Un dos tres Evo otra vez : Morales réélu avec 63% en Bolivie (4 articles, PG, NPA, PCF)

jeudi 10 décembre 2009.
 

4) Réélection d’Evo Morales en Bolivie : La révolution par les urnes continue Communiqué du Parti de Gauche

Le Parti de Gauche salue avec joie la réélection d’Evo Morales Ayma et Álvaro García Linera à la présidence et à la vice-présidence de la Bolivie. Ce dimanche 6 décembre, quatre ans après sa première élection triomphale obtenue par 53% des voix, Evo Morales a été réélu dès le premier tour avec près de 63% des suffrages. Son parti, le Movimiento al Socialismo (MAS), obtient les deux tiers des sièges au Parlement.

Cette grande victoire, inédite sur le continent, conforte la « révolution par les urnes » entreprise par Evo Morales en 1995, lors de la création du MAS. Il faut souligner que, au-delà d’une écrasante majorité dans les départements de l’Altiplano, traditionnellement favorables au mouvement indigène-paysan, le ticket présidentiel d’Evo Morales a accru son score y compris dans les départements des basses terres, traditionnellement opposés au mouvement social. C’est une défaite pour l’oligarchie bolivienne dont la tendance la plus extrémiste n’a eu de cesse de multiplier les attaques racistes contre le président Morales et de recourir aux complots les plus divers pour mettre un terme au processus de changement en Bolivie. Au-delà des classes populaires, sinistrées par deux décennies de néolibéralisme, c’est un signal clair de l’adhésion des classes urbaines moyennes et des petits entrepreneurs aux politiques de changement, pour la dignité et la souveraineté populaire.

Le jour de sa création, le 29 novembre 2008, le Parti de Gauche avait été soutenu par Evo Morales, qui se déclarait « enthousiasmé par l’idée de proposer une alternative pour lutter contre le capitalisme dévastateur et insensible face au drame de la destruction de la planète ». Hier, à notre Convention nationale, le représentant en Europe d’Evo Morales Ayma, Nelson Iturri Estrada, nous transmettait les encouragements du MAS dans notre processus de construction et de refondation permanente.

Face au désastre produit par le néo-libéralisme, il faut étendre cette « révolution par les urnes ». Révolution, car il faut changement global et radical, écologique, social et républicain, au service des habituels laissés pour compte, de ceux qui ne comptent pas, des sans-voix broyés par les dégâts du néolibéralisme. Par les urnes, car il nous revient, en convaincant les électeurs, de constituer une majorité éclairée pour gouverner autrement le pays.

Le Parti de Gauche adresse donc ses plus vives félicitations au dirigeants de la Bolivie, et ses remerciements à son peuple qui continue de nous montrer la voie du possible.

Source : http://www.lepartidegauche.fr

3) Bolivie : Evo Morales face à lui-même Article du site NPA

On pensait à tort que le résultat obtenu en 2005 par Evo Morales lors des élections de 2005, avec 53,7%, constituerait un record à jamais gravé dans l’histoire de la démocratie bolivienne. Voilà que celui-là même que la majorité des médias occidentaux accusaient de conduire une « politique populiste » ayant pour effet de « diviser le pays », a récidivé avec plus de force encore, au terme des élections générales réalisées le 6 décembre dernier, en atteignant cette fois 63%. Loin d’avoir souffert de « l’usure du pouvoir » après quatre années de mandat, le chef d’État bolivien dispose désormais de la majorité au sein de la nouvelle Assemblée Législative Plurinationale, à la Chambre des Députés comme au Sénat – cette dernière jusqu’alors aux mains de la droite.

Surtout, l’hégémonie du Mouvement vers le Socialisme (MAS) paraît ne plus avoir de limites : s’il était encore de rigueur, il y a quelques semaines encore, de décrire la Bolivie comme un pays « fracturé », en permanence « au bord de la guerre civile » entre l’Occident andin et l’Orient amazonien, la percée réalisée par le parti de Morales dans des régions qui lui sont traditionnellement hostiles lui permet d’obtenir la majorité absolue dans les départements de Tarija et Chuquisaca, et d’atteindre des résultats allant au-deà des 40%, à Santa Cruz notamment.

La victoire du MAS et de Morales, de fait, ne surprend que par son ampleur, tant ce succès était pronostiqué par tous les analystes politiques. L’opposition elle-même était divisée entre l’ex-préfet de Cochabamba Manfred Reyes Villa, un ancien militaire autrefois lié au parti du dictateur Hugo Banzer, et Samuel Doria Medina, un riche entrepreneur qui assuma les fonctions de ministre de l’Économie à la fin des années 1980, alors que la Bolivie achevait sa conversion au néolibéralisme.

De campagne, il n’y en eut pas vraiment. À cela, une cause toute politique : le vide programmatique d’une droite aujourd’hui cantonnée dans la dénonciation d’un supposé « totalitarisme du MAS », tout en s’engageant à conserver la politique de redistribution des richesses entamée par le gouvernement Morales. Mais aussi une cause somme toute plus banale : une désorganisation chronique de formations politiques qui ressemblent de moins en moins à des partis et de plus en plus à des fédérations hétéroclites de mécontents, dont les militants semblent peu disposés à engager de fortes sommes dans une bataille vue comme perdue d’avance.

Ce que confirmeront les chiffres, Reyes Villa obtenant finalement, avec 27%, un score un peu plus élevé que ce qu’indiquaient les sondages, et Doria Medina, avec 6%, voyant son groupe parlementaire réduit à néant.

Le résultat atteint par le MAS place désormais Morales face à une série de défis, résumée en une formule répétée à plusieurs reprises par le président bolivien : « Au cours de ces quatre dernières années, j’ai apprisà gouverner. Maintenant, je veux faire fructifier cette expérience pour gouverner le pays pour les cinq années à venir ». Face à une majorité si écrasante, reste à s’interroger sur la direction que prendra le « processus de changement » bolivien qui, pour l’heure, paraît enserré dans un horizon strictement « modernisateur ». Le programme présenté par le MAS, qui mêle nationalisme et productivisme, en est une illustration pertinente : modernisation économique, avec le « grand saut industriel » illustré par l’exploitation du lithium, du gaz et du fer ; administrative avec une nouvelle gestion publique, et une décentralisation poussée via les autonomies départementales et indigènes ; et étatique, avec une reconstruction des services publics.

Pour autant, si la victoire de Morales est évidemment accueillie comme un triomphe populaire, il n’en demeure pas moins que l’ampleur de ce succès laisse pointer bon nombre de dangers (bureaucratisation, cooptation des mouvements sociaux, émergence d’une « droite endogène » bolivienne, etc.). Des risques qui, pour l’heure, n’entachent pas l’aura dont bénéficie le président bolivien, qui reste plus que jamais le dépositaire des espoirs des secteurs les plus humbles de la population.

De La Paz, Hervé Do Alto

2) Réélection triomphale d’Evo Morales en Bolivie

Le président sortant a été massivement reconduit dimanche, dès le premier tour. D’après les dernières estimations, il obtiendrait au moins 61 % des voix. Il promet d’utiliser son nouveau mandat pour « accélérer le changement » d’ores et déjà en marche. La majorité obtenue par son parti, le MAS, aux législatives lui rendra la tâche plus facile.

La Paz, correspondance.

« Un dos tres, Evo otra vez  ! » Un deux trois, Evo encore une fois  ! Sous le balcon du palacio Quemado, le palais présidentiel, ils sont des milliers à être venus acclamer leur président fraîchement réélu. Les résultats définitifs ne sont pas encore connus mais, d’après les dernières estimations, le candidat du MAS (Mouvement vers le socialisme), Evo Morales, obtiendrait au moins 61 % des voix, dès le premier tour. C’est huit points de plus que lors de sa première élection, il y a quatre ans, et c’est plus que ce que prédisaient tous les sondages. Un triomphe pour « accélérer le changement », promet Evo Morales, ainsi qu’« une reconnaissance pour tous les présidents, les gouvernements et les populations anti-impérialistes ».

La victoire des plus humbles

Pour tous les Boliviens qui ont décidé de lui renouveler leur confiance, c’est surtout la victoire des populations les plus humbles. « Nous sommes venus en famille fêter le triomphe de notre président, s’exclame cette femme, brandissant un drapeau floqué du visage de Morales. Il a montré qu’il était compétent et, de tous les présidents que nous avons eus, il est le seul à n’avoir jamais oublié les plus pauvres. » Une euphorie qui tranche avec le calme qui avait prévalu tout au long de la journée. L’explosion de joie l’emporte finalement sur l’enthousiasme tranquille ou la surprise. Car la réélection d’Evo Morales ne faisait aucun doute, mais son score sans appel dépasse les pronostics. « C’est important de voir que les gens continuent de le soutenir, et encore plus nombreux qu’auparavant, se réjouit cet homme entre deux chants à la gloire d’Evo. Cela veut dire qu’aujourd’hui l’appui est général, que la révolution qui est en marche est encore plus solide. Evo a fait avancer le pays, et il va pouvoir continuer de le faire. »

Majorité absolue au Sénat et au parlement

Pour cela, Evo Morales dispose même d’un nouvel atout  : la majorité absolue dans les deux chambres du Congrès. Les élections législatives, qui avaient lieu le même jour, ont elles aussi offert au MAS, dont Evo Morales est le cofondateur, une large victoire  : le parti remporte au moins 24 des 36 sièges de la Chambre haute. Pour la première fois, l’opposition de droite ne dispose plus d’une force de blocage au Sénat. Le gouvernement sera donc libre de faire passer toute une série de lois jusqu’alors bloquées, ce qui lui permettra d’accélérer la mise en œuvre de la nouvelle Constitution adoptée en janvier dernier. À droite, si la déroute présidentielle était prévue, cet échec aux législatives passe mal. Le premier candidat d’opposition, Manfred Reyes Villa, n’obtient qu’entre 23 % et 25 % des voix. Il l’emporte cependant dans trois des neufs départements du pays, trois départements autonomistes de l’Est bolivien, dont le fameux bastion de Santa Cruz. « La polarisation politique continue », a-t-il déclaré après avoir reconnu sa défaite.

Les observateurs internationaux envoyés par l’Union européenne et l’Organisation des États américains ont salué quant à eux la régularité du processus électoral. Selon eux, le vote s’est déroulé de manière « civique et pacifique » et revêt une « légitimité démocratique » totale. Evo Morales est donc au pouvoir pour cinq nouvelles années… voire plus. Si son vice-président, Alvaro Garcia Linera, affirme que le binôme ne briguera pas de nouveau mandat en 2015, Evo Morales préfère laisser planer le doute. Dimanche matin, au moment de glisser son bulletin dans l’urne, il avait déjà rappelé que « constitutionnellement », il y était autorisé.

David Baché

Source : L’Humanité

1) Elections présidentielles et législatives ce dimanche 6 décembre en Bolivie

Bolivie. « L’État a retrouvé un rôle d’acteur »

Hervé Do Alto est un politologue français, spécialiste du MAS (Mouvement vers 
le socialisme). Il vit et travaille à La Paz.

Après vingt années de gouvernements successifs de droite, qu’a changé le premier mandat d’Evo Morales  ?

Hervé Do Alto. La première rupture concerne les rapports entre le gouvernement et la société civile. Les vingt années de néolibéralisme ont été marquées par une répression des organisations sociales. Avec Morales, les canaux de participation se sont ouverts, les organisations sociales et syndicales agissent sur la définition des politiques. Il y a ensuite la volonté de reconstruire l’État. Auparavant, les prérogatives sociales ou d’aménagement du territoire de l’État étaient assumées par des ONG, des partenaires privés ou des institutions internationales. Evo Morales n’a pas totalement rompu avec ce schéma, mais il a redonné à l’État son rôle d’acteur capable d’assumer une véritable gestion publique.

Quelles sont les chances de l’opposition, ce dimanche  ?

Hervé Do Alto. L’opposition n’a strictement aucune chance de remporter la présidentielle, il s’agit vraiment de candidatures de témoignage. Depuis sa victoire en 2005, le parti de Morales s’est largement consolidé. Son programme de reconstruction de l’État et d’affirmation de la souveraineté nationale face aux États-Unis et aux entreprises transnationales fait plus que jamais consensus, de même que le simple fait qu’un Indien soit au pouvoir. Aujourd’hui, l’opposition est vraiment reléguée au second plan. Elle critique une soi-disant soumission au Venezuela d’Hugo Chavez, une pratique de gouvernement « totalitaire », mais cela tient surtout du fantasme, ce qui explique sa faiblesse.

Du coup, l’opposition mise surtout sur 
les législatives…

Hervé Do Alto. L’enjeu immédiat pour elle est de poser un verrou sur la capacité du MAS à appliquer son programme. Au quotidien, les décisions sont prises à la majorité absolue, mais certaines lois-cadres, les plus importantes, sont votées aux deux tiers. Le MAS n’est pas assuré de les obtenir au Sénat. Le pari de l’opposition, c’est donc d’obtenir le nombre de sénateurs suffisant pour conserver une minorité de blocage.

Y a-t-il des risques d’irrégularités  ?

Hervé Do Alto. L’opposition lance deux accusations. La première, qui revient à chaque scrutin, c’est le contrôle qu’aurait le MAS sur les campagnes. Les us et coutumes de certaines communautés, où on vote à main levée, permettraient aux dirigeants de contrôler le vote. Mais le vote unitaire des communautés paysannes est une pratique fréquente, qui existait déjà dans le passé. En soi, cela ne signifie pas qu’il s’agisse de fraudes.

Il y a aussi un débat sur le nouveau registre électoral biométrique, élaboré pour ces élections, à la demande de l’opposition. La Cour nationale électorale a mis en « observation » 400 000 votants (sur 5 millions – NDLR), qui sont inscrits sur les listes électorales mais pas sur le registre civil. Le gouvernement souhaite qu’ils puissent voter, mais la droite dénonce des risques d’enregistrement multiples.

Entretien réalisé par D.B.


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