Machine à perdre : le NPA persiste et signe ? (article de Marianne)

mardi 27 octobre 2009.
 

En annonçant le premier sa volonté de participer au Front de gauche, le PCF met le NPA dans une situation délicate. La balle est désormais dans le camp des anticapitalistes…

Le Front de gauche pour les régionales ? Les communistes en sont. Tous ? Non. La direction nationale a beau avoir tranché ce week-end, leur « offre » de listes autonomes du PS au premier tour sera débattue au niveau local, fin novembre, par les adhérents PCF. Même si dans cette période de pré-campagne, la vérité d’un jour est souvent contredite dès le lendemain, il est clair que des accords très différents d’une région à une autre risquent donc d’être conclus.

Quoi qu’il en soit, Jean-Luc Mélenchon veut voir dans cette décision des dirigeants du PCF « une très bonne nouvelle » . Il aurait tort de ne pas se réjouir. Car pour lui, en effet, c’en est une, de bonne nouvelle.

Tandis que pour le NPA… En dégainant en premier, les communistes placent le parti anticapitaliste dans une situation délicate. Que l’on considère ou non comme acceptable la position retenue par le PCF pour les régionales, il convient en effet de s’interroger sur les conséquences que pourrait avoir sur l’opinion un nouveau refus du NPA de participer au Front de gauche. Jusqu’à présent communistes et anticapitalistes jouaient à qui criait le plus fort le mot « unité ». Ce week-end, le PCF vient de lui griller la priorité. Que retiendront les électeurs ? Que le PCF, lui, ne se contente pas de crier ce mot. Qu’Olivier Besancenot a une nouvelle fois refusé de « la jouer collectif ». Que ce qu’il considère être de « l’exigence » n’est en fait que de l’intransigeance prétentieuse…

Mais au-delà des dommages collatéraux qu’une telle décision peut avoir sur l’opinion, il existe d’autres raisons — plus objectives — de s’engager aux côtés de Mélenchon, Buffet et Picquet. Du côté du NPA, on jugera que ces raisons sont bassement politiciennes. Mais quand on fait le choix de participer à des élections, il ne peut en être autrement : il existe certaines réalités dont on ne peut s’affranchir…

Une jeune formation ne peut pas courir de combat électoral en combat électoral et multiplier les échecs

Et la première de ces réalités est que le parti anticapitaliste ne possède, pour l’heure, aucun élu régional. Une jeune formation comme le NPA, même si elle a besoin d’affirmer sa ligne par rapport à ses proches concurrents, ne peut pas dignement courir de combat électoral en combat électoral et multiplier les échecs. Car le choix de la chevauchée en solitaire lors des européennes — il faut le redire — est bel et bien un échec. Certes, le NPA, en nombre de voix, a très largement progressé par rapport au scrutin de 2004. Beaucoup plus d’ailleurs que le PCF — même agrémenté à la sauce « Front de gauche ». Mais quand le Front décrochait cinq postes au Parlement, les anticapitalistes, eux, n’en obtenaient aucun. Pierre-François Grond, le bras droit d’Olivier Besancenot, reconnaissait d’ailleurs après le 7 juin que si le NPA devait être « déçu » d’une chose, c’est « de ne pas avoir eu un élu ».

Un nouvel échec en solitaire pourrait également avoir des conséquences néfastes en interne. La direction du NPA ne reconnaît toujours pas avoir perdu des militants depuis sa naissance. Tout juste admet-elle un certain « turn-over » dans ses rangs. Soit. Mais ce fameux « turn-over » pourrait s’accélérer encore un peu plus si les résultats aux régionales n’étaient pas à la hauteur des attentes des militants. Un « turn-over » bien malvenu alors qu’Olivier Besancenot appelle aujourd’hui à passer à « l’acte II du processus NPA ». Un « acte II » qui, explique-t-il, exige « plus de constance » et « plus de conscience » de la part des militants. L’acte II du NPA devrait peut-être être revisité : « moins d’intransigeance » et « plus de conscience » de la part de ses dirigeants…

Gérald Andrieu Marianne Lundi 26 Octobre 2009


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