer à partir d’un revenu de 20 000 euros par mois ou de 40 000 euros pour un couple. Fût particulièrement occultée l’information que ces montants ne concernent point une poignée de contribuables mais 5% des foyers fiscaux !

Quoiqu’il en soit, et pour ce qui concerne la France, la diminution du taux d’imposition initiée par les deux derniers gouvernements doit nous faire prendre conscience d’une chose : alors que l’on nous explique que nous serions contraints à la baisse de l’impôt sur le revenu par la nécessité de s’aligner sur ce qui se fait ailleurs, c’est en réalité la France qui pratique ici une forme de dumping fiscal et une première mesure urgente à prendre, qui contribuerait enfin à la construction européenne au bon sens du terme, serait de relever la tranche d’imposition la plus élevée au même niveau ( 45% ) et à partir du même montant de revenus. En l’absence de cette décision les conservateurs allemands finiront par obtenir l’alignement sur le taux supérieur d’imposition que nous connaissons ( 40% ) ce qui en rendra alors très difficile le relèvement chez nous.

Il y a dans la progressivité de l’impôt un trait marquant : l’augmentation des tranches est très rapide mais s’arrête aussi très rapidement. Si bien qu’avec 7000 euros de revenus mensuels on est peut-être bien au même taux qu’à 700 000 !

Un écueil menace la Gauche : Ce serait, par absence de courage à chercher les ressources fiscales chez les possédants, d’en nourrir essentiellement l’assiette par les revenus du travail qualifié et plus précisément sur les moins dissimulables d’entre eux. C’est une erreur , évidemment sur le plan de la pure justice, mais aussi politique qui nous fait entrer dans le jeu de la droite qui est de persuader, par exemple les cadres même moyens et petits, qu’ils sont partie prenante de la vraie bourgeoisie.

Aussi le montant de 20 000 euros par mois est-t-il raisonnable : peu de revenus, même du travail très qualifié, parviennent à ce niveau ; sont donc concernés au premier chef les revenus de la rente. Un rééquilibrage des taux respectifs d’imposition du capital et du travail est en effet une urgence pour qui veut promouvoir l’égalité des chances.

Les ”promus” éventuels ne pouvant l’être en général que par la qualification de leur travail. Rappelons aussi qu’il fût un temps, pas si lointain , où la dernière tranche de l’impôt sur le revenu était de 65%. On voit le chemin parcouru depuis lors par les néo-libéraux. En ces temps, pas si lointains, le monde n’allait pas forcément plus mal....

Deuxième complément sur l’égalité des chances : A propos de l’héritage négatif

Si l’égalité des chances est faible, il advient malgré tout , occasionnellement , que des enfants de milieu modeste, et au prix d’une quantité d’efforts et de mérite qu’il n’est pas difficile d’imaginer, arrivent finalement à changer de condition sociale. Arrivant à l’âge où ces efforts peuvent apporter un peu de bien être, ils en sont privés par l’obligation d’aider le milieu nécessiteux dont ils proviennent.

L’expression d’héritage négatif n’est pas du tout impropre pour désigner cet état de fait, qui est un épisode particulièrement mal ressenti par des gens qui pensent devoir le peu qu’ils ont obtenu, exclusivement à leur peine et à leur courage. Etat de fait qui donne une consistance objective à l’idée, répandue dans les milieux populaires et sujette à y décourager toute forme d’ambition sociale , que, quoi que vous fassiez, vous serez toujours rattrapé par la modestie de vos origines. Idée qui, si elle n’était qu’ un fantasme serait déjé un obstacle à l’égalité des chances ; mais idée , on le voit entre autres par l’exemple de l’héritage négatif , assez largement conforme à la réalité, comme l’est aussi a contrario celle qui veut qu’un enfant de la vraie bourgeoisie ne puisse, héritage positif oblige, quasiment jamais déchoir.

Cet état de fait nous montre aussi le véritable sens qu’il faut donner aux ”solidarités familiales” qui sont parmi les incantations crèvecoeurs favorites de Jacques Chirac pour combattre la fracture sociale : Dans une famille de smicards ou de RMI’stes un enfant sera parvenu à devenir enseignant , cheminot ingénieur ou postier. Une part non négligeable de ses revenus sera alors consacrée à aider les siens quand un enfant des beaux quartiers n’aura point à aider des parents qui peuvent largement subvenir à eux mêmes, au point de pouvoir même lui accorder, en sus, dons manuels et donations partages !

A l’instar de certains aspects de la décentralisation ( voir la note no 11 ), on voit toujours cette même philosophie à l’oeuvre qui voudrait que la solidarité se fasse d’une part entre les pauvres entre eux ( et plus précisément à l’intérieur d’une famille pauvre ou d’une région ou d’une commune pauvre) et d’autre part entre les riches entre eux, où elle ne réclame évidemment aucun effort ! Dans cette perspective, disons aussi que des formules comme ”la défense de la famille” contiennent des ambiguités possibles qui devraient être levées , à tout le moins par les représentants élus de la Gauche s’ils veulent absolument en faire usage. Usage qui, d’ailleurs, n’est probablement pas la première exigence de leurs électorats populaires, qui ne désespèrent pas d’ être un jour et en toute logique, la juste priorité d’une assemblée qu’ils auraient élue, et pensent a contrario que point trop n’en faudrait peut-être par ailleurs.

Quoiqu’il en soit, on voit que toutes les considérations qui précèdent sont essentielles pour la question qui nous occupe, car quand bien même l’égalité des chances se serait accrue, l’héritage négatif détruirait, pour qui concerne, les effets concrets et souhaités de la mobilité sociale .

Aussi, et c’est une dernière suggestion, la Gauche, revenue aux affaires, devrait t elle d’emblée rendre aux salariés leur lundi de Pentecôte ( ce qui manifestera symboliquement et avec éclat que la Gauche reviendra systématiquement et prioritairement sur toute tentative d’augmentation du temps de travail ) et faire valoir que la haussse au delà de 45% du taux sur les grosses successions comme le plafonnement des dons manuels et autres donations partages seront consacrés au financement de la solidarité nécessaire avec les personnes âgées ce qui entend aussi l’obligation alimentaire, les prestations dépendance etc etc.... La Gauche parlementaire prendrait ainsi une mesure qui ne serait point propre à décourager son électorat ( où se rencontre la plus grosse part de ceux qu’affecte l’héritage négatif ) de se déplacer aux urnes. D’ici là nous espérons avoir fait comprendre que l’héritage négatif est un des éléments, apparus ces dernières années, parmi les plus importants de l’aggravation de la condition populaire consécutive au démantèlement néolibéral des politiques de redistribution.

Ces informations portées, ici, aux élus de la Gauche, quelquefois tentés de penser, par un défaut de conscience, du fossé croissant entre les médias ( aux mains de l’argent et à l’inconsistance délibérée ) et leur électorat populaire , que celui ci s’intéresserait prioritairement aux Paris plage, aux sciences de l’éducation, aux fêtes de la Musique, au mariage homosexuel, `a la promotion de la culture jeune ou aux affaires Clearstream.

Alors que n’inspirent pas forcément que de l’ennui, des questions comme celle de l’indépendance du judiciaire par rapport à l’´exécutif, meurtrie par l’individualisation des primes des magistrats et leur ”sanctionnabilité” ´eventuelle12 , comme aussi celle de la souveraineté populaire , coquille vidée de sa substance par les privatisations de secteurs stratégiques, ou comme encore celle du naufrage de l’Egalité républicaine entrainée par le tourbillon, toujours plus rapide, de la diminution des droits de successions.

Car enfin, s’il est un enjeu pour les possédants, c’est ´evidemment la constitution d’une Gauche qui renoncerait à l’être, à toute fin de détourner l’opposition populaire de son véritable objet. Aussi le rouleau compresseur médiatique à désigner comme derniers tabous à transgresser, ce qui sont les principes même à toujours défendre de la Gauche et la distingue encore véritablement de la droite, est une exhortation chaque jour plus violente à ce renoncement.

Poursuivons Jaurès et Blum en refusant d’être les instruments de ce détournement si nous ne voulons pas voir le peuple - cette réalité obstinée - se détourner de nous.

Premier ´epilogue : L’égalité pervertie

L’actualit´e dicte la r´edaction empress´ee, sinon pr´ematur´ee, de ce bref et premier ´epilogue. On comprend, par tout ce qui pr´ec`ede, l’animosit´e que rencontre n´ecessairement l’Egalit´e. Mais, son pire ennemi, c’est peut-ˆetre bien son travestissement : on veut parler de l,´egalit´e pervertie. A son d´epart il y a cette observation banale : les m´etiers ne sont pas identiques et les existences des gens qui doivent tous vivre de leur labeur ne peuvent pas ˆetre absolument semblables. A des m´etiers diff´erents sont in´evitablement attach´es des avantages particuliers qui, pour ˆetre ´eventuellement sensibles, ne r´evolutionnent point pour autant la condition sociale de ceux qui les exercent, et sont per¸cus comme in´egalit´es fondamentales alors qu’on devrait la plupart du temps y voir des diff´erences. On comprend, par exemple que l’employ´e des chemins de fer ou du m´etro utilise de mani`ere moins on´ereuse les transports en commun, que qui travaille dans la culture aille souvent grˆacieusement au spectacle, que les m´etiers de r´eflexion aient une plus grande libert´e `a disposer de leur temps, que ceux qui travaillent dans la restauration puissent se fournir du bon vin `a meilleur prix etc etc Aucun de ces avantages ne vous permettra jamais d’habiter dans un hˆotel particulier de 600m2 Avenue de Saxe, de 12Qui voudra condamner un G´erard Longuet, un Jacques M´edecin ou un Patrick Balkany le fera avec une ´ep´ee de Damocl`es au dessus du crˆane : la complexit´e mˆeme de la proc´edure empˆechera la plus pr´ecautionneuse d’ˆetre jamais compl´etement inattaquable. Un garde des sceaux qui voudra noyer son chat lui trouvera ais´ement la rage. 9 poss´eder une ´ecurie de chevaux de courses , d’organiser une r´eception de 300 personnes sur votre Yacht, de rassembler une collection d’oeuvres d’art, d’arrˆeter de travailler pendant trois ans pour pouvoir faire - enfin ! - le tour des grands safaris du monde ou , plus modestement, de jamais ˆetre un jour invit´e `a dˆıner chez le duc de Windsor , mˆeme - et peut-ˆetre surtout - en toute simplicit´e. Mais, par ailleurs, le combat permanent des riches pour d´egager de la plus value exige un soutien d’opinion qui d´eborde son cercle trop restreint. Et c’est l`a que l’´egalit´e pervertie montre toute son utilit´e. Les revenus du travail, souvent d`es lors qu’ils sont seulement d´ecents, arrivent `a ˆetre stigmatis´es aupr`es de gens qui ne les atteignent pas et ne saisissent pas toujours d’embl´ee la solidarit´e fondamentale qui r´eunit entre eux tous les revenus du travail. Les avantages d´ecrits plus haut sont alors mont´es en ´epingle comme arrivent `a l’ˆetre, pour finir, les salari´es les uns contre les autres. C’est aussi l’extrˆeme cloisonnement de la soci´et´e fran¸caise ( qui fait qu’une personne de condition ordinaire a toute chance de ne jamais fr´equenter sinon mˆeme de ne jamais rencontrer un vrai riche sa vie durant ) qui permet de pointer comme in´egalit´es et privil`eges ces avantages qui doivent, pour leur quasi-totalit´e , n’ˆetre ´evidemment consid´er´es que comme des droits, certes particuliers, mais toujours relativement modestes et presque invariablement pour des cat´egories qui ne vivent que des revenus de leur travail. A l’instar des fausses sciences rien n’est plus r´epandu et vulgaris´e que l’´egalit´e pervertie : qui n’a connu l’ennui profond d’une soir´ee avec la complainte des jeunes qui ne veulent plus vraiment travailler ( pardi ! ) des chˆomeurs qui ne font pas d’efforts suffisants pour retrouver du travail et qui ”profitent du systˆeme” sans parler des vacances des enseignants, des trente cinq heures qui ruinent la France qui ne s’en sortira qu’en travaillant13 plus, des RMI’stes qui se l`event `a midi et maintenant des r´egimes sp´eciaux14 dont nous devons tous porter le fardeau etc... Oui qui n’a ´eprouv´e si brillant convive au seul plaisir de l’existence que celui de cette indignation absurde facile et fastidieuse et qui donne souvent le regret de n’avoir point le talent d’un Cabu pour en mieux parler. Car cette f´erocit´e qu’inspire la vuln´erabilit´e connaˆıt son envers : Au spectacle de la vie de chˆateau des h´eritiers, c’est `a dire `a celui de la v´eritable vie d’assist´e, l’indignation fait soudain d´efaut : `a tout le moins p`ere fouettard est t il fermement tenu en respect par la v´eritable puissance sociale. C’est le premier des animaux malades de la peste `a crier ”haro sur le baudet”. On ne mesurera aussi jamais assez jusqu’`a quel point l’´egalit´e pervertie s’attache surtout aux bricoles. Ce ne sont qu’utilisation de R25 par les ´elus, de cigares fum´es par Marc Blondel, ou d’une paire de chaussures de luxe ( pourtant `a la port´ee de la plus large part des gens ordinaires si c’´etait un jour leur caprice ) achet´ee par Roland Dumas. Pourtant un calcul simple montre que la grande fortune serait en mesure d’acheter chaque jour et sans jamais discontinuer et ce durant la totalit´e d’un si`ecle cent paires de chaussures du mod`ele en question ! Mais la bˆete `a cornes qui fonce toujours l`a o`u on le lui enjoint, refusera jamais de voir autre chose que l’unique paire de chaussures achet´ee une seule fois et pour toutes au cours du si`ecle. Prenons conscience que le d´ebordement de l’´egalit´e pervertie au del`a du seul cercle v´eritablement interess´e des poss´edants est une des grandes difficult´es politiques du moment. Des moments 13Il est pourtant bien rare que notre stakhanoviste soit mineur de fond.... De nos enfances on garde la m´emoire, de ce qu’en termes trop familier on appelait les ”vieux schnocks”, et qui pestaient contre les cong´es pay´es d´ej`a convoyeurs de ruine et de paresse : cette th´ematique qui se renouvelle sans cesse en restant toujours la mˆeme proc`ede sans doute de l’adaptibilit´e du capitalisme. 14Le coˆut pour la soci´et´e `a faire partir en retraite les cheminots `a 55ans est pourtant moins on´ereux que les catastrophes ferroviaires de trains dont la conduite exige un stress et une attention d’autant plus accrue qu’ils roulent d´esormais tr`es vite. Mais, `a l’instar des chemins de fer britanniques il faudra probablement que la catastrophe arrive pour en prendre la mesure... 10 de cristallisation privil´egi´es produiraient, parmi les gens de condition ordinaire, des ´emules de l’´egalit´e pervertie. Plutˆot qu’une longue d´emonstration, donnons un des plus fr´equents exemples de cristallisation : Mr X passe le concours des postes ; sans mˆeme que cela n’incrimine n´ecessairement quelque v´eritable inaptitude, et que la chose soit aussi le fruit des circonstances, Mr X n’est pas re¸cu au concours des postes. Chacun est en mesure de comprendre l’amertume de Mr X et l’´eprouverait tout autant que lui. Mais la machine connaˆıt un d´er´eglement : sa vie durant et pour peu qu’un Fillon ou un Devedjian orchestre , avec l’aide des m´edias, une campagne de d´enigrement des postiers , leur retire une prime ou d´egrade leur statut , Mr X connaˆıt une v´eritable jubilation. Que l’on fasse alors valoir `a Mr X que le concours des postes lui ´etait ouvert , que ses enfants peuvent encore le passer alors qu’il ne sera jamais question d’ˆetre un h´eritier de Wendel, rien n’y fera, Mr X jouera les int´erˆets des de Wendel contre celui des siens et des gens de son propre milieu pour lesquels ont ´et´e arrach´es ces statuts. Inutile de dire que Mr X qui invoque la justice pour d´enoncer ”les privil`eges” des postiers donne surtout l’impression d’ˆetre ulc´er´e par la possibilit´e du bonheur chez ses semblables... Incriminant l’avoir mais visant en r´ealit´e l’ˆetre, on comprend alors mieux pourquoi la r´epartition des richesses lui inspire autant de sophismes et de paralogismes, et un philosophe d’ob´edience nietzsch´eenne ne manquerait pas d’y voir un homme du ressentiment. Mais ces consid´erations psychologisantes nous importeraient bien peu - apr`es tout autant en emporte le vent - si, amertume aidant, l’´egalitariste pervers n’´etait, le moment venu, ce briseur de statuts si secourable aux poss´edants : un autre, et pas moins philosophe que le pr´ec´edent y verrait plutˆot un homme qui ne per¸coit pas exactement la place qu’il occupe dans l’´echelle sociale. Et voil`a , si l’on peut dire, d´emont´ee pi`ece par pi`ece, une des innombrables machines `a fabriquer les ”vieux r´eacs.” Il y a dans la soci´et´e fran¸caise une officine qui a proprement fait de l’´egalit´e pervertie sa griffe personnelle : c’est la cfdt, cheville ouvri`ere de l’´egalisation ( vers le bas cela va de soi ) des revenus du travail. Sa mansu`etude envers les grandes familles n’a d’´egale que sa furia rabottante par ailleurs . L`a encore les in´egalit´es mod´er´ees qui proc`edent, en principe, des ´ecarts de qualification ( et peut-ˆetre par ce qu’elles interpellent plus fondamentalement comme nous l’a d´emontr´e Mr X) sont combattues impitoyablement et concr´etement au nom de l’´egalit´e, alors que les gouffres b´eants d’in´egalit´e qui proc`edent de l’arbitraire de la naissance n’inspirent `a la cfdt que des propos g´en´eraux et sans port´ee `a seule destination de ce qu’il reste d’encore cr´edule `a sa base. L’´egalit´e pervertie dispose de canaux privil´egi´es : Le Monde, Lib´eration et le Nouvel Observateur15 Elle a aussi ses clercs : la revue ”Esprit” o`u - sans que l’on sache s’il s’agit toujours d’un malentendu - l’´egalit´e pervertie y participe `a l’occasion du g´enie du christiannisme. La tˆache de ces canaux privil´egi´es est de dissimuler les v´eritables conflits d’int´erˆet qui agitent notre soci´et´e et d’en inventer qui n’ont pas de r´ealit´e : Ainsi chacun comprend qu’un vieux baron milliardaire soit bien plus solidaire de ses petits enfants que d’un ouvrier aussi ag´e que lui et avec une retraite mis´erable : c’est le travail du ”Monde” que de nous persuader que nous avons d’abord affaire `a un ”conflit interg´en´erationnel.” Cette rh´etorique rel`eve ´evidemment du prol´egom`ene `a diminuer ou `a faire totalement disparaˆıtre la retraite du vieil ouvrier au motif qu’il serait un privil´egi´e d’ˆetre un tout petit moins fauch´e que son petit fils au chˆomage. Privil´egi´e doubl´e d’un ´egoıste irresponsable qui va transmettre la dette publique `a nos enfants. Vit t on jamais l’´egalit´e pervertie plus op´eratoire ! Une br`eche o`u l’´egalit´e pervertie aime `a s’engouffrer : l’humanitaire et le caritatif. On sait, de toute ´eternit´e que si, de tous les proc´ed´es possibles de la r´epartition, la charit´e est le favori 15Indiquons que son actuel directeur et propri´etaire , Claude Perdriel - parmi les plus grandes fortunes fran¸caises - peut l´egitimement revendiquer devant l’Histoire d’ˆetre l’inventeur de la ”nouvelle gauche”, corps de doctrine avec pr´ecis´ement l’´egalit´e pervertie comme pierre d’angle. 11 des beaux quartiers, c’est non seulement parce qu’il est le plus limit´e en r´esultats, mais aussi parcequ’il est le seul `a renforcer la domination au lieu16 de l’att´enuer . Elle guide bien des campagnes humanitaires vers les pays en d´eveloppement avec des aspects qu’on juge souvent prudent de ne pas souligner. Outre qu’elles sont l´enifiantes quand aux plans d’ajustements structurels du FMI ( qui ont probablement d’ores et d´ej`a fait un nombre de victimes peut- ˆetre `a mettre d´esormais en regard avec celui de ce que l’on consid`ere habituellement comme les plus grands crimes contre l’humanit´e17 du vingti`eme si`ecle) et que n’est point vaine la question des causes ; on doit aussi constater, dans un registre ´evidemment moins dramatique, que l’´egalit´e pervertie s’y manifeste souvent en filigrane. Ces campagnes peuvent, en effet, donner la sensation d´eplaisante que la compassion ostentatoire envers les plus d´esh´erit´es est l’occasion, sinon le pr´etexte, du message18 subliminal qui suit : Vous les malheureux des pays industrialis´es, vous n’ˆetes pas les plus `a plaindre ! et dans vos revendications il y a quelquechose d’ind´ecent et d’inconvenant ! L’´egalit´e pervertie ne saurait ˆetre plus flagrante..... Si, dans le cas le plus fr´equent, l’´egalit´e pervertie est un mouvement spontan´e de l’ˆame , il arrive aussi qu’on l’invoque apr`es avoir cr´ee d´elib´er´ement la situation qui en permette l’usage. Illustrons par une chose peut-ˆetre `a venir : on sait que la droite de la droite consid`ere comme immorale toute protection et s´ecurit´e qui ne proc´ederait pas de la d´etention ( en g´en´eral h´erit´e ) d’un grand patrimoine. Cette philosophie s’indigne tout naturellement du statut de la fonction publique, mais sa disparition ne saurait s’improviser , aussi doit-t-on d’abord remplacer le CDI par ce que les gouailleurs auront mille raisons d’appeler le contrat inique. Cette chose faite, l’opinion sera alors saisie de l’incommensurable in´egalit´e de traitement entre salari´es du public et du priv´e ; peut-ˆetre pour dans moins longtemps qu’on ne croit... Mais, pour l’heure et pour ce qui nous concerne le plus directement, le p´eril majeur serait la contamination de la gauche institutionnelle par l’´egalit´e pervertie. Comprenons que le refus de larges pans de la sociale d´emocratie europ´eenne `a utiliser ( en d´ecr´etant d´esormais impossible les choses que l’on ne veut pas faire, alors que le politique a toujours d’´enormes marges inutilis´ees ) le pouvoir d’´etat pour combattre la v´eritable in´egalit´e peut avoir comme contrepartie - la gauche devant bien devoir ˆetre distingu´ee de la droite, `a tout le moins aux yeux de son ´electorat - une flamb´ee d’´egalit´e pervertie. Ainsi de l’id´ee avanc´ee, qui n’est toutefois pas dans le programme du parti socialiste, d’obliger les enseignants du second degr´e `a une pr´esence de trente cinq heures sur l’´etablissement scolaire ( id´ee d’ailleurs techniquement farfelue car elle exigerait la construction et l’am´enagement d’un million et demi de bureaux individuels dans les dˆıts ´etablissements ) . Dans le programme par contre, l’id´ee de moduler la taxe d’habitation en fonction des revenus aura une cons´equence incontestable : le taux d’imposition sur le revenu variera lui aussi en fonction de la situation g´eographique ! Quand on sait qu’une des grands oeuvres de la r´evolution fran¸caise fut pr´ecis´ement d’uniformiser les taxes et impˆots sur la totalit´e du territoire, on ne peut s’empˆecher de penser qu’il fˆut un temps o`u le contraire de la centralisation s’appelait encore la f´eodalit´e. Paieront donc essentiellement cette partie compl´ementaire de l’impˆot sur le revenu, des gens qui ne sont point riches mais qui pourraient le paraˆıtre parcequ’ils vivent entour´es de gens `a la pauvret´e incontestable. Enfin les revenus du capital seront t ils pris en compte qui sont ceux des vrais riches et alors que persiste le 16Enfin une pinc´ee de g´en´erosit´e individuelle est un beaume pour la conscience incapable d’en jamais avoir la moindre dans les choix politiques 17Et dont la d´enonciation, qu’´evidemment personne ne r´eprouve, n’exige plus l’h´ero i sme d’un Victor Klemperer ; ce qui n’est pas forc´ement le cas pour celles des horreurs qui se d´eroulent pr´esentement sous nos propres yeux : un intellectuel en quˆete de notori´et´e qui d´enoncerait celles de la St Barth´el´emy ou le despotisme de Caligula ne serait pas raisonnable de craindre l’ostracisme des m´edias ou des organisateurs de conf´erences publiques. 18O`u l’on entend souvent les accents gnangnans qui accompagnent invariablement les entreprises de culpabilisation 12 soup¸con que cette mesure est encore une habilet´e pour son contraire. Enfin et surtout, dans ce programme, rien sur l’imposition des successions qui sont la cause la plus arbitraire et la moins m´eritocratique de l’enrichissement. Eu ´egard `a la fr´equence avec laquelle certaines questions sont mal pos´ees, on voudrait ici, pour finir, indiquer en compl´ement rapide combien l’´egalit´e pervertie et le moralisme sont les deux facettes d’une seule et mˆeme chose. On a coutˆume d’opposer la morale qui consisterait `a s’occuper de ses propres affaires - la pratique personnelle de sa propre vertu - et le moralisme qui s’occupperait des affaires de ses semblables - leur donner des le¸cons - Ce n’est pas l`a que nous voulons nous arrˆeter. La premi`ere chose qui frappe c’est que l’on pourrait croire la vision d’un aigle superflue pour saisir imm´ediatement que le vol d’un boeuf vous dispense celui d’un oeuf ; et pourtant ! l’approche moralisante consiste justement `a ruminer le vol de l’oeuf et ce, d’autant plus, que la subtilisation du boeuf est plus d´emat´erialis´ee que jamais en ne se manifestant que par un rapide jeu d’´ecriture ´electronique sur un ´ecran `a Wall Street. Elle s’attache au ph´enom`ene de conscience plus qu’aux m´ecanismes objectifs : Ainsi Bill Clinton nous aura menti avec sa secr´etaire et Nicolas Sarkozy avec la privatisation de GDF. L’approche moralisante les renverra dos `a dos comme ´egalement coupables de mensonge. Sauf que la premi`ere chose est d´epourvue d’ importance alors que la seconde d´esaisit un peuple de soixante millions d’habitants d’une part essentielle de sa souverainet´e. Or la politique c’est justement de s’int´eresser aux choses importantes.... Prenons le plaisir d’une antinomie en disant que le moralisme et l’´egalit´e pervertie prennent le contre pied de l’esprit de la Science moderne par un de leurs traits communs parmi les plus les plus marquants : Le primat donn´e `a la chose la plus directement visible et souvent la moins essentielle et l’ignorance de la chose plus cach´ee et pourtant autrement plus d´ecisive. Imaginez que vous naissiez dans un palais ; en ne commettant jamais une action d´elictueuse vous vivrez probablement comme un prince ( que vous ˆetes d’ailleurs mˆeme peut-ˆetre.... ) votre vie durant. Mais si vous naissez dans une banlieue d´esh´erit´ee et que vous ambitionnez de voir votre train de vie se rapprocher un tant soit peu de celui d’un prince, vous risquez de vous sentir une vocation de dealer et une motivation pour le prox´en`etisme. Ainsi une mˆeme pratique de la vertu suppose t elle en fait , une quantit´e de sacrifices incomparable. Aussi, lorsque ce redresseur radiodiffus´e de nos consciences d’Alain Finkielkraut indique, comme chemin du salut du monde, l’accomplissement ´egal par chacun, chaque jour19 renouvel ´e, des devoirs qui lui incombent , s’ accomplit d´ej`a au moins celui d’un parangon d’´egalit´e pervertie. L`a o`u l’´egalit´e pervertie est aussi d’un usage constant c’est dans la formulation des enquˆetes ”d’opinion” qu’elles ont moins comme objet de sonder ( elles se trompent souvent ) que de fa¸conner (elles n’y parviennent pas trop mal ) . Ainsi on peut vous poser la question ”Fabius est t il sinc`ere ? mais on pourrait tout aussi bien vous poser la question 1er) ”Pensez vous que Sarkozy soit d’un ´equilibre psychologique sans failles ?” 2eme) Dans ces conditions pensez vous prudent de lui confier les responsabilit´es d’une puissance nucl´eaire ? et la bˆete `a cornes se posera une question nouvelle , ce qu’il lui arrive de faire de mauvaise grˆace de son propre chef. Cet exemple relativement simplifi´e n’est pas le plus significatif. Est plus fr´equent et 19On peut vraiment dire qu’il y a tout un stoıcisme contemporain , mondain et prescripteur : on pense ainsi aux Luc Ferry , Comte Sponville , Jean d’Ormesson - penseurs les plus estim´es par les radios et les t´el´evisions, ce qui est une forme de justice - qui enseignent `a ”savoir surmonter les peurs” ce qui est plus ais´e pour une perruche dans un salon que pour les possible victimes de la paup´erisation n´eolib´erale : ici, c’est presque toujours le patrimoine et les arri`eres familiaux qui donnent de la s´er´enit´e ; on peut donc parler de ”stoıcisme ploutocratique” . Par ailleurs faut t il en avoir comment´e des grands textes, poursuivi de subtiles ´ex´eg`eses pour enfin conclure :” qu’il faudrait quand mˆeme que les gens comprennent que si ils ont des droits, ils ont aussi des devoirs ” 13 pernicieux un sondage qui pose la question de savoir qu’elle est la cat´egorie la plus privil´egi´ee a) les enseignants b) les infirmi`eres c) les cheminots d) les postiers. Vous auriez eu envie de cocher la case ”Les chˆatelains” mais - et c’est la faute `a pas de chance - cette r´eponse n’apparaˆıt pas parmi les choix possibles : le questionnaire pousse clairement le questionnement dans les chemins de traverse de l’´egalit´e pervertie. On comprendra ais´ement que l’´egalit´e pervertie soit aussi, par excellence , le bois de chauffe de la d´emagogie. Comment, ici, ne point ´evoquer RMC infos , expression parfaite du pouvoir de l’argent et de la d´efense exclusive de ses int´erˆets, mais avec des accents d´elib´er´ement populassiers20 `a seule fin de mieux tromper son monde. On voit donc, en conclusion, que l’´egalit´e pervertie consiste `a invoquer l’´egalit´e pour l´egitimer une injustice, ce qui est toujours possible `a Fran¸cois de Closet puisque tout malheureux peut ˆetre compar´e favorablement `a plus malheureux encore21 . Nous esp´erons qu’il est maintenant parfaitement clair au lecteur qu’il s’agit l`a d’un des m´ecanismes parmi les plus g´en´eraux et les plus puissants de l’id´eologie. Elle armerait `a coup sˆur la politique de guerre civile que m´enerait la droite apr`es 2007, ce qui en exige le d´emontage pi`ece par pi`ece et la d´enonciation. Deuxi`eme et triste Epilogue : apr`es la d´ebacle Octobre 2007 Entre temps Nicolas Sarkozy a ´et´e ´elu... et cet ´epilogue est r´edig´e six mois apr`es cette ´election. Les mˆemes alt´erations des termes du d´ebat se poursuivent... Comme cette contreverse d´erisoire sur les ´emoluments du pr´esident de la R´epublique. Pourtant, en supposant que le coˆut, pour les finances publiques, de cette augmentation soit de 400 000 euros sur la dur´ee du mandat , on doit convenir que le transfert annuel de 200 milliards d’euros des revenus du travail vers ceux du capital repr´esente cinq cent mille fois le coˆut de la dˆıte augmentation. Il serait temps pour la gauche de s’opposer au coeur mˆeme du programme politique de la droite et de ne point chercher `a rassembler l’opinion au moyen d’une indignation facile sur des choses inessentielles. Et de commencer par soutenir les cheminˆots. Ainsi le coˆut de 800 millions d’euros des r´egimes sp´eciaux ne repr´esente t il mˆeme pas la moiti´e d’un centi`eme du montant du transfert des richesses du travail vers le capital. Une fois les sacrifices impos´es , la situation ´economique ( ne parlons mˆeme pas de la situation sociale... pour autant qu’il soit raisonnable de dissocier les deux choses) de la France ne se sera pas am´elior´ee . Et pour la raison que l’objet du train de mesure des r´evocations ( et que la pr´ecaution de langage la plus ´el´ementaire devrait nous empˆecher d’appeler des r´eformes ) est de faire que le pr´esent accroissement de transfert de 10% devienne 20 sinon 30% des 2000 20Jean Pierre Raffarin avait initi´e cette tromperie : vous ˆetes milliardaire mais votre grossi`eret´e d’esprit - r´eelle ou simul´ee- vous donne un droit d’entr´ee dans la France d’en bas. On pense aussi `a Nicolas Sarkozy, pourtant de la tr`es bonne soci´et´e, et qui pour mieux asseoir sa popularit´e , n’h´esite pas, au moyen de d´etourner le parfaitement l´egitime besoin de s´ecurit´e, `a flatter ce qu’il est infiniment p´enible de devoir appeler certains aspects de la pulsion meurtri`ere. Mais, l`a encore, l’absence ´eventuelle de d´etermination de la gauche `a engager la controverse sur le terrain des v´eritables in´egalit´es permet aux m´edias et `a la droite de d´eplacer le d´ebat sur les seules questions qui permettent l’exploitation de ces aspects. 21Les r´emun´erations exhorbitantes des Pujadas , Poivre d’Arvor, Alain Duhamel , Jacques Gourdin ou Eric Leboucher sont, pour une tr`es grosse part, la r´etribution `a nous expliquer des gr´evistes que ”ce ne sont quand mˆeme pas eux qui sont les plus `a plaindre”. 14 milliards d’euros de PIB. Commentons aussi, ici, un ´episode de la politique sarkozyenne : en l’occurence la politique dˆıte d’ouverture. Il s’agit moins ici de brocarder telle ou telle personnalit´e particuli`erement ambitieuse mais de s’interroger sur les conditions qui ont rendu possible pareil succ`es `a pareille entreprise. Le nombre des personnes d´ebauch´ees comme la position, souvent ´eminente, qu’elles pouvaient occuper dans notre parti, enfin l’aisance `a accomplir cette entreprise sugg`ere une chose plus essentielle : a disparu la distance politique entre une part notable de notre organisation et ceux que nous avons pr´ecis´em´ent vocation `a combattre. L’opinion - sans ´egard pour le plus grand nombre de nos militants toujours anim´es par la conviction - per¸coit de mani`ere caricaturale22 cette perte de sens : Le parti socialiste et l’UMP seraient deux endroits o`u l’on pourrait indiff´eremment faire carri`ere. Mais avec cette disym´etrie enseign´ee par l’Histoire : pareille perte de sens affecte toujours plus les organisations de gauche que celles dont n’est point la d´efinition le combat contre l’injustice. Sarkozy, et donc les m´edias le savent, qui nous somment de nous ”moderniser” et d’ˆetre r´ealistes ( c’est `a dire d’ent´eriner ce qui semble ˆetre le pr´esent rapport de forces , comme si ce n’´etait pas l’objet d’un combat que de le modifier ). C’est un pi`ege et personne ne l’a mieux compris que Sarkozy en personne ( si ce n’est peut ˆetre Fran¸cois Mitterand...) . En effet une hypoth`eque ( qui n’est pas ´etrang`ere `a plusieurs de ses d´efaites ) a pes´e sur la droite depuis vingt ans : l’immobilisation sur son flanc ultra de quinze `a vingt pour cent des suffrages. L’histoire retiendra de Sarkozy d’avoir rondement ramen´e au bercail de la droite parlementaire et institutionelle les brebis ´egar´ees ; mais cette hypoth`eque il la voudrait bien , toutes choses ´egales par ailleurs, voir d´esormais peser sur la gauche parlementaire. Ce calcul semble fond´e, et qu’on en juge : Il y a peu de temps les m´edias annon¸caient, en Gr`ece, la victoire ´electorale de la droite ( La nouvelle d´emocratie de Caramanlis fils ) . La cause en est-elle une progression en suffrages de la nouvelle d´emocratie ? Pas le moins du monde , mais `a la gauche du PASOK ( nos camarades grecs ) deux partis parviennent `a rassembler quinze pour cents de l’´electorat : autant de perdu pour le PASOK qui perd donc , mˆeme face `a une droite en recul sensible ! Situation comparable en Allemagne : Le SPD avec un ´etiage historique de 40 `a 45% est d´esormais structurellement sous la barre des 30%. La raison en est la fixation d’environ d´esormais 12% des suffrages de la gauche sur le parti ”die Linke”. Nos camarades allemands ont infl´echi leur programme en y rajoutant l’introduction d’un salaire minimum `a fin essentielle d’arrˆeter l’h´emoragie. L’´electorat chr´etien d´emocrate ne l’abandonne pas : la grande coalition poursuit pour l’essentiel le programme d’Angela Merkel. Enfin, en France mˆeme , qui peut douter que le rassemblement envisag´e par Olivier Besancenot ne nous prive de bien des suffrages. Qui ne voit les d´efaites se poursuivre ind´efiniment si cette situation devenait durable ? Tout cel`a doit nous interpeller : L’Aveuglement serait de m´econnaˆıtre une loi quasi universelle de l’Histoire qui veut que qui a renonc´e, ou mˆeme seulement perdu , sa raison d’ˆetre, ne survive plus bien longtemps. 22d´evastatrice pour le cr´edit de la Gauche : la commission Attali du nom de son pr´esident, toujours per¸cu comme un proche du parti socialiste, et dont nous avons le plus grand int´erˆet `a nous d´emarquer avec la plus grande clart´e 15 Troisi`eme Epilogue Protocole d’action pour une Gauche revenue aux affaires Mai 2008 Il n’est point satisfaction d’amour propre plus vaine que la jubilation `a voir s’accomplir ses plus sombres pr´evisions. Mais, si les d´efaites r´eccurentes des gauches europ´eennes qui ont renonc´e `a l’ˆetre ( Veltroni, le SPD, Gordon Brown ) ne nous doivent donner aucune satisfaction, elles doivent `a tout le moins, nous interpeller !, Car enfin entre temps, il semble que 25 ans de Reaganomics ait fini par d´emontrer de mani`ere d´efinitive que l’enrichissement des riches n’implique pas, par ce que l’on a tent´e d’appeler un m´ecanisme de diffusion, une prosp´erit´e g´en´erale et universelle ! Le recul le plus spectaculaire de la pauvret´e se constate au V´en´ezuela au terme d’une volont´e politique soutenue pour la r´eduire. Maintenant, plus encore que jamais, seules les consciences affaiblies23 se laissent encore abuser par le vocable de ”populiste” `a d´esigner la poursuite d’une politique ´eclair´ee et volontaire de redistribution. En ces temps o`u l’id´ee de ”d´ecroissance” et de limitation in´evitable des ressources, marque quelques points, progresse aussi celle , corr´elative , qu’on ne saurait soulager un tant soit peu la mis`ere du pauvre monde, sans que n’en soit in´evitablement affect´ee la superf´etatoire opulence des riches ! Car, si c’est bien le moins que les poss´edants s’exercent `a enchaˆıner le esprits `a l’id´ee que ”faire payer les riches ” soit un ”slogan simpliste” et ”r´educteur” ; parvenir `a secouer ces chaˆınes n’est , ni plus ni moins, que l’´ep´ee de Tristan qui s´epare l’engagement `a gauche de son contraire. `a l’instant mˆeme o`u sont ´ecrites ces lignes survient un ´ev´enement peut ˆetre consid´erable et `a l’endroit le moins pr´evu. Nous voulons parler de l’investiture de Barack Obama. Non point pour avoir l’illusion de se croire pr´emuni d’´eventuelles d´erives opportunistes et centristes ( Encore que l’id´ee entretenue que convictions et ambitions politiques seraient par d´efinition contradictoires, rel`eve de l’entreprise24 `a d´epolitiser et `a r´esigner les milieux populaires ) ; mais par le sens `a donner `a certaines de ses propositions pr´ecises. Ainsi imposer les revenus au del`a de 250 000 dollars ( tr`es au del`a des 4000 euros mensuels pr´econis´es par certains de nos camarades : par ce montant Barack Obama veut faire porter le poids d’une politique de redistribution sur les vrais riches. Le montant qu’il indique est d’ailleurs de l’ordre indiqu´e ici il y a deux ans au d´ebut de ce document) . La simple formulation de pareille proposition ( On esp`ere ´evidemment aussi sa mise en oeuvre...) par le plus haut dirigeant d’un grand parti institutionnel dans ce qui est la m´etropole du capitalisme montre que, d´esormais, l’id´ee de ”faire payer” les riches, est re¸cue ailleurs que dans des franges marginales `a jamais ´ecart´ees des responsabilit´es. Alors que la Gauche institutionnelle ne le rappelait mˆeme plus, les faits `a eux seuls ( Fallait-t-il qu’ils fˆussent cruels et obstin´es... ) ont r´efut´e l’id´ee que l’enrichissement des riches soit la prop´edeutique `a l’enrichissement g´en´eral. Cette d´esignation `a la convention a pour sens l’institutionnalisation de cette r´efutation. Les esprits chagrins trouveront la possibilit´e de cette r´efutation par le recentrement en extrˆeme orient du capitalisme mondial. Peu importe pour ce qui nous concerne : A toute 23Affaiblissement qui, `a l’occasion, trouve sa source dans l’inqui´etude `a avoir des ”opinions politiques distingu ´ees” et ce au pr´ejudice de.....son propre int´erˆet ! 24Combien se sentent d´eborder d’astuce ( et notamment parmi des intellectuels qui ont cru bon de voter pour Nicolas Sarkozy ) `a saisir le Monde dans sa r´ealit´e cynique ; et qui les rend si raisonneurs, qu’ils ne parviennent pour finir , `a rien d’autre qu’`a l’accepter et `a s’y soumettre. Ce `a quoi parviennent aussi bien d’autres, tr`es souvent et tr`es commun´ement et sans tous ces d´etours ; Enfin Monde dans sa r´ealit´e , qui pour mieux pers´ev´erer dans son ˆetre, ne leur est rarement reconnaissant de quoi que ce soit.... 16 fin pol´emique les n´eolib´eraux ont souvent invoqu´e une ”avance” de l’Am´erique sur l’Europe , bref comme une voie `a suivre. Rendre la monnaie de la pi`ece pourrait bien ˆetre bientˆot un plaisir de fin gourmet.... Mais, plus s´erieusement, cel`a devrait nous conforter dans les mesures imm´ediates que devraient prendre un gouvernement de Gauche. Et pour cela la premi`ere chose est de chercher `a savoir ce qui est le plus grave dans la pr´esente situation. Combien sont d’abord et avant tout accabl´es par la bouffonnerie tragique du spectacle quotidien d’un Etat/op´erette25 o`u Iznogoud tiendrait le premier rˆole. C’est pourtant chose imm´ediatement r´eversible `a l’occasion d’une alternance. Plus grave, ´evidemment , la fin du statut de la fonction publique : l`a o`u il n’existe pas, c’est souvent que la famille du monarque y r´eussisse par d´efinition, tous ses examens, et que ses d´elits y soient syst´ematiquement suivis de non lieu. Que la remise en cause de l’´etat de droit invoque le combat contre la paresse est de bonne guerre ! Mais ces choses seraient r´eversibles sans trop de difficult´es. Beaucoup plus grave la disparition planifi´ee - via les privatisations/braderies - de tout moyen d’intervention de l’Etat. La Gauche disposait encore en 1981 , des moyens d’intervention mis en place `a la Lib´eration. Ce ne sera plus le cas ! et en partie aussi par sa propre faute... Or, ici, on touche `a ce fatum d’impuissance26 qui affecte une Gauche au gouvernement. Sont concern´ees au premier chef les d´ecisions imm´ediates que prendraient la Gauche si elle revenait aux affaires. La n´ecessit´e alors d’agir vite tout en gardant un fort soutien populaire , condition mˆeme de l’action, nous am`ene `a constater deux choses , et que l’apparence ´eloignent l’une `a l’autre : Indiquons la premi`ere : A chaque manifestation de d´esespoir de ce qu’il faudrait peut ˆetre se d´ecider `a appeler les prol´etaires, il nous faut supporter entendre arlette chabot, poujadas et poivre d’arvor nous expliquer que ”c’est le drame d’une jeunesse qui ne croit plus en rien et a perdu tous ses rep`eres” avec les broderies t´el´evisuelles d’usage sur ”la perte de l’autorit´e parentale” etc.. etc... Pourtant, si l’on veut poser la question en ces termes, gageons que la ”jeunesse” ( raccourci qui, le contexte aidant, nous permet de comprendre qu’il s’agit en fait ”des pauvres qui sont encore jeunes” ) est prˆete `a croire `a quelquechose pour peu que ce ne soit point une niaiserie. Une politique volontaire de r´epartition des richesses, tel est peut-ˆetre pr´ecis´ement ce quelquechose `a enfin croire . Force est de constater que la Gauche institutionnelle a souvent ´et´e hors sujet : Lorsque Jack Lang notre camarade ( Et oui !) `a moins que cel`a ne soit un de ses ´emules , propose pour la jeunesse des ”maisons de la joie et du partage” ( Sans doute pour s’y ”r´eapproprier une identit´e” ou pour mieux ”s’y enrichir les uns les autres, de nos diff´erences” etc.. etc...), il nous d´etourne de nos ´electeurs infiniment las de toute cette vacuit´e communicationnelle et de ces ersatz d´erisoires de volont´e v´eritable `a redistribuer les richesses ! Le premier point c’est donc celui ci : Se cotoyent, dans la plus parfaite promiscuit´e, une d´efiance populaire toujours plus profonde envers les politiques n´eo-lib´erales, et le sentiment paradoxal et d´esesp´erant , que cette opposition, chaque jour plus r´eelle et consciente, ne trouvera jamais d’expression et de d´ebouch´e politiques concrets. Ne pas prendre en compte la d´etermination croissante de cette opposition, c’est affaiblir la Gauche de gouvernement. L’ascension de Besancenot ( Chaque prise de paroles d’un Manuel Valls nous fait perdre des 25Ceux qui croient voir le char de l’Etat naviguer sur un volcan ont de mauvais yeux : D´etermination et coh´erence sont au contraire les maˆıtres mots. En 1979 et 1980 on brocardait ”la folie” de Margaret Thatcher. Un regard retrospectif y voit tout sauf de ”la folie” 26Il semble mˆeme qu’une fraction - ´evidemment minoritaire - du patronat et de l’UMP, s’inqui`ete aussi d´esormais, de cette absence de moyens d’intervention de l’Etat , et alors que les turbulences financi`eres s’aggravent et deviennent de moins en moins control´ees. Inqui´etude, ce qui est nouveau, qui irait au del`a du seul et simple souci traditionnel de socialiser les pertes boursi`eres. 17 dizaines de milliers de voix `a son profit) n’est pas toujours et forc´ement redout´ee par le gouvernement. Dissertons aussi, c’est notre deuxi`eme point, le ”fatum” ´evoqu´e plus haut. C’est, en g´en´eral, la souffrance populaire, qui am`ene la Gauche aux affaires ! Lorsqu’elle y parvient , le mandat d´ebute par les mesures attendues ( hausse du smic, des prestations sociales, des indemnit´es chˆomage , diminution des horaires de travail etc...) Quoi de plus naturel ? Toutefois se pose in´evitablement la question du financement de ces mesures, c’est-`a-dire, pour parler vrai, celle de la contribution des riches. Elle est trop souvent abord´ee trop tard : Quelques mois apr`es la prise de pouvoir, les m´edias ont tˆot fait d’exploiter telle ou telle in´evitable d´eclaration maladroite d’un membre du gouvernement, sans parler de la retomb´ee de la ferveur - `a savoir mettre `a profit quand bien mˆeme irrationnelle - des premi`eres semaines. Et c’est alors qu’un d´ebut d’enlisement dans l’opinion devient r´edhibitoire `a r´esoudre cette question du financement. Mais peut ˆetre bien aussi proc`ede-t-on `a l’envers ! En effet, d`es sa prise de fonction - et quand le rapport de force y est le plus favorable - la Gauche doit r´ealiser la partie la plus difficile et courageuse de son programme , `a savoir - pour surmonter la peur des mots - ”faire payer les riches.” Les textes doivent ˆetre minutieusement pr´epar´es et compl´etement ficel´es d`es maintenant pour ˆetre vot´es d`es le mois de Juin : Alourdissement imm´ediat des frais des grosses successions27 , r´etablissement de trois `a dix ans pour le d´elai de prescription des d´elits fiscaux avec embauches imm´ediates28 `a Bercy pour combattre la fraude. Pour paraphraser ( en mieux ! ) les sociaux d´emocrates allemands et Barack Obama, cr´eation d’une tranche suppl´ementaire d’imposition `a 50 ou 60% sur le revenu au del`a de 20000euros mensuels. ISF r´etablie dans sa pl´enitude pour les biens personnels, mais aussi avec un taux r´eduit de 0,25% sur la totalit´e des biens professionnels d’un mˆeme contribuable29qui exc´edent le seuil de l’ISF . Recouvrement des cotisations sociales dues par les entreprises et - sous r´eserve de viabilit´e de l’entreprise - r´eglement possible en participation de l’´etat, des cotisations non r´egl´ees. Et si les circonstances ´etaient favorables, pourquoi pas un r´ef´erendum en Septembre pour modifier le mode de scrutin du S´enat. Une fois assur´ee la p´erennit´e du financement en ayant ´energiquement battu le fer quand il ´etait encore chaud, et d`es l’Automne, la g´en´eralisation des trente cinq heures et la mise en place des trente deux heures dans les m´etiers `a forte p´enibilit´e, l’embauches d’inspecteurs du travail et enfin une bonne part des mesures sociales attendues. smic, rmi, prestations sociales revaloris´ees, dotations des services publics etc...peuvent se faire presque naturellement `a la vitesse normale des proc´edures l´egislatives. C’est dans cette n´ecessit´e, `a toute fin d’en assurer p´erennit´e, de diff´erer -peut ˆetre d’une demie ann´ee - ce deuxi`eme train de mesures pour mettre d’abord en place, ce qui prend temps et ´energie l´egislative, le premier train, que trouve son int´erˆet la premi`ere chose indiqu´ee plus haut. En l’absence - toute provisoire - des mesures concr`etes qui apporteraient une am´elioration de la condition des gens de condition ordinaire , les seules premi`eres mesures prises pour trouver les ressources n´ecessaires provoqueraient un soutien populaire accru `a la Gauche : L’incarnation
- enfin ! - de l’opposition populaire dans une politique concr`ete et ”audible” serait peut ˆetre mˆeme de nature `a provoquer, avant mˆeme les effets escompt´es du deuxi`eme train, la relance 27Une suggestion excellente de Mme Lienemann de payer ces frais en cessions d’actions des entreprises qui ont vocation `a ˆetre nationalis´ees : transports et ´energie notammant 28Extraordinaire cet Etat aux finances publiques ”en ruines” qui fait tout pour ne point recouvrer 50 milliards d’E de fraudes fiscales : plus que le d´eficit budg´etaire ! 29Ainsi une entreprise qui ne ferait aucun b´en´efices ou mˆeme n’aurait aucune activit´e , mettrait quatre si`ecles avant d’ˆetre -via ce nouvel impˆot- enti`erement transf´er´ee `a l’Etat. Cette incise pour contraindre la rh´etorique sur les ”taux confiscatoires” `a plus de prudence et de s´erieux. Les recettes seraient consid´erables : des cessions d’actions pour payer cet isf permettrait ´eventuellement des renationalisations partielles au moindre coˆut. 18 vainement poursuivie par les n´eo-lib´eraux, tant il est vrai que la perception d’une aggravation de la domination30 a un effet d´epressog`ene dans quasi toute la soci´et´e , au pr´ejudice probable de la croissance. Il semble d’ailleurs qu’en 1997-1998 , le gouvernement Jospin ait b´en´efici´e en termes de croissance, de cette sensation nouvelle et psychotonique que les salari´es ne soient plus ”les seuls `a devoir toujours faire les sacrifices”. Recyclons donc ce rejet croissant de la vacuit´e pour se donner six premiers mois `a prendre des mesures `a effet concret diff´er´e et pourtant susceptibles d’accroˆıtre imm´ediatement l’indispensable soutien d’une opinion populaire toute dispos´ee `a cesser de ne plus croire en rien d`es lors que nous redevenons vraiment la Gauche ! 30Le

NOTES

1C’est- `a -dire si l’on pr´ef`ere , seulement par comparaison avec les h´eritiers

2Il va de soi qu’on ne saurait r´eduire les choses aux oppositions d´ecrites par cet exemple dont nous faisons usage pour leur valeur de d´emonstration `a ruiner les mensonges m´ediatiques sur les self-made men et autres soit disant triomphe du m´erite qui surmonterait tous les obstacles. : En particulier nous avons la pleine conscience qu’il peut arriver fr´equemment qu’un h´eritier ait la capacit´e de reprendre une entreprise familiale. A tout le moins, alors, lui donne t on la chance d’en faire montre

3Une radio incarne cette mentalit´e : C’est BFM o`u le style technocratico-branch´e des muscadins par trop gat´es qui l’animent, est un mod`ele de la nouvelle s´emantique des poss´edants

4Combien voit t on de gens de condition ordinaire avec des opinions droiti`eres pour la raison naıve qu’ils se pensent ”bourgeois”. Le ”pour vivre heureux vivons cach´es” des poss´edants a aussi largement pour objet la pr´eservation de cette illusion. Incidemment, on voit donc comment une Gauche de mouvement contribuerait `a la dissiper et combien cela pourrait lui ˆetre profitable

5Ici rien d’extraordinaire : c’est le ton qu’affectionnent en g´en´eral les n´eolib´eraux pour masquer la d´efense, contre l’int´erˆet g´en´eral , d’int´erˆets particuliers inavouables et ill´egitimes comme aussi les si lourdes cons´equences humaines de leurs actions

6Nous sommes conscients que ces d´efinitions se chevauchent : les minorit´es ´evoqu´ees de la soci´et´e am´ericaine

sont tr`es largement d´epourvues de patrimoˆıne familial

7Indiquons que la droite n’est point avare de son usage, sans pr´ejudice aussi de celui ”d’´equit´e” ; utilis´ee elle aussi pour faire tomber `a la trappe ”l’´egalit´e” et dont il est v´eritablement l’objet de la Gauche de ne se jamais d´etourner.

11Combien de foyers fiscaux `a 3500 euros par mois qui votent pour la droite ou l’extrˆeme droite , parcequ’ils pensent la Gauche capable de faire peser sur eux le coˆut de la solidarit´e ! Ce qui se produit d’ailleurs par le transfert de la fiscalit´e nationale vers la fiscalit´e locale et sur lequel il faudrait revenir. Ceux qui ”montent au cr´eneau” pour d´efendre ”l’autonomie financi`ere des collectivit´es locales” ne contrarient en rien les habitants de Neuilly/Seine qui n’ont plus `a contribuer pour la Seine St Denis. Si, par la force des choses, bien des ´elus locaux de la Gauche d´efendent cette autonomie, il n’est pas sˆur que ne s’interrogent pas, mˆeme les plus fid`eles de leurs ´electeurs, pour savoir si le systˆeme jacobin n’´etait pas `a la fois plus ´egalitaire et moins dispendieux ; et qu’enfin si l’´egalit´e des chances n’ait pas concr´etement moins souffert durant la R´epublique la plus jacobine qu’`a toute autre ´epoque de notre histoire.


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