Le racisme au travail

samedi 21 octobre 2006.
 

Ce qu’il convient de savoir :

La vie sociale dans notre pays est aujourd’hui caractérisée par la dissolution des rapports de travail et, plus largement, du lien social. L’exclusion avance avec une augmentation sensible des salariés pauvres. La fragilité des situations sociales, la crainte de l’avenir, l’absence de perspectives, peuvent générer des replis protecteurs et une écoute plus attentive aux discours simplistes et musclés.

L’autre, dans ces conditions, peut apparaître comme un concurrent, un danger, d’autant plus qu’il est différent. Il est alors facile d’identifier l’étranger comme celui qui viendrait prendre mon emploi, qui menace, au surplus, mes habitudes de vie, ma culture, mes valeurs... La peur de l’autre est ainsi la peur de sa propre exclusion, de sa propre négation dans l’espace où on a toujours vécu.

Plus notre système de protection et de garanties sociales se défait, plus grand est le risque de la tentation de se refermer sur l’Europe, sur la France, sur la région, sur soi. Là réside une importante source du nationalisme et du populisme. La mondialisation financière et les reculs sociaux qu’elle impose renforce ces replis. On peut comprendre dès lors le succès que peut avoir le thème de la « préférence nationale ».

Les idées de l’extrême droite prospèrent également sur l’impuissance de la sphère politique à répondre aux aspirations des plus démunis, sphère politique qui semble s’être aliénée au primat absolu de la rentabilité financière[1]. Après un siècle de développement plus ou moins chaotique, le capitalisme promet aujourd’hui un avenir moins radieux que le présent, on pourrait dire des « lendemains qui déchantent ». Tous les parents souhaitent pour leurs enfants une vie meilleure que celle qu’eux-mêmes ont vécu ; ils l’attendent d’une société qui progresse. Aujourd’hui on tente de leur expliquer que le progrès a changé de direction, qu’être « moderne » c’est avoir « moins » et ne plus attendre « plus ».

Combattre le racisme c’est aussi comprendre les peurs, les inquiétudes, les attentes, les souffrances des salariés. Les salariés, dans leur très grande majorité, ne sont pas des partisans raisonnés, militants, de l’idéologie raciste, même ceux qui lui apportent leur voix dans les élections politiques.

Combattre le racisme c’est agir sur le terrain social, sur le terrain revendicatif, pour apaiser ces inquiétudes et répondre aux attentes de tous les salariés. L’action revendicative est très souvent le meilleur antidote à la fièvre xénophobe et raciste. L’action syndicale dans l’entreprise, l’activité des institutions représentatives des salariés (Comités d’entreprise, CHSCT, DP,...) avec leurs moyens et prérogatives, sont des moyens très efficaces pour faire reculer les discriminations raciales comme les idées racistes.

Combattre les discriminations raciales au travail c’est rappeler qu’elles constituent un délit et qu’il appartient au syndicat et aux représentants des salariés de défendre les salariés qui en sont victimes.

En même temps il convient d’éclaircir les esprits, d’apporter la lumière qui dissipera les ombres grises et noires. Les syndicalistes ont à s’adresser à l’intelligence des salariés même si elle est parfois rendue inaccessible par un manteau d’angoisse ou de ressentiment. Comment s’y prendre ? Avec patience, avec pédagogie, sans jamais exclure. Avec quoi ? Avec la parole, pour rompre le silence et le repli, même s’il est vrai que les espaces de parole deviennent plus rares dans l’entreprise. La flexibilité accrue du travail, l’éclatement des horaires collectifs, l’intensification du travail, rendent les échanges et discussions difficiles.

Souvenez-vous que la compréhension exige toujours du temps, alors que le slogan ou le stéréotype raciste n’a besoin, lui, que de quelques secondes.


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