Humour du mercredi Refaisons les grands votes de l’Histoire avec Jean-François Lamour et Christine Lagarde, de l’abolition de l’esclavage à Mai 2005

jeudi 29 octobre 2009.
 

L’anecdote aurait pu constituer un réjouissant signe des temps : appelé à se prononcer contre un amendement de l’opposition, Jean-François Lamour n’a pas vu sur son boîtier de vote électronique le bouton de droite, usé jusqu’à la racine par sept années de tamponnage enthousiaste de la majorité UMP. Trompé par les apparences, M. Lamour a pressé le mauvais bouton, entraînant par là-même une taxe supplémentaire sur les banques. Protestant de sa bonne foi auprès de Christine Lagarde, il a toutefois réussi à obtenir un re-vote de l’amendement. Avec cette innovation législative, le parlementarisme à la Française prend une nouvelle dimension et s’affranchit d’une philosophie constitutionnelle qui, bien souvent, constitue un obstacle au progrès plutôt qu’une garantie des libertés publiques. Et puisque nous traversons les dimensions, pourquoi ne pas re-voter les textes qui ont terni l’image de notre Brave Patrie ? Donnons-nous enfin un passé qui fasse honneur aux rêves d’avenir de 53% des Français !

Avril 1848 - Abolition de l’esclavage

Une poignée d’utragauchistes cachée derrière des rideaux et sous les escaliers de l’Assemblée Nationale parvient à s’emparer du pouvoir à la faveur d’une émeute urbaine mal maîtrisée. Alors que depuis l’aube des temps historiques toute nation non marxiste qui se respecte utilise l’esclavage, la force humaine bénévole, comme moteur de son économie, elle avance une idée droit-de-l’hommiste incroyable : établir des fiches de salaire pour les nègres des colonies ! [1]

Jean-François Lamour, à la tête d’un regiment d’escrimeurs, a pour mission de bouter hors du Palais Bourbon tout ce qui porte des baskets et un survêt’. Arrivé en chaise à porteurs a 14h33, il se dirige vers l’ascenseur pour se rendre au 1er étage, et là, c’est le drame : le jeune Jeff glisse et appuie sur le mauvais bouton.

Juin 1936 - Les congés payés

La Crise de 29 s’est durablement installée, mais au lieu de créer un ministère de la Relance et de faire un grand emprunt, les socialistes s’engagent dans une coûteuse et inutile politique destinée à permettre aux enfants défavorisés d’aller voir la mer en famille aux frais de la princesse.

C’est dans ce ce contexte que Jean-François Lamour se penche sur son pupitre de l’Assemblée Nationale, face aux touches Oui et Non. Il ne sait plus trop, vu que la veille il a bravepatriotiquement trouvé un débouché a un échantillon d’excédent de pinard de la guerre de 14.

Sa vue est trouble, les touches se chevauchent et finalement il perd connaissance sur le Oui. A son réveil, Christine Lagarde a obtenu un re-vote en échange de l’assurance que l’Allemagne ne toucherait pas à la Pologne. Mais elle ne pardonne pas à M. Lamour, car les congés, déjà, mais en plus payés ! Quelle impéritie en période de crise !

Juillet 1940 - Pleins pouvoirs au maréchal Pétain

Quatre ans plus tard, 649 membres du parlement de la IIIe République font un repli stratégique sur Vichy et planifient la contre-offensive.

Jean-François Lamour, comme ses collègues, est fatigué par plusieurs semaines de combats héroïques. Ses yeux sont crottés de la boue des tranchées, ses doigts écornés par les pressions incessantes exercées sur son fusil Lebel, ses tympans percés par le fracas de l’artillerie ennemie. Il n’entend pas la question ni ne peut la lire. Il croit comprendre qu’il s’agit de faire la paix avec l’Allemagne et vote de bon cœur pour l’adoption d’un Traité Constitutionnel.

Erreur : il confie la représentation nationale au maréchal Pétain, le vainqueur de Verdun, ultime affront fait au Reich. Craignant que ceci suscite l’ire du bougon Hitler, il s’ouvre de ses craintes à Christine Lagarde, qui verrait plutôt d’un bon œil l’ouverture d’usines Volkswagen en région PACA. Mme Lagarde obtient à la force du poignet un re-vote, qui confie les rênes de la zone sud à l’Allemagne. En contrepartie, le Japon s’engage à ne pas attaquer les Etats-Unis.

Septembre 1981 - Abolition de la peine de mort

Tout va mal. Très mal. Le Président, le gouvernement, l’Assemblée Nationale ont juré fidélité et soumission à Moscou. Les malheurs s’abattent sur la Brave Patrie comme les plaies sur l’Egypte Ancienne : ISF, régularisation des sans-papiers, cinquième semaine de congés payés, dépénalisation de la sodomie... Bref : ca pue !

Au Sénat, dernier rempart contre les vents pestilentiels soufflés par le Communisme International, Jean-François Lamour écope de l’abolition de la peine de mort et comprend qu’on veut mettre fin à la guillotine. Ça tombe bien, lui préfère l’épée : la France s’engage à ne plus décoller qu’à la main.

Après le vote, à la sortie de la buvette, il réalise qu’il vient de contribuer à relâcher dans la nature une bombe à viols, meurtres et autres joyeusetés comme les affectionnent tant les socialistes.

Il court se jeter aux pieds de Christine Lagarde et la supplie de l’exécuter sur le champ pendant qu’elle en a encore le droit. Hésitante à faire ça en public et comprenant qu’elle ne rattraperait jamais les taches que cela occasionnerait à son tailleur Chanel, elle lui pardonne et propose un deal aux fans de Lénine : on revote et en échange les socialistes obtiennent le droit de faire du boucan à tout va dans les rues tous les 21 juin. Enthousiastes, les socialistes acceptent et la France reste le dernier pays d’Europe Occidentale où les bourreaux ne sont pas au chômage technique.

Mai 2005 - Référendum sur le Traité Constitutionnel Européen

L’Europe à 27 est devenue ingérable : trop d’Européens de l’Est et pas assez de commissariats. Il est plus que temps d’établir les bases d’une constitution, et de grands spécialistes comme Valéry Giscard d’Estaing s’y attellent entre deux romans érotiques softcore.

A la mi-mai, comme 42 millions d’autres Français, Jean-François Lamour constate que sa boîte aux lettres est bouchée par 1200 pages de papier recyclé. Il agrippe son débouche-évier et pompe comme un forcené avant de finir le travail par un bidon de Destop et une allumette.

Deux semaines plus tard, référendum surprise : M. Lamour approuve-t-il le projet de loi qui autorise la ratification du traité établissant une Constitution pour l’Europe ? Le ministre de la Jeunesse et des Sports n’est pas con et ne se laisse pas berner par cette manœuvre éclair : il sait bien que c’est à cause de l’Europe que le camembert est en danger et qu’on ne trouve plus de pommes de terre rigolotes. C’est avec détermination qu’il vote Non.

Le soir même, il réalise qu’il a fait une erreur en voyant le visage défait de Jacques Chirac à la télévision. Il appelle aussitôt Christine Lagarde et s’excuse pour avoir confondu entre la bonne et la mauvaise Europe. Madame Lagarde essaie d’organiser un nouveau vote le lendemain, mais il faudrait réimprimer quarante millions de traités. C’est trop cher. Après une longue bataille et un nouveau président, le Congrès, à qui on a bien expliqué cette fois-ci ce qu’il fallait faire, approuve avec une majorité écrasante le Traité Constitutionnel Européen, qu’on a rebaptisé Traité de Lisbonne pour faire plus sexy.

On le voit, il aurait suffi à ces divers moments de notre histoire de faire preuve d’un peu d’imagination législative pour que la France soit encore le rayonnant Empire des temps passés. Nous aurions pu, si nos dirigeants avaient alors eu de l’audace, vivre aujourd’hui dans un pays où les Algériens travailleraient pour pas un rond, où les salariés sauraient que c’est la Crise et ne partiraient pas en vacances, un pays où les Français auraient plein d’enfants, où même le Président donnerait l’exemple en devant personnellement trouver pour chacun des siens un emploi, un pays doté d’une loi européenne qui remettrait légalement les Roumains à leur place...

Ce pays de rêve est encore possible : si le gouvernement prend l’habitude de faire re-voter tous les textes de loi qui lui déplaisent, nous pouvons y arriver. Ensemble, tout devient possible, alors fermons les mirettes et rêvons.


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