Elections en Allemagne : percée considérable du LINKE, le SPD désemparé (5 articles)

lundi 28 septembre 2009.
 

1) Die Linke, l’autre vainqueur du scrutin Article Le Monde

2) Die Linke, le petit jeune de gauche qui dérange le SPD Article 20 minutes.fr

3) Déferlement de joie à Die Linke Article de L’Humanité

4) Elections en Allemagne (Communiqué du Parti de Gauche)

5) Allemagne : désemparé, le SPD va mettre la barre à gauche

1) Die Linke, l’autre vainqueur du scrutin Article Le Monde

Pour sa première participation aux élections législatives, le nouveau parti La Gauche (Die Linke) réalise une percée impressionnante : avec plus de 12 % des voix, il réalise un excellent score au niveau fédéral, qui devrait lui permettre d’obtenir près de 80 sièges sur les 600 que compte le parlement allemand.

Co-dirigé par l’ancien chef de file des sociaux-démocrates Oskar Lafontaine, le parti rassemble une alliance parfois hétéroclites de communistes de l’ex-RDA, de militants associatifs ou syndicaux, et de transfuges du SPD. Situé "à la gauche de la gauche", Die Linke a fait campagne sur des revendications sociales fortes : salaire horaire minimum de 10 euros, baisse d’impôts pour les revenus les plus faibles, création d’un impôt pour les grosses fortunes et nationalisation des banques.

Le parti mobilise siège dans 11 des 16 Länder (Etats régionaux), et bénéficie de la désaffection des électeurs traditionnels du SPD. Chez les chômeurs, qui votaient traditionellement pour les sociaux-démocrates, Die Linke est devenu le premier parti, avec 26 % des voix, d’après une étude de l’institut de sondage Infratest dimap.

2) Die Linke, le petit jeune de gauche qui dérange le SPD Article 20 minutes.fr

La gauche radicale allemande, Die Linke, a de quoi se réjouir. En deux ans, elle a réussi à s’imposer sur la scène politique, renforçant ses positions à l’Est et gagnant du terrain à l’Ouest, malgré des promesses que le SPD juge « populistes ». Die Linke siège dans onze des seize Länder, dont cinq à l’Ouest. Et lors des élections régionales partielles du 30 août, le parti est arrivé en deuxième position dans deux Länder de l’ex-RDA, derrière la CDU mais loin devant le SPD. Un tour de force dans une partie du pays encore marquée par son passé communiste.

Née en juin 2007 de la fusion du parti néocommuniste de l’ex-Allemagne de l’Est et du parti radical de l’Ouest, Die Linke séduit les nombreux déçus du SPD en réclamant plus de justice sociale et en exigeant le retrait immédiat des troupes allemandes d’Afghanistan. Le parti doit aussi beaucoup à son chef, Oskar Lafontaine, dont le parcours est emblématique du mécontentement à l’égard des sociaux-démocrates. Nommé chef du SPD en 1995, c’est grâce à lui que Gerhard Schröder est élu chancelier en 1998. Devenu ministre des Finances, il quitte son poste l’année suivante, jugeant Schröder trop centriste. Lafontaine ne veut pas être associé à ses réformes libérales, ce qui lui vaut la sympathie des chômeurs ainsi que des salariés et retraités précaires. En mai 2005, il claque finalement la porte du SPD pour fonder un nouveau parti de gauche. Avec Die Linke, Lafontaine pourrait bien bousculer le traditionnel jeu des alliances au sein du gouvernement allemand.

3) Déferlement de joie à Die Linke Article de L’Humanité

Avec plus de 12,5 % des voix, les résultats du parti de gauche sont prometteurs.

« Un résultat sensationnel, le succès de Die Linke est confirmé ! » Tels sont les mots de Dietmar Bartsch à l’annonce des premiers pronostics. 13 % pour le parti de gauche : énormes applaudissements du public dans la tente plantée par le parti de gauche à la Kulturbrauerei, brasserie devenue centre culturel d’un quartier branché de l’ancien Berlin-Est.

« Merci à celles et ceux qui nous ont fait confiance et qui nous ont soutenus dans cette campagne. Nous étions la force sociale et nous le restons ! ajoute le chef du parti. La grande coalition doit faire face à une énorme défaite, mais nous, nous pouvons être fiers de notre succès ! »

« Je l’avais senti depuis les régionales et les bons scores de Die Linke, notamment en Sarre et en Thuringe : les électeurs nous ont pris au sérieux et nous ont fait confiance ! » s’exclame Carsten Boy, tout heureux...

Charlotte Noblet

4) Elections en Allemagne (Communiqué du Parti de Gauche)

Comme on pouvait le craindre la grande coalition rassemblant la droite et les sociaux-démocrates en Allemagne débouche ce soir sur la victoire électorale des conservateurs. Le SPD paie lourdement cette alliance contre nature. Il perd plus d’un tiers de ses voix et atteint son plus mauvais score depuis l’après-guerre.

La bonne nouvelle à gauche vient de Die Linke. L’autre gauche allemande connaît une progression magnifique. Elle améliore son résultat de 2005 de 50%. Die Linke se classe 4e devant les Verts à l’échelle nationale. C’est un bouleversement politique majeur en Allemagne mais aussi en Europe. Face à la faillite politique de la sociale-démocratie, les salariés allemands sont en train d’ouvrir une autre voie. Le Parti de Gauche, qui s’est placé dès sa naissance dans les pas de Die Linke, reçoit ce vote comme un immense encouragement et une force nouvelle.

5) Allemagne : désemparé, le SPD va mettre la barre à gauche

Après la descente aux enfers électorale… le purgatoire. En panne d’idéologie et d’idées, débordés à gauche et au centre et privés de leader charismatique, les sociaux-démocrates allemands ont essuyé une très lourde sanction dimanche, ne réussissant qu’à rassembler 23 % des voix, leur plus mauvais score depuis 1949. Après onze ans passés au pouvoir, le SPD rejoint le club des partis de la gauche européenne en crise. Il a quatre ans devant lui pour se reconstruire et redevenir un parti d’alternance.

« Le SPD n’est plus que l’ombre de lui-même », constatait, lundi, le quotidien de gauche Frankfurter Rundschau. « C’est une défaite amère », avait reconnu dimanche soir le candidat SPD à la Chancellerie et chef de la diplomatie, Frank-Walter Steinmeier. Ce technocrate peu charismatique, qui s’est vu offrir la candidature par défaut, n’était pas de taille à rivaliser avec la très populaire Angela Merkel. Cependant, le parti continuera pour l’instant de miser sur lui. Steinmeier deviendra le chef de l’opposition au Bundestag, où il dirigera le groupe parlementaire social-démocrate. Il pourrait aussi remplacer son complice Franz Müntefering à la tête du parti.

La montée en flèche du chômage avec les vagues de licenciements annoncés, la remise en cause de l’abandon d’ici 2020 des centrales nucléaires et les coupes dans les budgets sociaux devraient lui offrir quelques occasions de se profiler en croisant le fer avec Merkel.

Remise à plat idéologique

Cependant, le SPD ne pourra faire l’économie d’une remise à plat idéologique. Car il est plongé dans une crise durable, concurrencé par deux petits partis qui ne cessent de grandir : les Verts et Die Linke, le parti de la gauche radicale, tous deux stabilisés au-dessus de 10 %.

Dans les années 1980, le SPD n’a pas vu venir l’émergence des Verts, qui après avoir chassé à la gauche du SPD séduisent maintenant aussi les électeurs du centre gauche. Le SPD est le grand parti qui a le plus souffert du bouleversement du champ politique provoqué par la réunification allemande. Le rapprochement des ex-communistes est-allemands et des déçus de la social-démocratie au sein de Die Linke a abouti à l’émergence d’un nouveau poids moyen qui ampute le SPD de son électorat de gauche. La sévère cure d’amaigrissement de l’État providence des années Schröder, incomprise d’une partie de l’électorat social-démocrate, puis l’alliance avec les conservateurs ont coûté cher au SPD. Le parti est passé de 20 millions de voix aux législatives de 1998 à dix millions en 2009.

Le parti ne résistera pas à la tentation de mettre un coup de barre à gauche, au risque de perdre des voix au centre. En proie à une radicalisation, il devrait se démarquer des réformes de l’agenda de réforme de Gerhard Schröder. Il devrait aussi renouer son alliance traditionnelle avec les syndicats. Sur le plan diplomatique, le SPD prendra probablement ses distances avec le très impopulaire engagement allemand dans la guerre en Afghanistan...


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