La lourde condamnation visant un journaliste de renom au Sri Lanka indigne la communauté internationale (article du Monde)

jeudi 3 septembre 2009.
 

Un journaliste tamoul travaillant pour le journal sri-lankais Sunday Times, J. S. Tissainayagam, a été condamné, lundi 31 août, à vingt ans de prison par la Haute Cour du Sri Lanka pour « soutien au terrorisme » et « incitation à la haine raciale ».

Les organisations de défense des droits de l’homme et des médias, ainsi que plusieurs chancelleries occidentales, ont dénoncé ce verdict, qualifié d’« arbitraire ». « Nous avons été déçus d’apprendre le verdict et la sévérité de la peine », a déclaré, lundi, Robert Wood, porte-parole du département d’Etat américain, ajoutant : « nous restons inquiets au sujet de la liberté de la presse au Sri Lanka. Les journalistes sont toujours menacés ». Washington a demandé aux autorités de Colombo de « garantir la sécurité de M. Tissainayagam en prison ».

Journaliste et éditeur du site Internet outreachsl.com, consacré à la population tamoule, âgé de 45 ans, J. S. Tissainayagam avait été arrêté le 7 mars 2008 par des policiers de la division antiterroriste. Il a été maintenu depuis en détention, en dépit des interventions de la communauté internationale. La justice lui reprochait la publication de deux articles dans le magazine North Eastern Monthly, aujourd’hui disparu, relatant les dégâts civils des bombardements de l’armée visant, dans l’est du pays, des zones habitées par la population tamoule.

Le journaliste a été également accusé d’avoir reçu de l’argent des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE), vaincus par l’armée en mai après trente ans de guérilla. L’organisation Reporters sans frontières assure que ces fonds provenaient d’un projet de coopération allemande.

Ses avocats ont indiqué qu’ils feraient appel de la décision et que leur client démentait « tout soutien à la violence ». C’est le premier journaliste sri-lankais à être condamné au nom de la loi sur la « prévention du terrorisme ».

VIOLENCES IMPUNIES

Cette condamnation rappelle le lourd tribut payé par les journalistes sri-lankais depuis l’arrivée au pouvoir, en 2005, du président Mahinda Rajapakse. Si ce dernier assure qu’il entend mener de front une lutte sans merci aux Tigres tamouls tout en garantissant les droits de chacun, les médias sont soumis à de nombreuses violences impunies.

Depuis 2006, plus d’une dizaine de journalistes ont été abattus par des groupes paramilitaires proches du gouvernement. Le 8 janvier, Lasantha Wickrematunga, rédacteur en chef du Sunday Leader, hebdomadaire sri-lankais antigouvernemental, a été tué par balles. Les locaux de médias jugés « antipatriotiques », telle la chaîne de télé Maharaja TV (MTV), sont incendiés. La distribution de journaux évoquant le sort des populations civiles tamoules est entravée. Et Colombo limite la liberté de mouvement des journalistes.

FOLLOROU Jacques


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