Malgré 3 000 délégués syndicaux d’usines liquidées ou en perdition réunis le 30 juillet, les New Fabris ont cessé leur lutte (6 articles)

mardi 4 août 2009.
 

Au soir du 31 juillet, je regardais les informations sur France 3. Mon attention fut soudain attirée par un reportage sur les New Fabris.

Depuis ce printemps, ils ont polarisé les médias par leurs formes de lutte (séquestration de cadres, bonbonnes de gaz prêtes à exploser...) afin d’empêcher la fermeture de leur usine d’équipement automobile. La veille 30 juillet, ils ont organisé une manifestation à Chatellerault à laquelle participaient 3000 délégués d’autres entreprises en lutte pour l’emploi.

En ce 31 juillet, les New Fabris sont donc réunis en Assemblée générale. La presse attend de savoir s’ils vont accepter la proposition de 12000 euros présentée la veille par le ministre Christian Estrosi ou s’ils vont encore radicaliser leur lutte.

Or, le ressort du combat collectif est cassé ce matin parmi les Fabris. Ils ont essayé d’impulser une centralisation des luttes pour l’emploi, si nombreuses depuis ce printemps mais si isolées face à un MEDEF et un gouvernement si centralisés. Les Fabris ont vite constaté le manque de soutien des directions syndicales à cette perspective de centralisation, en particulier autour des Fabris. "Ce sont des modalités d’action que je ne conseillerais pas aux salariés parce qu’elles conduisent à des impasses. En même temps, lorsqu’ils les décident démocratiquement, la CGT est avec les salariés", a dit Maryse Dumas, n°2 de la CGT.

Message reçu par les Fabris où la CGT est à la fois majoritaire et le syndicat le plus combatif. Le chacun pour soi a gagné les esprits. Entre 12000 euros ou rien, beaucoup ont d’abord pensé à leurs familles.

Le résultat de l’AG est acquis avant le vote. 204 salariés sur 366 acceptent la proposition Estrosi, 24 votent contre. Le leader de la lutte, lui-même, Guy Eyerman (CGT) n’a pas voté pour ne pas voté contre.

Plusieurs responsables syndicaux sont en pleurs. La caméra montre ici et là d’autres salariés qui ne peuvent retenir leurs larmes. Un grand moment de l’histoire ouvrière s’achève.

J’éteins la télé pour la ballade du soir. En longeant le Lot, je repasse le film des autres fins de grève exemplaire que j’ai connues depuis 60 ans, de celle de Cambeyrac en 1956 à celle de Decazeville en 1961, de celle de Lip, de Job à Toulouse à Idéal Standart (Melun). Je repense aux personnalités formidables rencontrées, à la puissance de l’action collective, au gâchis humain suscité par la fermeture, aux suicides, à ceux qui ne s’en remettent jamais. Je repense aussi au problème central rencontré chaque fois : quelle centralisation des luttes ? quelle solidarité ? quel projet politique pour relayer ces combats ?

Il faudra bien relever ensemble ce défi... Le plus tôt sera le mieux.

Jacques Serieys

1) Appel national des salariés de New Fabris lancé le jeudi 23 juillet 2009

Réunis en assemblée générale ce jeudi 23 juillet à 13h, les salariés de New Fabris ont décidé de continuer leur mouvement car ils considèrent que les 11 000 euros avancés par M. Estrosi la veille ne sont pas suffisants.

Nous exigeons toujours une prime de licenciement de 30 000 euros en plus des indemnités légales.

Nous appelons l’ensemble des salariés des entreprises qui, comme nous,sont sous la menace d’une fermeture de leur entreprise ou de licenciements, du bassin châtelleraudais et de toute la France, à nous contacter de façon à coordonner nos luttes et à former un collectif contre les patrons voyous et licencieurs..

Nous appelons l’ensemble des salariés en lutte pour l’emploi à une manifestation à Chatellerault jeudi 30 juillet à 14h.

Nous invitons également tous les responsables politiques et syndicaux à venir se joindre à nous.

Vous pouvez nous contacter en écrivant à : newfabrisenlutte@yahoo.fr Communiqué de la CGT New Fabris, Châtellerault, le 24 juillet à 11h.

2) Communiqué de presse CGT New Fabris (Châtellerault - Vienne) le samedi 18 juillet 2009

Partis ce matin à 6h de Châtellerault, nous étions 180 salariés de New Fabris à arriver devant le siège de Renault, quai Le Gallo à Boulogne-Billancourt à 10h15, bien décidés à nous faire entendre de la direction de Renault.

Nous tenons à remercier les quelques dizaines de salariés et de militants syndicaux de Renault Flins, Renault Le Mans, Renault Guyancourt, Renault Rueil, Renault Lardy et des succursales Renault, mais aussi de Peugeot Poissy, qui sont venus nous soutenir.

Une délégation de 4 représentant syndicaux de New Fabris a été reçue par des représentants de la direction de Renault à 11h. Mais après une heure trois quarts de semblant de négociation, la direction de Renault est restée sur sa position, c’est-à-dire le rachat des stocks qu’elle évalue à 1,2 million d’euros. Cela fait 3.300 euros par salarié. C’est la même somme proposée par PSA. Comme si Renault et PSA s’étaient entendus... mais sur notre dos. Cela ferait en tout 6 600 € par salarié.

On est loin des 30 000 euros que nous revendiquons. C’est pour cela que nous avons ensuite manifesté notre colère dans les rues de Boulogne- Billancourt. Le gouvernement n’a rien trouvé de mieux que de nous envoyer les gardes mobiles. Ceux-ci ont usé de violence et menacé d’employer des gaz lacrymogènes contre des manifestants pourtant pacifiques.

Le gouvernement fait moins de zèle contre les patrons voyous. Renault et PSA sont responsables de la fermeture de New Fabris car ce sont eux qui ont décidé du jour au lendemain d’arrêter de travailler avec New Fabris, alors que nous travaillons à 90 % pour ces 2 sociétés, et cela depuis des dizaines d’années.

Nous continuons donc notre lutte, bien déterminés à obtenir notre dû. Dans l’après midi, M. Estrosi a annoncé vouloir nous recevoir lundi 20 juillet. Mais nous attendons autre chose de cette rencontre que des CTP (Contrat de Transition Professionnelle). Le gouvernement a su trouver des milliards d’euros pour les constructeurs automobiles ou des centaines de millions pour les équipementiers. Il n’y a pas de raison qu’il n’y ait que les patrons qui touchent cet argent et pas les salariés. 30 000 euros pour les 366 salariés de New Fabris, cela ne représente que 11 millions d’euros.

Nous nous adressons également à tous les salariés des entreprises menacées de licenciement ou de fermeture. D’abord à ceux de Nortel à Chateaufort (Yvelines) et de JLG à Tonneins (Lot-et-Garonne) qui, comme nous, ont menacé de faire sauter leur entreprise pour se faire entendre. Nous nous adressons aux salariés des entreprises de la Vienne touchés par les licenciements : Valéo, Aubade, Isoroy, Magneti-Marelli, Fenwick-Linde ... Mais aussi à tous les autres : à ceux de Continental, Good Year, Mecacorp, SKF, Heuliez, Hewlet- Packard, Alcatel-Lucent, Michelin, Air France, Marrionaud, DHL, Chafoteaux et Maury, ABB, Molex, Altran et bien d’autres. La liste est hélas trop longue pour les citer tous. Nous nous adressons à eux pour que nous disions tous ensemble NON à ces dizaines ou centaines de milliers de licenciements. Tous ensemble, nous pouvons nous faire respecter : pour obtenir de meilleures primes et conditions de départ, mais aussi pour arrêter cette vague de licenciements et pour garder nos emplois.

L’union fait la force. Alors battons nous tous ensemble ! Vous pouvez nous contacter en écrivant à : newfabrisenlutte@yahoo.fr

3) Compte rendu de la manifestation du 30 juillet par le quotidien Sud-ouest

http://www.sudouest.com/accueil/act...

C’était émouvant et joyeux à la fois, comme si les gens étaient heureux de partager leur misère. Quand les coups durs sont là, on appelle cela la solidarité. Hier, dans la zone industrielle nord de Châtellerault, de nombreuses délégations syndicales d’entreprises en difficulté ou carrément fermées sont venues dire leur soutien aux 366 salariés de New Fabris, fabricant de pièces automobiles.

Le tribunal de commerce a annoncé sa liquidation en juin dernier. Depuis, les ouvriers bataillent pour décrocher une prime de licenciement pour tous de 30 000 euros auprès de Renault et PSA, qu’ils fournissent exclusivement. Pour faire pression ils ont menacé début juillet de brûler leur ancien outil de travail et les pièces usinées, ainsi que de faire exploser cinq bonbonnes de gaz qu’ils ont mises bien en évidence à l’intérieur du site. Un ultimatum est fixé aujourd’hui, 31 juillet, midi

Hier, la manifestation se voulait nationale. Et elle l’a été. « Notre but est de regrouper un maximum de délégations et créer un collectif pour se battre tous ensemble. Nous n’avons eu que huit jours pour organiser tout ça, mais les camarades ont répondu présent malgré les vacances. Ce qui n’est pas le cas de nos responsables syndicaux nationaux qu’on n’entend pas et à qui nous offrions une opportunité de se racheter », explique Guy Eyermann, délégué CGT et secrétaire du comité d’entreprise des Fabris. Chaque nouvel arrivant était invité à laisser ses coordonnées sur un cahier prévu à cet effet.

Ford est là mais pas JLG

Apparaissent sur la liste les sociétés qui ont fait l’actualité sociale de ces derniers mois : Continental (Compiègne), Freescale (Toulouse), Rencast (Châteauroux), Philips (Dreux), Molex (Villemur), Ford (Blanquefort), Aubade (Saint-Savin) SBFM (Lorient), Goodyear (Amiens), Flextronics (Saint-Étienne), Peugeot (Saint-Ouen)... Manquent à l’appel les JLG de Tonneins (Lot-et-Garonne) qui ont obtenu 30 000 euros d’indemnités supralégales pour les 53 salariés licenciés en... menaçant de faire sauter leur usine à la bouteille de gaz. « Il nous fallait cinq heures de route et nous avions une nouvelle réunion avec la direction. Que les Fabris sachent que l’on est totalement avec eux. Nous, on a abouti grâce à leur idée et on espère bien qu’ils y arriveront aussi », s’est excusé le secrétaire du CE Christian Amadio.

Défense de la ligne dure

Denis Rivier (F0 Métallo Flextronics) a fait le déplacement, seul, depuis Saint-Étienne. « Même si je désapprouve la méthode, s’il n’y avait pas eu les bonbonnes de gaz nous ne serions pas là. Nous devons arrêter de nous bagarrer chacun dans notre coin. Il faut créer un véritable G8 syndical et se retrouver tous, par millions, au même endroit », dit-il. Dans les rangs, après une visite improvisée de l’usine, où des pièces neuves sont entassées par tonnes, 3 000 participants échangent des tracts et des autocollants.

Parmi les plus actifs, les six représentants des pneus Continental de Clairoix, que tout le monde surnomme les Conti. Eux sont parvenus à obtenir gain de cause dans leurs revendications. Ils ne regrettent pas le saccage d’une préfecture et défendent la ligne dure. « Qui sont les plus responsables de la misère, ceux qui mettent des bouteilles de gaz ou les patrons et les politiciens qui ferment et délocalisent ? » questionne Christian Lahargue.

Son collègue Xavier Mathieu est encore plus virulent : « Ils claquent dans le plan social le prix d’une usine neuve et ils y retrouvent encore leur compte. Notre avantage sur vous c’est d’être 1 200 au lieu de 300. À chaque manif et à l’AG quotidienne nous étions 600 et notre interlocuteur était allemand, c’est autre chose que Renault ou PSA. On n’a pas hésité à brûler des pneus de Porsche Cayenne à 400 euros pièce sur le pont de Compiègne et au bout, sur quatre mois de grève on ne m’a enlevé que trois jours de salaire », déclare-t-il à un petit groupe de Fabris impressionnés. Avec ses vingt-deux ans de boîte, il se félicite d’avoir obtenu 80 000 euros d’indemnités et 80 % de salaire versé sur un an. En revanche il ne décolère pas sur les fédérations au niveau national qui « sont juste là pour les photos à l’Élysée ». Bernard Thibault en prend pour son grade.

Dans les discussions, autour du barbecue saucisses offert par les pompiers de Châtellerault, l’animosité est récurrente. « Ils sont devenus incapables de prendre une initiative. À force de vouloir se la jouer syndicat moderne en négociant avec le gouvernement et le président, ils ont perdu toute combativité. L’enjeu d’une journée comme aujourd’hui est de tisser des liens avec la base et de s’organiser pour une bagarre plus radicale. Si on y parvient nous n’aurons plus besoin des têtes pensantes », assure Philippe Poutou, venu de Gironde avec trois compères de la CGT représenter ce qu’il reste de Ford-Blanquefort.

Concert Débat à Blanquefort

Au passage il signale la tenue d’un concert et d’un débat auquel seront conviés tous les présents du jour pour le 5 septembre à Blanquefort. Vue la rentrée sociale morose qui s’annonce, les syndicalistes tentent d’inventer des nouvelles formes de lutte qui ressemblent finalement à celles utilisées il y a une vingtaine d’années.

Sur ces considérations, le cortège des Fabris pouvait s’élancer derrière la 2 CV, devenue symbole de leur combat, sur un trajet de 2 kilomètres en direction de la place de la Mairie. Les rares politiques présents ont préféré rester discrets en queue du peloton.

L’éphémère Premier ministre Édith Cresson, un autocollant Conti sur le dos, fermait la marche en tentant de convaincre une majorité de sceptiques qu’elle venait représenter le Parti socialiste.

La fin de l’ultimatum prévue aujourd’hui 31 juillet

Aujourd’hui à midi, le panneau à l’entrée de l’usine indiquera la fin de l’ultimatum lancé par les ouvriers de New Fabris. Vont-ils mettre leur menace de faire tout exploser à exécution ?

Pour l’instant, le geste de désespoir a fait son effet en attirant les médias. Il a également entraîné un retour de manivelle avec les déclarations des ministres du travail, Xavier Darcos, et de l’industrie, Christian Estrosi, qui rejettent toute médiation sous la contrainte. Ces derniers jours les syndicats se déchirent sur l’attitude à adopter et jouent au chat et à la souris.

Bouteilles de gaz

Hier les bouteilles vertes de Totalgaz ont fait leur réapparition dans la matinée avant d’être enlevées une heure plus tard. « Je refuse d’être filmé devant les bonbonnes. Ça, ce n’est plus nous. On ne menace plus mais aux dernières négociations nous en sommes toujours à 11 000 euros de prime, loin des 30 000 que nous réclamons. C’est l’impasse », explique Guy Eyermann, délégué CGT.

De son côté, le représentant FO Dominique Duval souhaite maintenir la pression jusqu’à la dernière seconde. Les bonbonnes font toujours partie de son plan. Ce matin les employés de l’ancien fabricant de pièces automobiles seront reçus dans la sous-préfecture de la Vienne où leur sera présenté le protocole d’accord.

Ensuite ils se retrouveront en AG vers 11 heures et décideront par vote à bulletin secret de la suite des événements. Pas grand monde ici ose croire qu’ils franchiront le pas de la destruction de leur ancien outil de travail, mais le doute plane toujours.

Après avoir perdu leur travail, voilà les 366 Fabris pris à leur propre piège. « Ce sont les syndicats qui ont lancé tout ça, mais il faut qu’ils sachent que si on fait tout péter nous n’aurons rien », assure cet employé aux douze ans de maison. La raison l’emportera-t-elle sur le désespoir ? Personne n’a jamais eu de réponse à cette question.

JACKY SANUDO

4) Compte rendu de la manifestation du 30 juillet par le quotidien L’Humanité

Les Fabris rassemblent autour d’eux

« Moi, j’attends surtout les filles d’Aubade. » Les salariés de Fabris perdent leurs emplois, pas leur humour. Autour des salariés de l’équipementier automobile, trente délégations venues de toute la France ont manifesté pour s’opposer à la liquidation de l’industrie. Châtellerault (Vienne), envoyé spécial.

« Moi, j’attends surtout les filles d’Aubade. » Les salariés de Fabris perdent leurs emplois, pas leur humour. Hier après-midi, à Châtellerault, la manifestation avait pour but de rassembler les luttes menées dans toute la France autour de celle des « Fabris ». De regrouper un maximum de salariés qui se battent ici ou là dans leur entreprise en péril. Un pari difficile, surtout au cœur de l’été. L’établissement Fabris, en liquidation judiciaire, est occupé depuis la mi-juin par ses salariés. Hier, dès midi, dans la cour de l’usine, ils faisaient griller les premières merguez, chauffer les premiers cafés.

Depuis l’épisode des bonbonnes de gaz, ceux-ci ont suscité un peu plus que les autres l’intérêt des médias. Mais une kyrielle d’entreprises, en proie aux délocalisations et aux licenciements, se trouvent dans une situation comparable à celle de l’équipementier automobile. Les Fabris, en échange du stock de pièces usinées, exigent des donneurs d’ordres, Renault et PSA, la somme de 11 millions d’euros, ce qui financerait les indemnités supralégales : 30 000 euros pour chacun des 366 salariés. Les deux constructeurs automobiles sont accusés d’avoir asphyxié leur sous-traitant.

« La métallurgie, ça va faire comme la sidérurgie »

Dans la cour de l’usine, les premiers manifestants arrivent. D’abord les « fils de lutte » de Continental, venus de Clairoix : « Les patrons profitent de la crise, ça ne peut pas continuer. Les patrons voyous ne sont jamais condamnés. » Ont aussi fait le déplacement, des syndicalistes CGT des sites PSA de La Garenne-Colombes et de Renault Technocentre. Pendant ce temps, Stéphane fait visiter l’usine à des camarades d’une fonderie d’Angers.

Dans l’immense atelier, il leur explique les processus de fabrication, fier du savoir-faire accumulé ici. « Ce n’est pas du gâchis ? On avait tout pour continuer ! » « La métallurgie, ça va faire comme la sidérurgie », lui répond, pessimiste, l’un des visiteurs. Heureusement pour les « Fabris », il reste « le trésor de guerre », ces milliers de pièces, collecteurs d’échappements ou éléments de systèmes de freins… Dans la cour arrivent d’autres délégations, venues de Blanquefort (Ford), de Montrouge (TDF). Il y a aussi les Molex de Villemur-sur-Tarn, en Haute-Garonne. Et les ouvrières si attendues d’Aubade. Les salariés toulousains de Freescale ont rebaptisé leur entreprise « Freesquale ».

Les formations politiques sont aussi présentes. Jacques Chabalier, de la coordination nationale du PCF, représente Marie-George Buffet : « Les politiques de délocalisation sont dans l’impasse. On pourrait taxer les produits quand ils reviennent et, surtout, en amont, interdire les licenciements pour les entreprises qui font des profits et donner plus de pouvoir aux salariés. » « On comprend le ras-le-bol des gens et on demande à l’État de faire le nécessaire », plaide le sénateur Verts de Paris, Jean Desessard. Même les élus UMP sont là. Édith Cresson, qui fut maire de la ville et premier ministre, est accaparée par les télés, ce qui provoque la colère d’un militant communiste : « Interviewez plutôt la vraie gauche ! » Au total, trente délégations et un millier de personnes participent, jusqu’au centre-ville, à cette manifestation interentreprises et interluttes.

Bruno Vincens

5) Réponse de l’Union Syndicale Solidaires à l’appel des New Fabris

Oui il faut coordonner nos luttes !

Les camarades de l’Union syndicale Solidaires présent-e-s à la manifestation du 29 juillet à Châtellerault nous ont fait part de l’annonce de la création d’un collectif rassemblant les salarié-e-s en lutte à travers tout le pays ; annonce faite lors de cette manifestation, et ceci en présence de délégations de plusieurs entreprises de divers secteurs d’activité, ce qui, déjà, montre une réalité incontestable.

Mais bien évidemment, et nous ne doutons pas que ce soit aussi votre préoccupation, cette initiative doit se développer. Elle répond à une des nécessités pointées par les organisations de Solidaires lors de récentes réunions nationales faisant le bilan des mouvements de l’année écoulée.

L’Union syndicale Solidaires :

* Apporte son soutien à la création de ce collectif.

* Appelle les organisations membres de Solidaires, à contribuer à y donner toute l’envergure souhaitable, en le faisant connaître aux salarié-e-s, en proposant de le rejoindre.

* Entend participer à son développement, en mettant au service des travailleurs/ses en lutte l’outil syndical.

* Souhaite que l’ensemble des organisations syndicales nationales apportent leur soutien au collectif.

Nous sommes bien entendu disponibles, et demandeurs, pour une rencontre avec vous, afin de discuter des modalités les plus efficaces pour renforcer la dynamique vers la coordination des luttes et un mouvement national interprofessionnel.

Pour le Secrétariat National de l’Union syndicale Solidaires : Annick Coupé Christian Mahieux

6) Dépêche AFP sur la fin du mouvement votée majoritairement par les salariés de New Fabris le 31 juillet

"Je demande à la minorité de respecter le vote des 204 salariés", a déclaré Guy Eyermann (CGT), porte-parole des salariés, à l’issue de l’assemblée générale qui a voté à bulletins secrets sur un protocole de fin de conflit octroyant une prime de départ de 12.000 euros en plus des indemnités légales pour les 366 salariés.

Six bulletins nuls et un bulletin blanc ont été décomptés. Les résultats du vote ont été accueillis dans un mélange d’émotion, d’abattement et de colère. "Aujourd’hui c’est fini, on a tout perdu", a déclaré Alain Bréjeat, 44 ans, dont 24 passés chez l’équipementier.

"Je ne sais pas ce que je vais faire, je vais peut-être monter une petite affaire, avec les 12.000 euros acheter un camion pour faire des livraisons", a réagi Guy Eyermann, très amer, qui a préféré ne pas voter plutôt que de voter contre. "J’ai l’impression d’avoir été abandonné par ma direction syndicale", a-t-il encore ajouté.

"La CGT New Fabris est morte, mais nous créons un comité des privés d’emploi New Fabris", a-t-il encore précisé.

"Le résultat ne nous satisfait pas, mais nous essayons de partir dignement. Ce n’est pas facile", a expliqué de son côté Dominique Duval (FO), disant son "amertume". Un responsable CFDT a lui estimé que "l’Etat aura fait un geste, mais pas les constructeurs".

A la mi-juillet, les salariés de ce sous-traitant de Renault et de Peugeot avaient menacé de faire sauter leur usine avec des bonbonnes de gaz s’ils n’obtenaient pas une prime de 30.000 euros en plus des indemnités légales de licenciement, avec comme date limite de négociation le 31 juillet.

Vendredi matin, le ministère de l’Industrie a fait une ultime proposition à 12.000 euros net, au lieu des 11.000 euros brut promis la semaine dernière, et s’ajoutant à l’indemnisation légale de licenciement comprise, selon le ministère, entre 17.500 et 19.000 euros.

Victime de la crise de l’industrie automobile, New Fabris avait été racheté par le groupe italien Zen début 2008, après une première mise en liquidation avec poursuite d’activité.


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