AGOA Quand Washington promeut le commerce inéquitable avec l’Afrique

lundi 17 août 2009.
 

Une loi adaptée aux relations commerciales avec l’Afrique subsaharienne sert les intérêts du marché américain.

Lors de son discours prononcé au Ghana au début du mois de juillet, Barack Obama avait mis l’accent sur une nécessaire « démocratisation économique et sociale » en Afrique. En réalité, sa secrétaire d’État se pose plutôt en représentante des intérêts américains par le biais d’une loi, appelée AGOA, African Growth and Opportunity Act. Une loi américaine qui encourage la formation de liens économiques entre les États-Unis et l’Afrique subsaharienne. Plus exactement, une loi de 2000 - modifiée à trois reprises avec le soutien des démocrates aussi bien que des républicains - sur le développement et le commerce intérieur américain en relation avec l’Afrique subsaharienne. Le but : permettre un traitement commercial préférentiel pour certains produits en provenance de cette région. La législation autorise le président des États-Unis à accorder à ces pays des avantages commerciaux à condition qu’ils poursuivent des réformes néolibérales.

Grâce à AGOA - et donc aux États-Unis - le développement des pays africains serait en route. La réalité est tout autre. Il s’agit en fait de création de zones franches industrielles où sont embauchés les travailleurs les plus vulnérables, femmes et immigrés, soumis à des conditions de travail inhumaines, recevant des salaires ne leur permettant pas de sortir de la pauvreté et se retrouvant au chômage du jour au lendemain, les usines pouvant fermer en une nuit. Celles-ci, avec l’aide du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, font pression sur les gouvernements pour abolir toute forme de législation du travail et traquent les syndicats. Pour le plus grand bénéfice de Wal-Mart et autres chaînes commerciales américaines.

Avec ce déplacement sur le continent noir, le triptyque américain se met encore un peu plus en place : l’AGOA, le pétrole (le Hillary’s Tour passe par l’Angola et le Nigeria, producteurs et fournisseurs des États-Unis) et enfin la sécurité avec l’Africa Command, le commandement militaire unifié américain pour l’Afrique, qui a lancé début août l’opération Medflag, exercice d’aide médicale de grande ampleur à partir du Swaziland. De quoi permettre une bonne négociation quant à la présence militaire américaine sur le continent. Thomas Friedman, éditorialiste du New York Times, ne s’y trompe pas : « La main cachée du marché ne fonctionne jamais sans un poing caché », écrit-il. McDonald ne peut être florissant sans McDonnell Douglas (fournisseurs d’avions à l’armée - NDLR)… Et le poing caché qui maintient un monde sûr afin que les technologies de la Silicon Valley prospèrent s’appelle US Army, Air Force, Navy et Marine Corps. »

P. B.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message