Une manifestation féministe le 17 octobre 2009 : quelle idée ! (Caroline de Haas, PS)

vendredi 16 octobre 2009.
 

C’est souvent avec intérêt, parfois avec étonnement que sont reçus les tracts d’appel à la manifestation du 17 octobre diffusés par les militantes et les militants féministes. Quelle drôle idée d’organiser, en 2009, une manifestation pour l’égalité entre les femmes et les hommes ?

L’idée n’est pas venue toute seule : elle est née dans la mobilisation de l’hiver dernier pour la défense du Planning Familial. Près de 150 000 personnes avaient alors signé la pétition pour refuser la disparition programmée de l’association et fait reculer le gouvernement.

La mobilisation massive a mis en lumière les inégalités énormes qui existaient encore dans notre société et a permis de montrer que la mobilisation était possible et nécessaire.

Nécessaire pour les femmes d’abord. En France, elles constituent encore 82% des travailleurs précaires et les écarts de salaires, qui s’étaient réduits depuis une cinquantaine d’année, stagnent lamentablement au-dessus des 20%. Pour ce qui est des violences physiques, on est passé d’une femme tuée tous les 3 jours à une tous les 2 jours et demi ; et une femme est violée toutes les 10 minutes. Quel que soit le côté vers lequel on tourne notre regard, les femmes sont, partout dans le monde, dans une situation où elles subissent plus fortement l’oppression : sociale, économique ou sexuelle.

Nécessaire également pour chacun et chacune d’entre nous. Les socialistes le savent : lorsque les droits de plus de 50% de la population sont inférieurs à ceux de l’autre moitié, ce sont les droits de tous qui sont tirés vers le bas. L’oppression que subissent les femmes est un vecteur de désagrégation sociale pour l’ensemble de la société. Le combat féministe n’est donc pas un combat uniquement des femmes pour leurs droits. Il est un combat de l’ensemble des salariés pour l’émancipation. Et il est un combat éminemment socialiste.

En 2009, sous le coup de la crise économique et sociale, accentuée par les politiques du gouvernement, la situation se dégrade dans plusieurs domaines. Le droit à l’avortement n’est aujourd’hui plus une réalité dans tous les départements. Les restrictions budgétaires dans les hôpitaux entrainent la fermeture de centres d’orthogénie. Autre exemple récent : alors que les femmes touchent 600€ de moins par mois que les hommes pour leur retraite, le gouvernement a tenté en cette rentrée de s’attaquer au soi-disant « avantage » que constituaient les 8 semestres de bonifi cation pour les mères de famille salariées. En matière de droits des femmes, « acquis » ne fait donc pas réellement partie du vocabulaire.

Peu de lois féministes se font naturellement. Elles ont toujours été le fruit de mobilisations féministes, mobilisations auxquelles le Parti Socialiste a su donner un débouché politique. Cette mobilisation du 17 octobre doit permettre de faire évoluer le rapport de force dans la société pour que la gauche soit poussée à faire avancer l’égalité lorsqu’elle en aura les moyens. Le PS est encore loin du compte : il n’y avait que 22% d’intervenantes à La Rochelle, il n’y aura que 3 têtes de liste femmes aux régionales et lorsqu’on regarde qui écrit, produit, intervient dans et pour le parti, on se dit qu’il y a peu d’espaces pour permettre aux femmes de progresser et d’accéder aux responsabilités.

Pour renverser cet ordre établi qui bloque chaque jour l’émancipation de millions de femmes qui subissent au quotidien la violence, la précarité, l’impossibilité de mener de front vie professionnelle et vie familiale, il faudra au Parti Socialiste beaucoup de force lorsqu’il reviendra au pouvoir. Il faudra d’ici là beaucoup de détermination pour les militants féministes pour lui en donner l’envie. Et cela commence samedi, dans la rue !

Caroline de Haas, déléguée nationale du PS aux droits des femmes


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