France Télécom, rapport accablant

vendredi 18 décembre 2009.
 

Chez France Télécom, l’analyse des 80 000 réponses au questionnaire diffusé aux salariés confirme la forte dégradation des conditions de travail et du climat.

Les syndicats de France Télécom y voient la confirmation de tout ce qu’ils dénoncent depuis des mois et des années. Hier, le cabinet d’audit Technologia a rendu à la direction et aux représentants syndicaux sa première analyse du questionnaire sur la souffrance au travail, rempli par 80 000 des 105 000 salariés du groupe, soit l’écrasante majorité, entre la mi-octobre et la mi-novembre, après la série de suicides de la rentrée qui a obligé la direction à réagir. Pas de coup de théâtre dans le contenu de ce document de 75 pages, qui confirme des conditions de travail et un climat social très dégradé. L’agence AP cite une « forte inquiétude », un « ressenti général très dégradé » et une « fierté d’appartenance à France Télécom perdue ». Selon les syndicats interrogés par l’AFP, seuls 39 % des salariés ayant répondu se disent fiers de travailler pour France Télécom, mais ils sont 96 % à dire qu’ils l’étaient autrefois. Pour Sébastien Crozier, porte-parole de la CGC-UNSA, c’est là l’élément le plus marquant de cette synthèse, le signe de la « grave crise sociale » que traverse le groupe.

Ambiance de travail tendue, voire violente

Par ailleurs, les conditions de travail difficiles avec une « fragilisation de la santé physique et mentale » concernent surtout le personnel au contact des clients. « 90 % du personnel dit avoir été au moins une fois en situation de stress dans l’entreprise, mais les plus stressés sont les salariés des boutiques, des centres d’appels et les techniciens d’intervention clients », précise Philippe Méric, de SUD-PTT, pour qui la seule « petite » surprise de ce rapport « accablant » est le résultat indiquant un plus grand stress chez les cadres et agents de maîtrise du domaine d’interventions clients, que chez les techniciens eux-mêmes. « Probablement à cause de ce qu’on demande à ces agents de maîtrise de faire faire aux techniciens », avance-t-il.

Le document fait également état d’une « mobilité fonctionnelle (changement de métier – NDLR) mal accompagnée », et d’une « mobilité géographique des non-cadres sensible ». L’insatisfaction sur le plan professionnel concerne 55 % des salariés, avec de légères nuances : elle est de 60 % chez les fonctionnaires et 45 % chez les agents de droit privé. Elle se réduit à mesure qu’on monte dans l’échelle sociale, avec 68 % de mécontents chez les non-cadres, 59 % dans la maîtrise, 43 % chez les cadres. Pour 65 %, les conditions de travail se sont dégradées, et les non-cadres font état de « relations sociales dégradées », d’une « grande défaillance du management », d’une « ambiance de travail tendue, voire violente ».

Pour la CGC, ce questionnaire est l’occasion de « faire un bilan et de construire un nouvel avenir pour France Télécom », tandis que la CFTC espère que « ce diagnostic va être un détonateur » et pourra être utile aux syndicats pour « faire pression dans la négociation sur le stress », qui doit aboutir à la fin de l’année.

Fanny Doumayrou


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message