Les VERTS se trompent lourdement en frayant avec le nouveau visage de la droite que représente François Bayrou (par Claude-Marie Vadrot, Politis)

jeudi 26 novembre 2009.
 

Il est sans doute parfois possible de trouver des « militants », terme un peu bizarre j’en conviens, du Modem qui peuvent avoir envie de venir ou revenir vers la gauche, vers les valeurs anti-libérales qui animent la mouvance écologiste depuis des lustres. Mais imaginer que Bayrou, Lou Ravi du Béarn, puisse avoir une once de pensée de gauche, un minuscule atome crochu avec ceux qui contestent les formes prédatrices et destructrices du capitalisme et de l’idéologie de la croissance, revient à croire avec des semaines d’avance au Père Noël. Imaginer que celui qui fut l’« efficace » ministre de la droite à l’éducation nationale et à la Recherche de la droite (1993-1997), puisse comprendre ce que sont la décroissance ou une croissante respectueuses des écosystèmes et des citoyens, relève de l’illusion d’optique, et de la tromperie sur la marchandise. Imaginer encore que sa compagne de route, Corinne Lepage, ministre de l’environnement d’Alain Juppé puisse, au delà de ses discours « parfaits », épouser les valeurs et les refus politiques des Verts, relève de la méthode Coué. Les avocats, c’est bien connu, ne font qu’épouser le temps d’une plaidoirie, les errances de leurs clients...

S’en prendre à Nicolas Sarkozy, ne constitue pas un programme écologiste, juste une posture de l’illusion présidentielle. François Bayrou n’est qu’un homme politique prêt à faire feu de tout bois (même vert) pour soutenir ses ambitions et faire oublier les dernières élections, il l’a prouvé avec la misérable façon dont il a traité Cohn-Bendit pendant la campagne électorale des Européennes ; il a trouvé un nouveau créneau d’illusionniste et l’adopte pourvu qu’il soit un peu vert puisque c’est la mode. Il l’a prouvé aussi en ne débitant sur l’environnement, les énergies renouvelables, sur l’agriculture, sur la préservation de la biodiversité et sur l’Europe que des propos convenus et quelques idées picorées avec précaution chez les Verts ; mais en oubliant leurs dimensions de critique véhémente de l’économie. Il ne fait qua psalmodier en public les mêmes antiennes ronflantes que celles de la droite productiviste à laquelle il appartient encore, juste dépité de ne pas être calife à la place du calife avec l’appui de ses derniers amis du Medef.

Alors il est à la fois inutile et dangereux de s’acoquiner avec ces requins de la magouille politicienne. Les Verts n’ont pas vocation à sauver ce type d’espèces menacées. Ils ne doivent pas se prêter à ce type de réhabilitation d’un homme et d’un fantôme de parti en quête de la légitimité à la mode.

José, Dany, Karima, Jean-Paul et tous les autres, nous ne vous avons pas envoyé à Bruxelles pour que vous pactisiez avec des escrocs politiques qui n’ont comme objectif que de se déguiser en vert pour quelques mois. Ce n’est pas en avalant des couleuvres que l’on résout la question de la biodiversité.

François Bayrou, il suffit de se référer à ses actes et à ses écrits, n’a jamais remis en cause la suprématie du nucléaire et quand il fut ministre de l’éducation il n’a pas levé un seul petit doigt pour que l’écologie et l’environnement entrent efficacement dans les programmes scolaires et universitaires. L’écologie n’est pour lui qu’une idée porteuse...

Cécile Duflot devrait savoir que, quel que soit son réel talent pour sortir les Verts de leur querelles internes, à force de faire le grand écart, on finit pas s’infliger des claquages dont on ne se remet jamais vraiment. Pour une fois, je trouve que ce qui reste du PS, le Parti de Gauche et le PC, ont eu raison de se refuser de se participer au sauvetage et à la réhabilitation verte d’un courant de droite à la recherche d’une légitimité nouvelle.

François Bayrou a compris depuis quelques semaines, les communicants qui l’aident lui ont expliqué, que la réunion de Copenhague serait un excellent créneau pour se refaire une virginité à partir de l’échec qui se profile. Alors le forum de samedi ne peut que lui servir de rampe de lancement pour les élections régionales surtout pour la présidentielle, sa seule véritable obsession. Alors il est non seulement inutile mais aussi dangereux de lui faire la courte échelle.


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