Les petits souffre-douleur font les grands fragiles

mercredi 28 octobre 2009.
 

Suède. Une étude compare les destinées de 12 000 élèves.

Les railleries et mauvais coups des camarades de classe au collège peuvent-ils finir par ruiner la santé ? Ylva Almquist, thésarde au Centre d’études sur l’équité en matière de santé, à l’université de Stockholm, s’est penchée sur le cas de plus de 12 000 Suédois, nés en 1953 à Stockholm. Ses conclusions : « Moins un enfant est populaire au collège, plus il a de risque de tomber malade une fois adulte. »

La chercheuse s’est basée sur une étude menée à Stockholm en 1966 auprès de plus de 12 000 élèves de classe de cinquième. A l’époque, chaque collégien avait dû inscrire sur un papier le nom de trois de ses camarades avec lesquels il préférait travailler. Une façon d’évaluer le statut de chacun d’entre eux auprès de ses pairs. Les favoris de la classe étaient cités au moins sept fois. Les enfants dits « marginalisés », jamais. Ylva Almquist a comparé ces données avec les registres des hôpitaux suédois, de 1973 à 2003. En quête du sort de ces 12 000 enfants, la chercheuse a découvert que les élèves les moins populaires en 1966 étaient ceux qui ont été le plus souvent admis à l’hôpital, pour des maladies mentales, ou liées à des comportements à risque. Ces enfants devenus adultes, observe-t-elle, ont entre cinq et neuf fois plus de risques de souffrir d’une maladie cardiaque que leurs anciens camarades. Quatre fois plus d’être atteints d’un diabète. « Ce sont des maladies qui sont souvent liées au style de vie, à la consommation d’alcool ou de tabac », précise la chercheuse. Pour les hommes, le risque de souffrir d’une maladie mentale ou de sombrer dans l’alcoolisme est deux fois plus fort. Celui d’être atteint d’une toxicomanie, trois fois plus, et de tenter de se suicider, quatre fois plus.

Selon Ylva Malmquist, cela prouve que « le statut dont on dispose à l’école affecte la façon dont on se considère, ses ambitions, mais aussi le style de vie auquel on aspire. Plus un enfant est populaire à l’école, plus il aura tendance à avoir confiance en lui. »

Elle assure que les enseignants ont un rôle à jouer. En Suède, les brimades à l’école sont prises très au sérieux. Depuis 2006, une loi autorise les enfants à poursuivre en justice leur école. En 2007, la commune de Södertälje, au sud de Stockholm, a ainsi dû verser à un collégien 160 000 couronnes (15 700 euros) de dommage et intérêt.

Par ANNE-FRANÇOISE HIVERT


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