Un hôpital islamique à Rotterdam

lundi 16 octobre 2006.
 

A priori, Rotterdam n’a rien contre la construction du premier hôpital islamique du pays. Le conseil municipal de la deuxième ville des Pays-Bas a rejeté, le 29 septembre, une motion de la droite populiste visant à interdire ce projet.C’est un pas en arrière vers le Moyen Age, a protesté le parti Leefbaar Rotterdam (Rotterdam vivable, LR), aux commandes de la municipalité de 2002 à mars dernier. Désormais dirigé par une majorité travailliste, Rotterdam n’y voit rien de plus qu’une initiative privée.

Halal. C’est un Néerlandais de souche, Paul Sturkenboom, qui est à l’origine du projet. Ancien patron de Slotervaart, l’un des plus grands hôpitaux d’Amsterdam, cet homme d’affaires de 55 ans, spécialisé dans le sauvetage d’hôpitaux déficitaires, veut construire d’ici à 2008 un centre hospitalier où tout serait conçu pour les musulmans (1 million aux Pays-Bas, 5% de la population). La nourriture sera halal et la présence d’un imam permanente, a-t-il annoncé. Hommes et femmes seront séparés, les femmes étant soignées par des femmes et les hommes par des hommes. Le personnel, 45 médecins et 275 infirmiers, n’aura pas nécessairement besoin d’être musulman, a précisé Sturkenboom, mais devra naturellement se montrer respectueux de cette religion.

Geert Wilders, un député indépendant ultraconservateur, a demandé des explications au gouvernement sur un projet qui relève à ses yeux de l’apartheid. Sturkenboom, lui, entend exploiter une demande insatisfaite sur le marché. Il existe aux Pays-Bas une centaine d’hôpitaux fondés sur des principes chrétiens, justifie-t-il, mais aucun pour les musulmans. Ces patients sont souvent confrontés à des problèmes, notamment de nourriture.

Dans le royaume batave, l’intégration des immigrés fait l’objet d’un intense débat depuis la montée de la droite populiste, après les attentats du 11 septembre 2001. Cette intégration repose largement sur le principe du communautarisme : à chacun ses écoles, ses chaînes de télé, ses syndicats et ses hôpitaux, sur le modèle qui a prévalu pour les catholiques, les protestants et les athées jusqu’aux années 60. Les immigrés turcs et marocains sont arrivés dans le pays au moment où cette organisation en trois piliers commençait à se défaire. Ils ont malgré tout pu construire 450 mosquées, ouvrir une quarantaine d’écoles islamiques et lancer d’innombrables associations, avec l’aide de l’Etat.

Préceptes.

Aujourd’hui, le secteur privé courtise la clientèle allochtone. La société nationale de télécommunications KPN a ainsi lancé, le 26 septembre, la marque Ay Yildiz, un service de téléphonie mobile pour Néerlando-Turcs avec bas tarifs vers la Turquie, l’Allemagne et la Belgique. La banque Rabobank planche, elle, sur une formule de crédit immobilier qui respecterait les préceptes de l’islam. De son côté, la société éditrice des quotidiens De Volkskrant et NRC Handelsblad a annoncé, le 28 septembre, un projet de journal spécialement destiné aux immigrés.

Sabine CESSOU


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