Honduras : Vers un échec des putschistes et un retour de Zelaya à la présidence ? (2 articles et 2 communiqués, GUE Mélenchon et PS)

mardi 3 novembre 2009.
Source : l
 

Le président du Honduras, Manuel Zelaya, a déclaré qu’il s’attendait à être rétabli dans ses fonctions jeudi 5 octobre au plus tard, suite à l’accord signé avec le gouvernement putschiste pour mettre fin à la crise politique. Selon l’accord entré en vigueur et remis au Congrès vendredi 30 octobre, les 128 parlementaires doivent se prononcer sur un retour au pouvoir de Manuel Zelaya, renversé le 28 juin et dont le mandat expirait le 27 janvier 2010. Des élections législatives et présidentielle sont prévues le 29 novembre. Dans la foulée de l’accord, Manuel Zelaya a demandé au Congrès du Honduras de se réunir dès le 2 octobre pour se prononcer sur son retour au pouvoir. L’ex-président, est toujours réfugié à l’ambassade du Brésil à Tegucigalpa.

1) Les eurodéputés GUE-NGL félicitent la ministre des affaires étrangères du Honduras pour l’accord obtenu

Ce matin, l’Amérique Latine s’est réveillée avec la bonne nouvelle de l’accord obtenu hier soir entre le Président Zelaya et Micheletti.

Les député-e-s de l’Assemblée birégionale Europe-Amérique Latine (EUROLAT) se sont vu présenter de vive voix par la ministre des affaires étrangères du Honduras, Patricia Rodas, les détails de cet accord dans le cadre de la réunion qui se tient au Panamá.

Il faut rappeler que sa présence a été permise par le vote impulsé par le groupe GUE-NGL au sein de la composante européenne d’EUROLAT afin qu’elle soit invitée à cette réunion, et ce contre la volonté de la droite européenne et d’une partie des libéraux.

Les eurodéputés GUE-NGL Willy Meyer, Ilda Figueiredo et Jean Luc Mélenchon ont tenu à féliciter le peuple hondurien, et le Président Zelaya, et ils ont profité de cette occasion pour réaffirmer leur solidarité avec le peuple hondurien, à travers le Front de Résistance pour la défense de la démocratie au Honduras.

La signature de cet accord en vue de la restitution du pouvoir à José Manuel Zelaya Rosales est le triomphe de la pression populaire, du Front de Résistance et de la dignité du Président Zelaya et de son peuple, qui se sont unis pour exiger, dès les premiers moments du coup d’État, la restitution de pouvoir au président constitutionnel.

La ministre Patricia Rodas a voulu remercier les eurodéputés pour « la pression et la solidarité internationale, qui ont contribué à la défaite du putschiste Micheletti ».

Elle a souligné que cet accord reprend trois des préalables posés dès le coup d’État :

* la restitution à Zelaya de la Présidence du Honduras,

* l’absence d’amnistie pour les putschistes,

* et le transfert de l’autorité des Forces armées au Tribunal Suprême électoral.

Certaines des conditions prévues dans l’accord correspondent à la décision du Parlement du Honduras de rendre le pouvoir à Zelaya et de reconduire son gouvernement.

A l’initiative du groupe GUE-NGL et de la composante latino-américaine de EUROLAT, l’Assemblée a émis aujourd’hui une déclaration signée par ses deux copresidents, condamnant le coup d’État de Roberto Micheletti et saluant l’accord obtenu aujourd’hui.

Les députés GUE-NGL ont réaffirmé leur engagement à participer à la lutte pour la défense de la démocratie au Honduras et à maintenir toute leur solidarité au peuple hondurénien.

2) Honduras : la résistance populaire est proche de la victoire

Source : http://www.voltairenet.org/article1...

Alors que les Honduriens ne passaient pas spécialement pour être très politisés, et que les experts US ne prévoyaient pas de réaction durable au coup d’État, c’est l’inverse qui s’est produit. La population s’est soudain engagée, a rejoint des organisations militantes, et s’est dressée contre les putschistes. Pour Arnold August, ce phénomène n’est pas sans rappeler les mouvements populaires qui ont agité les États de la région au cours de la décennie et ont tous porté au pouvoir des leaders révolutionnaires. Selon lui, si rien ne vient entraver cette mobilisation, le recul des putschistes est inéluctable. En tout état de cause, une fois de plus, l’interventionnisme US se retourne contre Washington.

C’est le 28 juin que l’ordre constitutionnel a été renversé au Honduras par un coup d’État et le président Zelaya expulsé de son propre pays ; ce faisant, le germe du « Front national contre le coup d’État » venait d’être planté. Depuis, il évolue tous les jours sur les plans politique et organisationnel, en osmose avec le peuple, faisant preuve de courage et de détermination face à la répression et aux assassinats. Non seulement le Front a organisé d’immenses manifestations pacifiques dans les villes, mais il a également créé des milliers de cellules et d’activités locales, en milieu urbain et rural, dispensant en outre une formation politique. Le président Zelaya et le gouvernement légitime évoluent eux aussi et se radicalisent. Celui-ci a d’ailleurs maintenu en place son administration, durant son exil comme depuis sa présence à l’ambassade brésilienne. En outre, M. Zelaya s’est rendu lui-même à Washington ainsi que dans plusieurs capitales sud-américaines pour accroître les soutiens dont il disposes. Par deux fois, il a tenté de rentrer pacifiquement dans son pays par avion et par voie terrestre. Il y est finalement arrivé lors de son troisième essai, malgré les graves dangers qui l’attendaient.

Durant les négociations entre les putschistes et le gouvernement légitime, soutenu par ses alliés du Front, le gouvernement de facto de Micheletti joue la montre. Il tente de gagner du temps en essayant de diviser les forces de la résistance et d’affaiblir le mouvement de masse dans les rues, espérant à terme se légitimer par de nouvelles élections. Néanmoins, les trois forces en question sont désormais plus unies que jamais : le Front et ses adhérents, provenant à la fois des organisations syndicales et sociales et de ses sympathisants dans les rues ; les deux candidats potentiels aux élections présidentielles, tous deux rattachés directement au Front, et le gouvernement Zelaya. Dans cette situation compliquée, leurs tactiques combinées sont un exemple parmi tant d’autres de l’évolution rapide qui caractérise la maturité politique et l’esprit de tous les groupes formant la résistance. Toutes ces forces, loin de succomber aux tactiques impérialistes habituelles cherchant à diviser pour mieux régner, ne font que s’unir davantage. La résistance dans les rues, les nouvelles forces politiques ainsi que le gouvernement constitutionnel de Zelaya se complètent les uns les autres.

Voici des extraits d’un entretien téléphonique exclusif entre Zelaya et un média international, rapporté par le journaliste Giorgio Trucchi présent sur les lieux :

« Question : Vous avez consenti à signer l’Accord de San José portant sur le Plan Arias, lequel n’envisage pas d’acquiescer à la principale revendication du Front national contre le coup d’État, c’est-à-dire de mettre en place un processus pour former une Assemblée constituante. Cela signifie-t-il que vous ayez fait une concession ? (La question porte sur le fait que le Président Zelaya s’abstiendra de convoquer une assemblée constituante d’ici à la fin de son mandat.)

Président Zelaya : La personne qui signera cet Accord, c’est moi, en tant que représentant élu du peuple du Honduras. Le Plan comporte deux parties : d’abord ma réinstallation, qui permettra de dire « non » aux coups d’État. Les présidents latino-américains sont attachés à cette clause, car elle leur donnera l’assurance que la souveraineté des peuples sera respectée et qu’aucune élite militaire, économique ou politique ne pourra remplacer la volonté du peuple. La seconde partie concerne les réformes et les processus sociaux, ainsi que le moment opportun pour les concrétiser. […] [L’Assemblée] constituante ne relève ni du président, ni du régime de facto ni de n’importe quel autre groupe. En fait, elle appartient au peuple du Honduras qui, grâce à une consultation publique, pourra déterminer le moment où il voudra la mettre en place. C’est pourquoi le fait de signer le Plan Arias respecte ma position en ce qui concerne les réformes qui doivent se poursuivre. […] La décision d’instituer une [Assemblée] constituante appartient au peuple qui est souverain […] »

par Arnold August, journaliste américain

2) Honduras : communiqué de Jean-Christophe Cambadélis, Parti Socialiste

Le 2 novembre 2009

L’accord trouvé le 30 octobre à Tegucigalpa rétablit le président Zelaya, victime d’un coup de force militaire le 28 juin dernier, dans ses fonctions de chef d’État.

La perpétuation du statu quo aurait créé un précédent légitimant le recours à la force. Le Parti socialiste avait condamné la destitution de Manuel Zelaya. Il avait salué les efforts visant à rétablir l’ordre démocratique brutalement suspendu par la force des armes. Il avait demandé aux autorités françaises de soutenir les initiatives diplomatiques engagées aux Nations unies pour faire cesser une situation porteuse d’instabilité régionale.

Le Parti socialiste se réjouit du compromis démocratique trouvé grâce à la médiation du Costa Rica, appuyée par les pays membres de l’OEA (Organisation des États Américains) et la diplomatie des États-unis.

3) « Drôle » de pacte
 au Honduras : La restitution du pouvoir à Manuel Zelaya est suspendue au vote du Congrès

Source : http://www.humanite.fr/article27545...

Quand le pouvoir sera-t-il restitué au président du Honduras, Manuel Zelaya  ? Nœud gordien de la crise politique qui agite le pays depuis le coup d’État du 28 juin, l’accord conclu jeudi entre le régime de facto de Roberto Micheletti et les émissaires des autorités légitimes n’avance pourtant aucune date butoir. Selon le texte officiel, il revient aux 128 députés du Congrès de procéder à la restitution du pouvoir à Manuel Zelaya jusqu’à expiration de son mandat en janvier prochain, après avis non contraignant de la Cour suprême de justice.

Pour mémoire, cette institution ainsi que la majorité des députés du Parti libéral, dont sont issus Zelaya et Micheletti, et du Parti national s’étaient rangés du côté des putschistes. Depuis l’ambassade du Brésil, où il est toujours confiné, le président destitué a annoncé qu’il comptait revenir aux affaires du pays jeudi, au plus tard, tout en pointant qu’« il serait lamentable que le Congrès nie la restitution démocratique ». Du côté des putschistes, on joue la montre. « Personne ne peut imposer des délais aux pouvoirs de l’État », a proclamé Arturo Corrales, émissaire de Micheletti aux négociations, tandis que le gouvernement d’union nationale est censé voir le jour le 5 novembre. Retarder le retour de Zelaya serait encore le meilleur moyen pour le régime de facto de garder au maximum la main sur les affaires du pays jusqu’à la tenue des élections générales (présidentielle, législatives, municipales) qui auront lieu le 29 novembre.

« S’il est appliqué de bonne foi, cet accord résoudra la crise », a réitéré le secrétaire général de l’Organisation des États américains (OEA), José Miguel Insulza, certain d’une médiation déterminante dans le dénouement du conflit. Rien n’est moins sûr. Au lendemain de pourparlers étrangement efficaces après des semaines d’enlisement, et symboliquement conclus à un mois des élections, les yeux se tournent déjà du côté des États-Unis. Un « pacte secret et non écrit » aurait été passé entre le sous-secrétaire d’État américain pour l’Amérique latine, Thomas Shannon, dépêché à Tegucigalpa par Hillary Clinton, et Portifirio Lobo, candidat à la présidentielle et chef du Parti national, rapporte la BBC. Selon ce pacte, Lobo favoriserait un retour à la normale en s’assurant du vote des 55 députés de la formation en faveur de la restitution de Zelaya. En échange, poursuit le média, celui qui fait la course en tête dans les sondages aurait reçu la garantie que les résultats du 29 novembre soient reconnus par l’administration états-unienne. Ces tractations, si elles se révèlent vraies, en diraient long sur le rôle plus qu’ambigu joué par les États-Unis dans ce conflit. À moins que cette crise ne soit la bienvenue pour remettre sur les rails un pays jugé trop proche des gouvernements socialistes de la région.

Cathy Cebe


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