A Taulé, les salariés deviennent les patrons (émission ce 18 octobre à 9 heures sur France Inter)

dimanche 18 octobre 2009.
 

Le magazine de reportages Interception, diffusé dimanche à 9 heures sur France Inter, donne la parole à des salariés de Bretagne qui ont racheté leur entreprise en août dernier.

C’est l’histoire de salariés qui ont refusé la fatalité. Quatorze salariés d’une entreprise de mareyage à Taulé, en Bretagne, qui ont racheté leur ancienne entreprise. Alain Passerel, qui présente chaque jour le journal de 19 heures sur France Inter, s’est intéressé à leur sort. Il a réalisé un reportage pour l’émission « Interception », à 9 heures, dimanche, sur la station publique.

L’aventure a commencé par un coup de massue, en octobre 2008. Les salariés de l’entreprise SDAB, plutôt réputée auprès des restaurateurs, sont réunis par leur employeur. « On travaillait comme d’habitude. A midi, le patron nous a annoncé que c’était la fermeture. Du jour au lendemain », explique Patrice Lorillon. Lui n’a pas envie de « se laisser broyer par la machine à chômage ». « En accord avec le patron », il s’adresse immédiatement aux salariés présents. Et leur propose de reprendre, purement et simplement, l’entreprise. « C’est hallucinant de voir un entrepôt de cette qualité fermé au bout de trois ans. Au prix que ça coûte, et avec la qualité du matériel », s’émeut il. Une quinzaine d’entre eux décide de le suivre. Ils créent une SCOP, une société coopérative de production. Les actionnaires sont les salariés, ils amènent d’ailleurs chacun environ 11 000 euros au projet. Quitte à faire un crédit à la banque. Ils partagent les bénéfices de l’entreprise et en laissent une part pour constituer une réserve . Surtout, ils essaient d’ancrer leur projet dans le temps.

Les quinze personnes qui se sont lancées dans cette aventure ont bénéficié de formations pendant leurs huit mois de chômage. Histoire de pouvoir assumer leurs nouvelles responsabilités : l’entreprise fonctionnait avec 68 personnes, elle a relancé son activité, le 10 août dernier, avec 17 salariés seulement. Et la pression est grande : « il faut très vite qu’on arrive à l’équilibre », constate Patrice Lorillon. Pourtant, aucun ne semble affolé. La confiance règne. Et surtout la fierté d’essayer, de ne pas laisser mourir un outil de travail formidable. « Même pas peur », explique même Florence en riant. « Avant, on était nombreuses, ici. Là, c’est une autre ambiance, on est des conquérants, on veut gagner la guerre. C’est incroyable la force qu’on a pour ce projet. On DOIT réussir parce qu’on travaille, qu’on est sérieux », lâche une autre salariée. Patrice Lorillon a le mot qui résume l’aventure : « Ceux qui sont au SMIC, s’ils partent à la retraite en se disant « on a tenu pendant dix ou quinze ans une entreprise »…. L’histoire est belle ».

Caroline Constant


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