Le gouvernement turc annonce des mesures pour améliorer les droits des Kurdes (2 articles)

dimanche 22 novembre 2009.
 

1) Des mesures très attendues pour améliorer les droits de la population kurde Dépêche AFP

"Si les localités le désirent, on leur donnera l’occasion d’utiliser de nouveau leurs noms d’origine", a dit M. Atalay en exposant les détails de l’"ouverture démocratique" à laquelle le gouvernement est prêt à procéder à l’égard de la minorité kurde afin de venir, à terme, à bout de 25 ans d’insurrection séparatiste kurde.

C’est la première fois depuis l’été, date à laquelle le Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste), au pouvoir a annoncé vouloir régler le vieux conflit kurde en Turquie, que des mesures concrètes sont rendues publiques.

Parmi les autres dispositions légales que prendra la majorité gouvernementale figure la mise en place d’une commission indépendante chargée d’enquêter sur les violations des droits de l’Homme, en particulier dans le sud-est, région peuplée majoritairement de Kurdes.

"Cette commission publiera dans les plus brefs délais les conclusions de ses enquêtes", a souligné le ministre, affirmant que le "slogan" du gouvernement pour son plan kurde était "plus de libertés pour tout le monde".

Une troisième mesure concernera l’autorisation de fait d’utiliser le kurde dans la vie politique, où l’usage du turc est pour le moment obligatoire.

Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan devait aussi prendre la parole vendredi au Parlement, avant que les ténors de l’opposition, farouchement opposés à cette initiative, craignant pour l’unite nationale, n’exposent leur point de vue.

Le gouvernement a déjà accru les droits culturels des Kurdes, en autorisant notamment une chaîne de télévision pour cette minorité.

Afin de montrer sa volonté d’aller de l’avant dans les réformes démocratiques, l’AKP a présenté cette semaine un projet de loi à l’Assemblée réduisant les peines encourues par les enfants kurdes arrêtés pendant des manifestations en faveur du PKK (Parti -illégal- des travailleurs du Kurdistan).

Les adolescents jetant des pierres sur les forces de l’ordre à ces occasions sont actuellement jugés comme s’ils étaient des terroristes et encourent à ce titre des peines pouvant aller jusqu’à vingt ans de prison.

Le gouvernement a autorisé dans la foulée les chaînes privées à émettre 24 heures sur 24.

2) L’épineuse question kurde fait une première irruption au Parlement turc Article de L’Humanité

Vendredi dernier, le premier ministre turc, Tayyip Erdogan, a défendu devant le Parlement un « projet d’ouverture démocratique » autorisant l’usage de la langue kurde dans la vie politique et culturelle via la diffusion de programmes à la radio et à la télévision. Mieux, (voir l’Humanité du 12 novembre), les villes et villages kurdes qui ont été « turquifiés » pourront retrouver leurs noms originels. Les détenus kurdes seront désormais autorisés à parler leur langue lors de visites familiales. Enfin le gouvernement turc va créer des commissions indépendantes pour prévenir les discriminations et les actes de tortures. Reste que le gouvernement a rejeté le droit à l’éducation en langue kurde tout en réaffirmant que la Turquie reste un État unitaire avec une seule langue, le turc, et ce, même dans le cas d’une révision constitutionnelle.

Ces précautions politico-constitutionnelles n’ont convaincu ni l’opposition kémaliste – le CHP (Parti républicain du peuple, membre de l’internationale socialiste) – ni l’opposition ultra-nationaliste – MHP (Parti de l’action nationaliste – tous deux présents au Parlement. Par la voix de son leader, Deniz Baykal, le CHP a accusé le gouvernement de vouloir « détruire et démanteler la Turquie », tandis que Deviet Bahceli du MHP le suspecte ouvertement de négocier avec une bande de terroristes. Quant à l’armée, qui se définit comme la gardienne du dogme kémaliste et, pour qui, le PKK est un « mouvement terroriste », elle n’a pas encore réagi.

De son côté, le PKK, qui a rejeté l’initiative gouvernementale, la jugeant « superficielle », estime que « la question kurde ne peut pas trouver de solution sans la reconnaissance de la volonté du peuple kurde et sans dialogue avec ses représentants », a-t-il indiqué dans un communiqué diffusé par l’agence pro-kurde Firat. Il exige la cessation des opérations militaires, que la reconnaissance de l’identité kurde soit inscrite dans la Constitution et que le kurde soit aussi une langue d’enseignement.

Bien que qualifiées d’insuffisantes par les Kurdes eux-mêmes, il n’en reste pas moins que dans un pays où le jacobinisme kémaliste a toujours fait l’impasse depuis plus de soixante ans sur l’existence d’une minorité représentant tout de même plus de 15 millions de personnes, les mesures annoncées par le gouvernement de Tayyip Erdogan constituent de fait un début de reconnaissance du fait culturel et national kurde. Elles ouvrent une brèche dans le mur du déni de l’identité et de la culture Kurde. Le débat ne fait que commencer.

Hassane Zerrouky


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