1er mars 1871 Droite et extrême droite bradent la France à l’empereur d’Allemagne, la gauche les dénonce

mercredi 17 février 2016.
 

Le 2 septembre 1870, Napoléon III capitule à Sedan après la débâcle de ses armées. Fait prisonnier, il est conduit par les vainqueurs allemands en Belgique puis à Kassel en Hesse.

En partant rejoindre le front, il avait abandonné temporairement ses pouvoirs civils à son épouse, l’impératrice Eugénie, dont l’autorité était bien insuffisante pour maintenir les institutions dans un tel contexte.

La France se retrouve donc sans les piliers de ses institutions. Le 3 septembre, les députés votent une motion proclamant la déchéance de Napoléon III.

Dans la nuit du 3 au 4 septembre 1870, les mêmes élus du corps législatif débattent au Palais Bourbon de l’avenir du pays. Soudain, leur salle est envahie par une foule de Parisiens qui demandent l’instauration de la république. Les Jules (Jules Favre, Jules Grévy, Jules Simon et Jules Ferry), déjà très habiles, préfèrent accompagner le mouvement plutôt que de se voir débordé par lui. Avec Gambetta et d’autres députés, ils rejoignent l’Hôtel de Ville où jacobins et socialistes sont déjà présents en nombre. La République est proclamée dans l’euphorie et un gouvernement de défense nationale mis en place.

Malheureusement, les généraux sont moins motivés par la poursuite de la guerre que la gauche républicaine. Bazaine capitule à Metz, laissant libres plusieurs corps d’armée allemands qui peuvent contenir Paris et rejeter les armées de réserve constituées sur la Loire, dans l’Est et le Nord.

Le 28 janvier 1871 :

- Paris capitule après 132 jours de siège et de privations terribles
- Jules Favre signe un armistice de 4 semaines de façon à organiser des élections législatives.

Le scrutin se déroule le 8 février 1871 dans un contexte déroutant (40 départements occupés, hiver très rigoureux, manque de bois de chauffage et d’alimentation, campagne de l’Eglise expliquant la défaite militaire comme une pénitence imposée par Dieu...). Pour hâter la paix, les électeurs élisent des notables et en particulier une majorité écrasante de monarchistes : sur 675 élus, environ 400 monarchistes (dont 182 légitimistes et 214 orléanistes), et 250 républicains (particulièrement du Midi et de l’Est)avec une minorité de socialistes, comme Félix Pyat et Benoît Malon. Les bonapartistes ont été balayés à part en Corse et Charente.

Cette assemblée hyper-réactionnaire élit :

- Jules Grèvy comme président de la république le 16 février 1871 car il s’agit d’un républicain très modéré "en faveur auprès des monarchistes pour s’être constamment tenu en dehors de la Révolution" (Jules Simon, in Le Gouvernement de Monsieur Thiers)
- Adolphe Thiers le 17 février 1871 comme chef du gouvernement

Le 21 février 1871, Bismarck présente à Thiers les conditions épouvantables posées par Guillaume de Prusse, empereur d’Allemagne, à la signature de la paix :

- une indemnité de guerre de 6 milliards de francs
- la cessation de l’Alsace, de l’essentiel de la Moselle, d’une partie de la Meurthe et des Vosges ;
- un défilé des troupes allemandes sur les champs Élysées...

Le 1er mars, l’Assemblée se réunit pour voter sur cette "convention de paix".

La droite et le "centre républicain", heureux de pouvoir utiliser la défaite militaire pour imposer un régime conservateur au peuple, votent en faveur de la ratification (546 oui)

L’extrême gauche radicale, socialiste, internationaliste dénonce les liquidateurs du pays tout au long du débat puis quitte l’Assemblée, une fois le vote acquis, déniant toute légitimité à la décision prise. En quittant l’Assemblée, ils sont suivis par des dizaines d’élus républicains.

Les députés d’Alsace et de Lorraine démissionnent aussi devant cette traîtrise infâme des députés de droite et d’extrême droite vis à vis d’une population aussi attachée à la nation française.

Tous les députés de Paris votent également contre la convention (dont Louis Blanc, Henri Brisson, Georges Clemenceau, Victor Hugo...), attitude qui permet de comprendre l’attitude générale de la population de la capitale malgré le long siège enduré.


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