L’UNESCO, soutenu par France Liberté, veut protéger les savoirs indigènes

samedi 28 novembre 2009.
 

Initié par la Commission internationale sur l’avenir de l’alimentation et de l’agriculture, 
le manifeste pour l’avenir des systèmes de connaissances veut réhabiliter les savoirs indigènes.

Certains prétendent que répéter intentionnellement les mêmes gestes qui nous ont conduits à l’échec en pensant qu’ils pourront déboucher sur une réussite est un signe de névrose, voire une forme de démence. Les instigateurs du Manifeste pour l’avenir des systèmes de connaissance en sont pour leur part convaincus, qui exhortent à remanier notre façon de réfléchir le monde intelligent, sous peine de rechuter immanquablement dans les crises, qu’elles soient alimentaires, économiques ou environnementales.

Lancé la semaine dernière sous les bons auspices de l’Unesco et soutenu par l’association France Liberté, l’appel a été initié par la Commission internationale sur l’avenir de l’alimentation et de l’agriculture. Créée en 2003, l’organisation réunit des personnalités de toutes nations (chercheurs, politiques, associatifs…) et fonctionne comme une sorte de think tank au service de la protection de la biodiversité et de la souveraineté alimentaire des peuples. Quel rapport avec l’avenir des systèmes de connaissance  ? Un constat, que dresse la commission  : à la source des crises qui frappent aujourd’hui la planète, on trouve un modèle dominant de production et de diffusion des connaissances.

« Toutes les crises ont pour base la conception erronée d’un savoir mécaniste, qui suppose que l’homme, la nature ou l’économie sont une machine que l’on peut manipuler, casser et réparer à sa guise », explique Vandana Shiva, activiste indienne et présidente de la commission. Une conception réductrice, qui tend à hiérarchiser les savoirs, opposant ceux qu’elle qualifie d’archaïques, voire de superstitieux, à ceux qu’elle juge scientifiquement éprouvés. Sont ainsi négligés les savoirs populaires, et plus singulièrement les savoirs des populations autochtones. « En Inde, les colons anglais ont balayé nos connaissances d’un trait, les qualifiant d’emblée de superstitions », rappelle Vandana Shiva. L’embûche démocratique s’impose d’évidence. « Le modèle dominant, la science et la théologie ont toujours cherché à hiérarchiser nos connaissances indigènes », explique José Gualinga, représentant du peuple Kichwa d’Amazonie équatorienne. « Nous avons vu plusieurs de nos droits violés, entre autres celui d’appliquer nos propres savoirs. » Surtout, ils sont mis de côté quoiqu’ayant fait leurs preuves. « Les sociétés humaines ont développé des connaissances riches et variées », rappelle le professeur Walter Erdelen, de l’Unesco. Celles des Inuits, qui ont su se développer en Arctique, milieu hostile par excellence. Ou celles des agriculteurs de l’Asie du Sud-Est, qui savent se tourner vers les ressources naturelles des forêts quand leurs plantations font défaut. « Au final, chaque région peut être source d’abondance dès lors que l’on dispose des connaissances ad hoc », estime Walter Erdelen.

La pluralité des systèmes de connaissance est vitale, reprend quant à lui le Manifeste. « Il faut imposer un nouveau paradigme de connaissance, conclut Vandana Shiva. Ne plus réserver l’expertise aux experts, et compter avec celle des populations. »

Marie-Noelle Bertrand


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