Intervention d’Yves CARROY, conseiller régional du Puy de Dôme, lors de la dernière session (bilan des européennes, SNCF, TOS...)

samedi 25 juillet 2009.
 

Monsieur le Président, mes chers collègues,

Avant d’aborder certains des dossiers à l’ordre du jour de notre session, je voudrais tout d’abord commenter les résultats des élections européennes du 7 juin dernier.

1er constat : l’abstention massive de l’électorat populaire qui constitue un signe inquiétant :

Le 7 juin dans les urnes, l’Union européenne est devenue un désert de la démocratie. L’électorat populaire s’en est écarté par une abstention presque totale : 69 % des ouvriers, 66 % des employés et 70 % des jeunes se sont abstenus. Les points de vue des milieux qui sont le moins frappés par la crise sont ainsi surreprésentés dans les urnes ; alors que seule l’implication populaire permettrait de faire émerger un système politique nouveau conforme aux attentes de la majorité de la population. Faute de cela, ce qui va déjà mal ira encore plus mal, dans notre pays comme en Europe.

2ème constat : la droite arrive en tête, même s’il faut atténuer ce résultat qui ne représente qu’une fraction infime de l’électorat compte tenu de l’abstention massive. En France, toutes listes confondues, elle est majoritaire en voix. Il faut regarder cette réalité en face. La droite a la main au moment même où sévit une crise historique du capitalisme. Le Parlement européen sera ainsi le plus à droite depuis sa création en 1979. En France, les conséquences ne se sont pas faites attendre : vibrionnant et triomphant, Nicolas Sarkozy annonce déjà un ensemble de mesures qui vont aggraver la situation de la majorité de nos concitoyens. Et certains de ses ministres, tel notre collègue Brice HORTEFEUX, ne sont pas en reste avec le retour du travail du dimanche et l’obsession cyclique de la fin de la retraite à 60 ans, et ce au moment où Michelin annonce des suppressions massives d’emplois et encourage le départ le départ des salariés avant 60 ans. Brice Hortefeux s’est par ailleurs prononcé contre tout coup de pouce à l’augmentation du SMIC au 1er juillet, pour honorer sans doute la promesse du candidat Sarkozy : « je serai le président de l’augmentation du pouvoir d’achat ».

Et la déclaration du Président de la République à Versailles confirme nos inquiétudes. Derrière les propos mielleux, il y a là un dispositif, tout un dispositif de combat. Le chef de guerre de la droite a inauguré son nouveau pouvoir de parole par un réquisitoire contre le modèle social républicain.

Il a présenté sa nouvelle feuille de route libérale. Dépourvu d’imagination mais avec une agressivité nullement entamée, il a enfilé les perles classiques du libéralisme : moins d’Etat, moins de fonctionnaires, moins d’élus, moins de retraites, le marché partout et pour tous.

« 3ème constat : la défaite de la social-démocratie. Ce scrutin est une défaite, voire une déroute de la social-démocratie. Le Parti socialiste qui a fait pour la première fois campagne sur le programme du PSE, va-t-il en tirer les conséquences ? Va-t-il renoncer à son alignement sur le PSE ? Va-t-il enfin renoncer à cogérer le Parlement européen avec la droite ? Pour changer maintenant, il faut commencer par changer d’orientation et d’alliés en Europe. Et ce qui vaut pour l’Europe se décline aussi sur le territoire national où il faut se garder comme le dit Laurent Fabius « de faire la danse du Centre »

4ème constat : le beau score d’Europe Ecologie. Le score d’Europe Ecologie doit être apprécié dans tous ses aspects. Et tout d’abord, il faut relever son aspect positif : il contribue à la prise de conscience de l’urgence écologique. Mais la stratégie politique formulée par Daniel Cohn Bendit le soir même des élections n’est pas à la hauteur de cette ambition. Je parle bien sûr de l’alliance Verts / PS / Modem qu’il préconise. Ce type de rassemblement serait bien sûr incapable de prendre des mesures efficaces contre la catastrophe écologique qui s’avance, faute de remettre en cause la logique capitaliste qui en est à la racine, et de remettre en cause le traité de Lisbonne qui confirme les orientations du TCE. Pour en finir avec le productivisme, il faut rompre avec le capitalisme. Les Verts, composante importante d’Europe Ecologie sont devant un choix. Soit, ils s’engagent sur la stratégie prônée par Daniel Cohn Bendit, soit ils réaffirment leur ancrage à gauche, en assumant les responsabilités éminentes que leur donne leur nouvelle représentativité.

5ème constat : le score prometteur du Front de gauche. Et là, ne boudons pas notre plaisir, il me reste à relever le résultat élevé de l’autre gauche. Au sein de l’autre gauche, le Front de gauche a été le plus convaincant. Il obtient 5 élus (au lieu de 3 pour le PCF et le PCR dans le mandat précédent). Si le NPA avait accepté de faire listes communes, nous aurions changé le paysage politique de cette élection. Nous aurions obtenu 12 élus, privé le Front National de son siège dans l’Est, battu Le Pen dans le Sud Est et Brice Hortefeux dans le Centre. Nous aurions ainsi évité à notre collègue Hortefeux, élu député européen à l’insu de son insu, les heures difficiles qu’il a dû vivre en se demandant s’il allait rester au gouvernement.

Pour l’Auvergne, la campagne très active conduite dans notre région explique notre beau score de 8,54 %. Campagne dans laquelle nos candidats auvergnats : Patricia GUILHOT, Jean-Claude MAIRAL, Yvette MERCIER et Evelyne VALENTIN, auront pris une part déterminante. Les citoyens engagés dans notre rassemblement, les militants du Parti communiste, du Parti de gauche et de la Gauche Unitaire veulent que le front de gauche continue. Il doit continuer et s’élargir. Car nous avons besoin d’un front de gauche fort pour combattre la politique de régression sociale de la droite. Et aussi bien sûr pour la battre aux prochaines élections. Car il faut commencer par battre la droite si l’on veut répondre à l’urgence sociale, écologique et réussir le changement.

Concernant l’ordre du jour de notre session :

Tout d’abord, un mot sur le compte administratif 2008.

Malheureusement, les chiffres confirment bien, avec une baisse de 16 % par rapport à 2007 des compensations versées par l’Etat, les intentions du gouvernement de mettre les collectivités locales à genoux, en leur imposant toujours plus de dépenses nouvelles et en leur retirant les financements.

En attendant, nous devons faire face aux besoins cruciaux en matière d’équipements des lycées, de formation, de transport...et il faut bien dire que dans ces domaines, les efforts de la région vont croissant, malgré toutes les difficultés.

Quand on prend le seul exemple du bilan des travaux dans les lycées, la magnifique prouesse écologique que constitue la construction du nouveau lycée des métiers du bâtiment PJ Bonté, l’équipement des lycées en ENT (Environnement Numérique de travail), postes informatique,... on mesure là les efforts de notre institution pour doter notre jeunesse d’outils performants lui permettant d’améliorer un parcours scolaire qui est loin d’être assuré du côté Education Nationale, avec un Ministre plus préoccupé de supprimer des postes d’enseignants que d’en créer.

Je voudrais m’arrêter maintenant sur quelques dossiers soumis à l’ordre du jour de cette session :

Un dossier important est soumis à notre vote, c’est celui de la convention SNCF Région sur les TER. Nous avons dès le début exprimé nos réticences sur son contenu, dans un courrier qui vous a été adressé, Monsieur le Président, le 12 mai dernier. Malheureusement, le texte qui nous est présenté aujourd’hui, même s’il comporte quelques avancées que nous avions souhaitées et concernant notamment la durée ramenée à 7 ans, est loin d’apporter des réponses à nos interrogations et de garantir pour les années qui viennent, le service de transport de qualité tant attendu par les usagers.

Précédant la signature de cette convention, nous avons manqué une occasion unique d’avoir un débat de fond, en concertation avec les usagers, les organisations syndicales, les élus et nos partenaires SNCF.

Nous avons là une convention a minima, qui ne répond pas aux exigences en terme de qualité de service, qui est plus que floue sur les engagements de la SNCF, qui occulte le volet social, c’est-à-dire la présence humaine dans les trains et veut faire payer au contribuable auvergnat le surcoût de la réforme des retraites. Le minimum aurait été que la SNCF nous communique les effectifs dans les gares et dans les trains, pour mesurer la qualité du service que nous lui payons. Je souligne que plusieurs régions ont obtenu ces données. Enfin, faut-il rappeler ici l’effort considérable de notre collectivité pour le plan rail ? N’étions-nous pas en droit d’être plus exigeants à l’égard de notre partenaire, au moment où de plus en plus d’Auvergnats font porter la responsabilité des retards, des mauvaises conditions de transport au seul Conseil régional ? C’est pour cette raison, que Luc BOURDUGE expliquera plus en détail au moment du débat, que nous nous abstiendrons sur cette convention.

Un mot sur le personnel régional : Nous avons tous eu connaissance d’un mot d’ordre de grève à l’appel de toutes les organisations syndicales, préavis qui a été retiré, après votre décision, Monsieur le Président, de recevoir après la session les syndicats et d’engager des négociations. Nous souhaitons vivement que notre collectivité répare une certaine injustice dans le traitement du régime indemnitaire des agents TOS et particulièrement celui des agents contractuels.

Notre groupe avait émis des réserves sur le transfert aux régions des agents TOS sachant par avance ce qu’il impliquerait comme charges nouvelles mais, pour autant, ces personnels ne sont pas responsables de cette situation et à notre avis, désormais, tous les agents du Conseil régional doivent être logés à la même enseigne, dans le sens du progrès social pour tous. Et les gesticulations de l’opposition régionale se transformant soudainement en Che Guevara du syndicalisme ne nous abusent pas.

Enfin, je voudrais terminer mon intervention sur une note plus positive, c’est la satisfaction que nous avons éprouvée à la lecture de la « charte européenne pour l’égalité des femmes et des hommes dans la vie locale » qui nous est proposée aujourd’hui. Cette charte qui propose aux collectivités territoriales d’utiliser tous leurs pouvoirs en faveur d’une meilleure égalité pour toutes et tous, est à notre avis un début de réponse symbolique à l’Europe sociale qu’il faut construire aujourd’hui. Car nous savons tous que l’accès à l’égalité des femmes dans la société contribue à faire progresser la société tout entière.


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