L’éducation aux États-Unis

lundi 21 décembre 2009.
 

En matière d’éducation, les États-Unis, parce qu’ils sont la première puissance mondiale, sont aussi le pays qui montre le mieux à la fois les possibilités et les limites de l’éducation dans le cadre capitaliste de la société.

Quel contraste entre d’un côté les plus grandes universités du monde, où l’on travaille sur des sujets scientifiques qui nécessitent les connaissances les plus pointues, avec les moyens les plus modernes, et de l’autre côté la remise en cause de l’enseignement de la théorie de l’évolution dans les écoles publiques.

Dans le pays capitaliste le plus avancé, les prix Nobel peuvent côtoyer… un Musée de la création, ouvert il y a un an et demi, et qui montre l’histoire du monde selon le récit de la Genèse, présenté comme littéralement exact. Ainsi la Terre n’aurait pas plus de 6 000 ans, les hommes auraient jadis fréquenté les dinosaures, le déluge serait une réalité historique, dont témoignerait notamment l’existence du Grand Canyon, etc. Des idées d’un autre âge ?

Certes, mais diffusées avec des moyens modernes : un planétarium, des reconstitutions multimédias, comme celle qui présente les animaux cramponnés… à l’arche de Noé.

Le créationnisme au lieu de la théorie de l’évolution dans les écoles Au-delà de l’anecdote, les fondamentalistes religieux cherchent depuis longtemps à imposer l’enseignement de la création dans les écoles publiques.

Au cours d’un procès retentissant qui eut lieu en 1925 dans le Tennessee, un enseignant fut jugé pour avoir enfreint la loi qui interdisait l’enseignement de la théorie de l’évolution dans les écoles de l’État. On lui reprochait d’enseigner « une théorie qui nie l’histoire de la création divine de l’homme telle qu’elle est enseignée dans la Bible et d’enseigner à la place que l’homme descend d’un ordre animal inférieur ». La presse parla du « procès du singe ». L’enseignant fut condamné, non pas sur le fond comme partisan de la théorie de l’évolution, mais pour n’avoir pas respecté la loi, loi qui sera maintenue dans quatre autres États du Sud jusque dans les années 1960, en même temps que la lecture obligatoire de dix versets de la Bible par jour.

Depuis, les créationnistes ont tenté d’imposer le « traitement équilibré » comme ils disent, c’est-à-dire l’enseignement de la création au même titre que la théorie de l’évolution. Déboutés en 1982 par des tribunaux qui ont jugé que la prétendue théorie de la création n’était pas scientifique, ce qui est quand même la moindre des choses, les créationnistes reviennent aujourd’hui à la charge sous le couvert de la théorie du « dessein intelligent ». Cette théorie ne conteste pas l’évolution, mais elle défend l’idée qu’un monde si complexe n’aurait pas pu exister sans l’intervention d’une intelligence supérieure. Et revoilà, à peine déguisée, la création divine.

Une école malade des inégalités sociales

De la même façon que chacun des États décide des programmes scolaires, il finance ses propres écoles, essentiellement avec le revenu des taxes locales. Ainsi les districts riches peuvent disposer de quelques bonnes écoles, tandis que celles des ghettos pauvres sont en ruines. De plus, l’enseignement public a pâti de la baisse d’impôts générale décidée par le gouvernement Bush, qui a accéléré la dégradation des écoles publiques, que fuient tous ceux qui peuvent payer une école privée. Le résultat, c’est qu’un quart des lycéens, et près de la moitié des lycéens noirs, ont de telles difficultés pour lire lorsqu’ils terminent leur scolarité que certaines universités publiques font des cours d’apprentissage de la lecture pour leurs étudiants.


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