Décalage horaire et politique. " François Bayrou qui s’est donné tout ce mal pour s’autonomiser politiquement de l’UMP l’aurait-il fait juste pour venir ensuite porter les sacoches du PS ?" . Exemples de l’Italie et du Chili

vendredi 4 septembre 2009.
 

Décalage horaire et politique

Je suis de retour. Avec sept heures de décalage horaire dans les veines. Car j’étais au Mexique pour le Forum des partis de l’autre gauche en Amérique latine. Quatorze d’entre eux sont au pouvoir. Le débat a porté sur les problèmes de la confrontation avec les Etats Unis et les marges de manœuvre des gouvernements de gauche face à la crise. Au retour je trouve juste de la bouillie pour les chats. Un débat crapoteux sur les alliances avec le centre et des logorrhées nauséeuses sur les primaires. Contenu égal à zéro. La réalité a disparu du paysage de cette gauche là. Le contraste est à vomir.

J’en ai droit à une dose spéciale. En effet, j’arrive juste à temps pour recevoir une bonne giclée des poisons et vieilles dentelles du sérail socialiste et de son festival de la Rochelle. Il est question de savoir si oui ou non j’ai reçu leur invitation et pourquoi je n’y ai pas encore répondu. Bien sûr je n’ai rien reçu et ils le savent parfaitement. Bien sûr ils n’en avaient rien à faire puisqu’ils avaient déjà publié leur programme avec la liste des invités. Il s’agit juste pour quelques petits malins parmi les snipers du grand état major de me coller une image de grognon qui ne veut pas discuter avec les gentils socialistes. Comme ça on ne parlera pas des raisons que j’ai de refuser le cadre politique proposé, la fameuse « Maison Commune » sans le NPA ! Bref traquenard ordinaire. En réalité très politique. Ils ont monté cette clownerie avec moi pour des raisons politiques. Rude retour.

Rien ne fait davantage contraste pour moi que ces palinodies vénéneuses avec l’été militant des militants du Parti de Gauche qui du Chili au Mexique en passant par Aix en Provence, la Gironde et Notre Dame des Landes ont tenu le fil rouge de notre engagement combattant. Les liens hypertextes que je souligne permettent à mes lecteurs de connaitre tout ça de près. J’insiste pour que vous regardiez ce que dit et décrit Corinne Morel Darleux de la participation des quarante militants du Parti de Gauche qu’elle a coordonné aux assises de l’écologie radicale. Et je veux spécialement souligner l’importance de la série des posts d’Alexis Corbières engagé, avec Raquel Garrido, secrétaire nationale du PG, pendant ses vacances dans la campagne présidentielle au Chili. J’ai le pressentiment que ce Chili là contient, comme d’habitude, bien des choses dont nous avons la pareille en France. Je vais parler de ça et du reste.

Petite foulée et Bayrou

Je vais donc reprendre l’écriture sur ce blog en petite foulée. En fait je ne peux pas trop en écrire ces jours ci car je suis engagé auprès de plusieurs médias. Presse écrite et audiovisuelle. Evidemment on ramassera tout ça ensuite dans un document unique. Et, de toute façon, dimanche, je fais le discours de clôture du « remue méninge » du Parti de Gauche à Clermont Ferrand. J’aurai donc l’occasion de m’exprimer en détails sur les questions qui ont l’air de passionner la scène politique en dépit de leur évidente caractéristique de rideau de fumée.

La crise ? Le chômage ? La politique américaine ? Quoi ? Quoi ? Après ! On verra. Ce qui compte c’est l’alliance au centre et les primaires ! La peste et le choléra ! Je n’en dis pas plus pour la raison que je viens d’évoquer. Je vais cependant relever un point à propos de cette histoire d’alliance au centre. Je crois que ces socialistes sont ou très naïfs ou carrément sournois. Tout leur raisonnement est que François Bayrou va venir sur leur position. Et qu’ils vont l’instrumentaliser à leurs conditions. Ils ont des phrases d’une arrogance incroyable à ce sujet. Le refrain est : fixons notre projet d’abord et si Bayrou l’accepte alors il n’y aurait aucun problème.

Je pense qu’ils ne mesurent pas la vision dominatrice que cette phrase exprime. Car après tout c’est bien une alliance qu’ils veulent ? Donc, pour être allié avec le PS, il faut se rallier à son projet ? On peut légitimement se demander pourquoi François Bayrou qui s’est donné tout ce mal pour s’autonomiser politiquement de l’UMP l’aurait fait juste pour venir ensuite porter les sacoches du PS ? Mais dans l’immédiat la mise en mot des socialistes a, selon eux, l’avantage de faire passer pour des sectaires tous ceux qui la refuse. De ce point de vue c’est ce que l’on peut appeler une tentative d’accoutumance. Une addiction progressive de l’esprit de gauche.

Je crois que le plus absurde dans ce domaine aura été ce pauvre Benoit Hamon. Il déclare au « Parisien » ne pas accepter d’alliance avec le MODEM « tant qu’il garde son orientation actuelle », mais « s’il fait des choix de fond qui l’amène à se reconnaître dans notre famille politique, la gauche, il n’y aura pas de difficulté ». Je suppose que l’intéressé pense avoir trouvé la ruse du siècle pour dire non. Je lui fais crédit de sa bonne foi. Je veux croire qu’il n’a pas l’intention de céder. Pour autant il est quand même tombé dans le panneau. Car il laisse penser que le Modem après tout serait susceptible d’être « de la famille ». Aucun d’entre eux n’a l’air de douter que cela soit possible. Pourquoi ? Il y a une raison. C’est qu’ils ne parlent de rien, d’aucun contenu, d’aucune proposition qui pourrait éventuellement indisposer le Modem. Et si par hasard ils en font une c’est toujours sur le terrain du Modem.

Cette façon de faire signe un processus général d’effondrement opportuniste. Les dirigeants socialistes accepteront par anticipation n’importe quoi. Ils n’ont pas compris que de ce fait même il suffit à Bayrou de ne rien faire et d’attendre que pour finir le dispositif lui tombe tout cuit dans l’assiette. Quand on en est comme à Marseille à faire une standing ovation à Marielle De Sarnez après qu’elle ait débité l’ordinaire classique de la vulgate oppositionnelle de François Bayrou, alors on voit bien ce qui suivrait si lui-même en faisait autant. J’ajoute que si les socialistes devaient voter dans une primaire entre Bayrou et Royal, ou entre Strauss Kahn et Bayrou, il y aurait sans doute des surprises.

C’est ce qui s’est passé en Italie. C’est comme ça que le petit oiseau centriste Romano Prodi est sorti en tête du vote de la primaire. Et que, le coup suivant, après l’effondrement dans le ridicule de ce gouvernement de cent membres, quand ce fut le tour de l’ancien communiste Veltroni de devenir l’homme fort, lui-même déclara ne pas être de gauche !

Au Chili, cette fois-ci le vainqueur de la primaire « à gauche » est le démocrate chrétien Frei. C’est lui le candidat à la présidentielle pour le PS. Salvador Allende doit être heureux de savoir que son parti vote pour un parti qui a approuvé le coup d’état de ses assassins. La honte !


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