Le riz du monde entier contaminé par une variété ratée d’OGM ?

dimanche 22 octobre 2006.
 

Les institutions scientifiques censées veiller à la santé des populations ne sont qu’une caution des multinationales. Voilà une bien grave accusation qui monte en cet automne, particulièrement contre deux institutions américaines qui font la loi dans ce domaine : la FDA (Food and drug Administration) et l’USDA (agriculture).

Réaction des scientifiques concernés : oui, nous subissons "une influence politique omniprésente". Un cinquième d’entre eux affirment qu’il leur a été demandé "d’exclure ou altérer des informations techniques", "de fournir des informations incomplètes, incorrectes ou trompeuses". A la Chambre des représentants, le démocrate Maurice Hinchey a proclamé que les panels du Conseil scientifique de la FDA sont à la solde des firmes.

C’est dans ce contexte que grandit le scandale du riz OGM et du manque d’indépendance des institutions européennes par rapport aux firmes agro-alimentaires.

Ci-dessous, deux articles de Sylvette Escazeaux, spécialiste du sujet, qui a publié de nombreuses analyses sur www.monde-solidaire.org et altermonde-levillage.nuxit.net

Il n’aura pas fallu deux semaines, après les scandales mettant en cause la Food and Drug Administration (FDA) et le US Départment of Agriculture (ASDA), et démontrant leur complicité avec les firmes pharmaceutiques et biotech, pour que l’on découvre que la même chose se produit en Europe avec l’Agence Européenne de Sécurité Alimentaire (EFSA).

A l’écoute des communiqués de presse à la radio indiquant que le riz génétiquement modifié LL601 de Bayer -qui a contaminé les stocks du monde entier selon Greenpeace- venait d’être déclaré SANS DANGER POUR LA CONSOMMATION, il était clair que quelque chose de particulièrement obscène se tramait chez nous aussi.

En effet, plusieurs documents montraient que cette variété a été cultivée par Bayer dans des champs d’essais pendant cinq ans aux Etats-Unis, puis abandonnée. Il fallait bien que cette variété présente de graves défauts pour qu’une firme comme Bayer ne cherche pas de retours sur investissements ! La précipitation de l’USDA pour approuver le kit de détection du LL601 de Bayer, un kit élaboré "sur mesure" par la firme et qui devrait permettre de tester toutes les cargaisons destinées à l’exportation sans déceler pratiquement la moindre trace de LL601,ne faisait qu’aggraver les soupçons. Son égal empressement à accepter la demande de Bayer d’autorisation rétroactive du LL601 signalait l’étendue de la collusion d’intérêt qui existe entre ces firmes et les institutions censées nous protéger.

La notice de presse de GM Free Cymru (Pays de Galles), ci-dessous, confirme maintenant l’étendue de la complicité des institutions chargées du contrôle de la sécurité alimentaire en Europe, avec des firmes criminelles qui contaminent la chaîne alimentaire avec leurs produits génétiquement modifiés.

Si le pire des scénarios, concernant une variété jamais contrôlée pour ses effets sur la santé, jamais approuvée, et dont on ne connaît mêmes pas les caractéristiques moléculaires, peut contaminer la chaîne alimentaire sans que ceci ne donne lieu à des sanctions envers la firme, alors on peut réellement -sans excès- douter de la validité de toutes les autorisations fournies pour des OGM.

Si de plus, les organes en charge du contrôle s’empressent de "couvrir" la firme en lui fournissant une autorisation de commercialisation rétroactive, en autorisant son kit de "non-détection" comme moyen de tester les cargaisons et, ici, chez nous en Europe, ne font rien pour obtenir de la firme qu’elle procure ses données scientifiques permettant de connaître l’exacte composition moléculaire du LL601 et publient des déclarations mensongères sur l’innocuité d’un produit dont elles ne connaissent RIEN...alors, on peut dire que nous touchons le fond du cynisme et de la corruption.

Nous le savions déjà, mais il demeure consternant d’en avoir la preuve.


Il a été révélé aujourd’hui que la déclaration du 15 Septembre émanant de l’Agence Européenne de Sécurité Alimentaire relative à l’innocuité du riz contaminé par le LL601 était scientifiquement irresponsable. Cette déclaration était basée seulement sur les données très sélectives fournies par Bayer Crop Science, en l’absence de larges sections de documentation scientifique importante.

La déclaration de l’EFSA (1) était formulée très prudemment, impliquant que les auteurs n’étaient pas satisfaits des données en leur possession pour une appréciation pleinement scientifique du riz LL601, la variété incriminée. Ils disaient : "Selon la Déclaration du Panel parue aujourd’hui, il n’y a pas assez de données pour fournir une réelle appréciation de risque en accord avec la prodédure sur les OGM de l’EFSA."

Néanmoins, le Panel OGM et l’EFSA ont effectivement souscrit à l’innocuité du LL601 en le déclarant sans dangers pour la consommation, avec les mots : "...sur la base des données moléculaires et de composition et du profile toxicologique des protéines PAT, l’EFSA considère que la consommation de riz à grain long importé contenant des traces de riz GM LL601 ne soulève pas d’inquiétudes imminentes de sécurité pour les humains et les animaux." Comme l’EFSA avait du l’anticiper, ces derniers mots se sont répandus comme l’éclair à travers le monde, résumés, simplifiés, et empaquetés dans des communiqués de presse sans nombre, confirmant que le LL601 ne présente aucun danger pour la consommation.

La documentation consultée aujourd’hui par GM Free Cymru révèle que Bayer Crop Science a soustrait des données cruciales sur la caractérisation moléculaire du LL601 (et sur d’autres caractéristiques cruciales) des documents qu’elle a fournis aux organes de contrôle européens, tout en demandant en même temps une autorisation rétroactive pour sa variété. Le dossier de Bayer (2) comprend environ 30 pages de blanc sous le prétexte que cette information est classée CBI "confidential business information"- donc ne pouvant être dévoilée.

Il apparait que le Panel OGM de l’EFSA aurait pu exigé de Bayer ces données cruciales avant sa réunion du 14 Septembre, mais il est clair maintenat qu’elle ne les avaient pas reçues quand elle a publié sa déclaration le 15 Septembre.

Pour composer avec la fraude, la déclaration de l’EFSA cite deux "avis scientifiques positifs" concernant le riz LL601 en soutien à ses conclusions selon lesquelles la variété ne causera pas de dommages si elle est consommée en petites quantités. Après investigation, il est clair que ces deux avis sont sans valeur. L’un d’entre eux est un "avis informel" et jamais publié, donné par des membres non nommés de l’ACNFP de L’Agence des Normes Alimentaires de Grande-Bretagne. Cet avis non répertorié est entièrement inacceptable du point de vue scientifique. Il a causé une tempête de protestations de la part des ONG, et est une des bases sur laquelle les Amis de la Terre entame leur action en justice contre l’EFSA. L’autre "avis positif" a été soumis le 13 Septembre par RIKILT (Institut de Sécurité Alimentaire de l’Université de Wegeningen, Pays-Bas) qui est l’institut dirigé par le Président du Panel GMO de l’EFSA, le Professeur Harry Kuiper. Ceci est une cause de sérieuse inquiétude, mais plus important encore est le fait (admis par les auteurs du rapport) qu’ils n’avaient pas vu non plus les données "censurées" par Bayer dans le dossier (4) (5).

Prenant la parole au nom de GM Free Cymru, Dr Brian John a dit : Nous sommes consternés par ces révélations. Elles montrent que l’EFSA n’avait aucunes bases scientifiques pour publier sa déclaration sur l’innocuité du riz LL601. Bayer a simplement refusé de donner à l’EFSA et aux autres organes de contrôle l’information clé qui pourrait montrer que le LL601 est instable et dangereux.

Nous savons déjà qu’il s’agit d’une variété ratée qui a été abandonnée en 2001 pour des raisons non spécifiées. L’EFSA n’aurait jamais DU publier aucune déclaration dans ces conditions, et elle aurait du contraindre Bayer à fournir toutes les données scientifiques en sa possession.

Ceci est un nouvel exemple de la façon dont les multinationales GM foulent allègrement au pied les processus de contrôle européens et un nouvel exemple de l’incompétence et la corruption de ceux qui sont censés s’occuper de la santé des consommateurs européens."

Communiqué complémentaire

Sylvette Escazaux



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