Jaurès La filiation du progressisme à la française (Par Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité)

mardi 22 septembre 2009.
 

La filiation jaurésienne, c’est celle des combats qu’il mena contre la peine de mort, pour l’augmentation des salaires, pour la création des pensions et des retraites, c’est celle qui refuse de céder aux pressions extérieures selon lesquelles on ne pourrait plus rien entreprendre. Qui a lâché la bride au capitalisme financier et aux forces de l’argent qui ravagent la planète, sinon des hommes et des femmes politiques qui nous ont amenés où nous en sommes ?

La filiation que nous revendiquons, c’est ce progressisme à la française, ce combat acharné en faveur de nouveaux progrès de société, au plan social et au plan écologique : lutter pour sortir un milliard d’habitants de la pauvreté et de la famine, et mieux répartir les richesses, construire les moyens d’un progrès écologique. Lutter d’abord pour l’unité du peuple, du monde du travail, de la jeunesse, des - retraités, et non d’abord pour l’unité des forces politiques, car si on commence par là, on échouera. Permettre ainsi au peuple, aux jeunes de participer à des débats contradictoires sur des questions de fond et non pas à ce bal des ego qu’on a vu tout l’été, à cette danse du ventre devant Bayrou, à qui on demande sa carte d’identité, comme si on ne la connaissait pas !

Les temps ont changé depuis Jaurès, notre problème aujourd’hui est avant tout idéologique : dans la mondialisation capitaliste, est-il possible, oui ou non, de changer la société ? Voilà la question. Notre responsabilité historique au moment où le capitalisme trébuche, où il ne peut, en tout cas, rester ce qu’il était, où toutes les sociétés se cherchent, c’est d’élaborer, de construire cette métamorphose qui nous permettrait de passer à un postcapitalisme. Jaurès voulait empêcher le déclenchement de la Première Guerre mondiale et il s’est battu en appelant le prolétariat international à s’unifier et à faire grève.

Aujourd’hui, la question internationaliste, celle de la solidarité entre les peuples qui souffrent de tant de déchirures et de divisions, est à l’ordre du jour. Nous avons besoin d’engagement politique pour basculer vers autre chose : un monde commun. Jaurès défendait l’idée de l’appropriation sociale, de services publics modernisés. Face à l’accaparement des richesses et des moyens de production, à la marchandisation généralisée de tout ce qui existe, il nous faut construire un système d’appropriation social, national, européen, voire mondial, qui permette à tous d’accéder aux biens communs de l’humanité : l’alimentation, l’énergie, l’eau. Retenons de Jaurès sa proximité permanente avec la classe ouvrière, même quand il y avait discussion et désaccord avec les syndicats, sa rigueur de pensée et la qualité du débat qu’il insufflait dans la société. Retenons toujours ce qu’il écrivait dans l’éditorial du premier numéro de l’Humanité : réaliser l’humanité qui n’existe pas encore, par des moyens d’humanité, en tenant compte de ce que sont les êtres humains et d’un processus en permanence démocratique qui associe le peuple à chaque étape et à chaque choix.


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