Quelques remarques à propos de la dynamique d’une élection présidentielle et des primaires

mercredi 9 septembre 2009.
 

Si cette primaire est proposée à toute la gauche c’est un tableau singulier qui est mis en place. Passons sur le fait qu’il aurait été de meilleure pratique de consulter les partenaires avant de les mettre au pied du mur. Voyons plutôt le présupposé de l’affaire. Il y en a un. De taille. C’est que le candidat issu des primaires doit ensuite gagner l’élection dès le premier tour. Car pour le second tour il ne dispose plus de réserve de voix puisque toute la gauche est censée avoir été mobilisée et s’être déjà regroupée sur son nom. Comment peut-on imaginer cela ? Ce n’est pas possible. Alors ? La réponse est évidente. Le deuxième tour ne peut alors être gagnant qu’avec une nouvelle alliance. Du coup le premier tour de l’élection présidentielle se transforme en réalité en une primaire avec les centristes. Celui des deux qui arrive en tête s’accorde avec le suivant « contre la droite ». Démontrez le contraire ! Ainsi de toutes les façons et par tous les bouts, tant sur la forme, le contenu et la dynamique électorale, le système des primaires est une machine à se donner des claques. Elle égotise, pipolise, nivèle et divise la gauche au profit d’un glissement centriste. Et celui-ci pour finir est incapable de répondre aux attentes actuelles d’une société mise en tension par la crise et en demande de changements sociaux et écologiques radicaux dans la vie diminuée que mène le commun des mortels.

PRESIDENTIELLES : FAIRE UN PREMIER TOUR OUVERT

Critiquer les primaires peut être mal compris, ne nous le cachons pas. Beaucoup peuvent croire que la pluralité des candidatures au premier tour est aujourd’hui un handicap. Nous devons donc d’abord expliquer pourquoi nous croyons qu’il faut une candidature distincte de l’autre gauche à tous les premiers tours. Cela résulte de l’état de la gauche en général. Aujourd’hui il n’y a pas de projet ni de parti fédérateur à gauche. Si les socialistes font un tel usage de l’appel au vote utile et parfois même se mettent à mentir sur le mode de scrutin lui même, comme ils le firent aux élections européennes en prétendant qu’aucune liste faisant moins de dix pour cent ne pouvait avoir d’élu, c’est qu’ils ont conscience de ne plus susciter d’adhésion par leur projet ni par eux mêmes. Le vote utile, et tout le terrorisme intellectuel qui va avec, est une façon de tordre le bras des électeurs de gauche pour les forcer à vaincre des réticences dorénavant très profondément ancrées.

J’affirme donc que la gauche ne peut avoir aucune dynamique électorale majoritaire sans avoir, du début à la fin du processus électoral, une stratégie d’addition de force plutôt que « d’offre contrainte » réductrice du type : c’est à prendre ou à laisser, en bloc et tout de suite, pour cause de vote utile. Seule la compétition loyale au premier tour, tournée vers la conquête de nouveaux électeurs, arrachés à l’abstention ou à la séduction de la droite, permet qu’au second tour, les électeurs ayant choisi, on puisse se regrouper sans perdre son identité ni ses motivations.

Les primaires préparent des soustractions, nous devons préparer des additions. Encore faut-il que nous-mêmes, l’autre gauche, nous soyons capables d’incarner une perspective crédible. Disons tout net que ce n’est pas facile à faire admettre quand on affiche la division dans laquelle nous sommes.


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