VOYAGE EN BOURGEOISIE (avec Monique et Michel Pinçon- Charlot, sociologues)

lundi 19 février 2018.
 

Le 23 octobre, dans l’amphi L de Tolbiac, lieu des fameuses formations du Parti de Gauche, Monique et Michel Pinçon- Charlot, sociologues spécialistes de la grande bourgeoisie, nous faisaient le plaisir d’être là !

Les deux sociologues ont d’abord défini la grande bourgeoisie. Elle se caractérise par le cumul de plusieurs sortes de richesses. Les personnes issues de l’ « aristocratie de l’argent » cumulent en effet :

- du capital économique, c’est-à-dire de très grandes fortunes

- du capital culturel, qui sert à légitimer leur domination. Il s’agit notamment des diplômes (capital culturel objectivé), mais également des livres, des oeuvres d’art et même des demeures, qui s’apparentent souvent à des musées.

- du capital social : à travers les réseaux entretenus par la grande bourgeoisie, cette classe cultive l’entre-soi. Ils savent qui est des leurs et qui ne l’est pas, et assurent la « perpétuation de l’espèce  » grâce à des lieux de rencontres tels que les rallyes ou les cercles.

Du fait de ce cumul de richesses diverses, une violence très pernicieuse, théorisée par Pierre Bourdieu, émane des grands bourgeois : la violence symbolique.

Ces gens-là « ont de la classe » ; face à eux, on se sent tout petits...

L’adversaire est de taille. Or la conscience de cette violence symbolique nous aide à mieux la combattre.

Politiquement, la grande bourgeoisie est incroyablement homogène. Ainsi, les neuilléens ont voté à 85% pour Nicolas Sarkozy lors du second tour de la présidentielle de 2007. Des liens forts existent entre cette classe sociale et le Président de la République, qui est en quelque sorte leur VRP.

Le jeu des questions-réponses a été particulièrement instructif et a permis aux Pinçon de développer des thèmes tels que la place des femmes dans la grande bourgeoisie, l’internationalisme qui existe en son sein, ou encore l’invisibilisation des catégories populaires, qui tranche avec les pages en papier glacé de Voici ou de Paris-Match sur lesquelles la grande bourgeoisie s’affiche sans vergogne.

Finalement, les deux sociologues-militants nous ont encouragés à être des militants-sociologues, en analysant dans notre vie de tous les jours la violence symbolique à l’oeuvre, ou en allant nous promener dans les beaux quartiers.

L’enregistrement vidéo de cette soirée sera prochainement en ligne sur le site du PG.

Jeanne Fidaz


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