Conseil National du PG (24-25 octobre), intervention de Serge Goudard

samedi 31 octobre 2009.
 

Le rapport introductif a consacré une large place à la question du Front de gauche, des rapports avec le Parti communiste. Autant le dire : il y a une situation difficile avec le PC. On est en droit de penser qu’il va nous mener en bateau jusqu’au soir du premier tour des élections régionales. Le Parti de Gauche a évité le naufrage du PCF aux élections européennes, mais le PCF n’aura aucun état d’âme à couler le PG s’il estime que son intérêt, que la situation politique commandent de s’allier avec le PS, avec le Modem ou d’autres. Il le fera dans certaines régions dès le premier tour et, dans d’autres, au soir du premier tour. Ce qui peut provoquer le désarroi parmi les militants, parmi les sympathisants, et discréditer le PG.

Il y a deux notamment deux raisons à ces difficultés, deux raisons qui tiennent au PG lui-même, indépendamment des raisons objectives qui nous sont extérieures.

La première raison est que, au sein du PG, il n’y a pas d’analyse commune de la nature du PCF, de son histoire, de ce qui fonde sa politique et ses tactiques successives. Nous avons les uns et les autres, en fonction des parcours différents des militants, des analyses différentes, mais à l’étape actuelle, il n’y en a pas une qui soit commune au PG.

Cela conduit au pragmatisme, à l’empirisme.

Et cela a conduit le Parti de Gauche à avoir des illusions à l’égard du PC.

Seconde raison : on a parfois l’impression, quand on est dans une réunion du PG, que l’on est dans un monde étrange, où l’on a des préoccupations qui ne sont pas celles de nos collègues, de nos voisins, que l’on se préoccupe surtout de question d’alliances électorales, de préparations d’élections. Certes, les mobilisations des salariés sont entravées par l’absence de perspective politique, et il est nécessaire d’en formuler une, mais aujourd’hui leur problème n’est pas celui des élections régionales, même s’il faut préparer ces dernières. Et les préparer, c’est aussi formuler, sur le terrain des luttes sociales, nos propres réponses.

Lors du dernier CN, Jean Luc Melenchon est intervenu sur la nécessité que le PG s’identifie aux luttes sociales, à la lutte de classe. Il a martelé sur ce point, et il avait raison. Mais suffit- il de participer aux luttes sociales ? Participer aux luttes, chacun de nous sait le faire. Mais le risque est aussi de s’y noyer, d’accompagner le mouvement sans que le PG formule ses propres réponses.

Or, très souvent, les analyses et réponses du PG sont les mêmes que celles du PCF. Et c’est la deuxième raison à nos difficultés vis à vis du PCF. Certes, il ne s’agit pas, sur chaque question, de dire le contraire simplement pour se distinguer. Mais sur des questions qui sont décisives pour les salariés qui se mobilisent, il est nécessaire d’avoir des réponses distinctes. On prendra trois exemples :

Premier exemple : Marie Georges Buffet, mardi dernier dans l’atelier qui s’est tenu à Lyon, a réaffirmé une fois encore son projet de « démocratie dans l’entreprise ». Mais c’est quoi, la démocratie dans l’entreprise ? Dans un autre atelier, Maryse Dumas en a donné le contenu : ce serait notamment « le droit d’intervenir dans les choix économiques et stratégiques de l’entreprise ». Avec d’autres mots, c’est exactement ce que l’on appelle en Allemagne la cogestion, c’est toute la politique défendue par la social-démocratie allemande. Le PG sera t il donc défenseur de la cogestion et de la politique du PSD ?

Deuxième exemple : Le combat contre les licenciements. C’est une question centrale : les licenciements se poursuivent jour après jour et, en outre, il va y avoir les marches contre le chômage. Le PG est pour l’interdiction des licenciements boursiers. Mais pour les autres licenciements ? Or il y a des entreprises qui font faillites quand il y a crise. Que ferait un gouvernement que soutiendrait le PG, et que feraient les banques dont l’Etat aurait pris le contrôle ? Et puis, il y a les millions de travailleurs en CDD, tous les précaires, les contractuels, les petits boulots, les chômeurs ? Certes nous avons des fragments de réponse, mais Le Parti de Gauche n’a pas de réponse cohérente et satisfaisante, qui rejette en particulier les pseudos reclassements loin de chez soi, qui ne sont que des déclassements. Nous devrions affirmer clairement l’interdiction de tous les licenciements, le droit au travail avec un véritable CDI pour tous. Or cela ne figure pas dans la masse des documents qui sont diffusés pour préparer les marches contre le chômage.

Dernier exemple : la réforme des lycées que Sarkozy a annoncée le 13 octobre. L’Humanité a qualifié ce projet de « réforme minimale ». C’est le titre d’un minuscule article qu’elle a consacré à cette réforme. Or, ce projet est à l’inverse d’une extrême gravité. Il va se traduire par des suppressions d’heures de cours, de matières, et par la dévalorisation du bac. Surtout, c’est une réforme en deux temps, exactement comme l’avait préconisé le rapport Descoings. Il y aura immédiatement après un second volet. C’est comme pour ouvrit une huître. Le plus difficile est d’insérer la lame. Le second geste est ensuite très simple. La réforme Sarkozy, c’est exactement cette méthode. Si on laisse passer le premier volet, tout pourra ensuite être détruit. Et cela se combine avec les négociations sur la soi-disant revalorisation des salaires des enseignants : le nouveau pacte sur les salaires, c’est en réalité la destruction du statut même des enseignants.

Voilà pourquoi le PG doit mener une campagne d’information, et contribuer à la mobilisation contre ce projet, pour son retrait.

C’est ainsi que le PG pourra gagner des militants.

Serge Goudard


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