Crise d’ATTAC : Déclaration de Jacques Nikonoff

mercredi 4 octobre 2006.
 

La vérité est cruelle. Les preuves matérielles d’une fraude lors de l’élection du Conseil d’administration d’Attac sont désormais établies. Tel est le constat unanime que nous avons dressé à la Commission d’enquête. Elle était présidée par Nuri Albala et René Passet, et composée de Catherine Agnias, Aymard de Camaret, Gérard Duménil, Emmanuelle Gaziello, Pierre Khalfa, Jacques Nikonoff.

Nous avons identifié près d’une centaine de bulletins de vote (96 exactement) qui ont été probablement rédigés par une même main. Ces bulletins ont été souvent panachés de façon étrange et comportaient des candidats issus des deux sensibilités qui sont apparues dans l’association, tout en défavorisant les candidats de la liste de Susan George.

Certes, différentes hypothèses ont circulé sur l’origine de ces manipulations : des partisans de la liste de Susan George pour continuer à discréditer la direction de l’association d’avant le 17 juin ; des forces extérieures à Attac dans le but d’affaiblir l’association aux yeux du public et de semer la zizanie à l’intérieur ; une ou plusieurs personnes, croyant soutenir des candidatures partageant ma sensibilité, ayant perdu leurs repères et foulé aux pieds nos valeurs.

Or si toutes ces hypothèses sont plausibles, aucune n’est satisfaisante. Le caractère artisanal et grossier d’une fraude qui ne pouvait qu’être découverte par l’examen physique des bulletins surprend. Si d’aventure une ou plusieurs personnes ont cru, par ce forfait, soutenir des candidatures partageant ma sensibilité, qu’elles sachent qu’aucune circonstance atténuante ne peut justifier de tels comportements que je condamne avec la plus extrême vigueur : ni le chaos du dépouillement, qui offrait de vastes moments de tentation ; ni les attaques personnelles répétées, depuis des mois et des mois, contre les membres de la direction sortante ; ni le harcèlement, les procès d’intention, mensonges et accusations diverses qui ont mis les nerfs à rude épreuve ; ni les tensions de la dernière période.

Ces évènements se sont produits pendant l’exercice de mon mandat à la présidence d’Attac et alors que je siégeais à la Commission électorale. N’ayant pas l’habitude de me défausser, j’en assume l’entière responsabilité. Il serait mortifère pour l’association de poursuivre un débat qui vient d’être tranché : nous avons désormais la preuve d’une fraude. Faut-il rechercher le ou les coupables ? Evidemment ! Mais pas au moyen d’une justice expéditive et d’une chasse aux sorcières où seraient désignés pour le lynchage des boucs émissaires, à la volée, sans attendre la fin des enquêtes. Une plainte contre X va être déposée, laissons la justice faire son œuvre et reprenons notre aventure commune. En attendant, la cohorte des procureurs qui s’est levée dernièrement au sein d’Attac saura à qui s’adresser.

A court terme, deux choix radicalement opposés sont désormais offerts à Attac : celui de la division ou celui de la réconciliation. La division consisterait à utiliser cet acte qui semble isolé pour en faire porter la responsabilité à telle ou telle partie de l’association, dans une démarche de règlement de comptes et d’exclusion. La réconciliation, au contraire, consisterait à laisser celui ou celle qui s’est perdu, face à sa conscience, à appliquer la présomption d’innocence tant que l’enquête judicaire n’aura pas identifié le ou les coupables, et à nous remettre vigoureusement au travail, dans une démarche d’unité retrouvée.

La préparation de la nouvelle élection du Conseil d’administration, prévue en décembre, pourrait alors permettre un véritable débat d’idées sur l’avenir d’Attac, allant au fond des choses, dans un climat enfin apaisé. Seuls les adhérents jugeront, par leur vote, ceux qui méritent ou non d’être élus au CA, et pourront laver la honte faite à Attac, en redonnant à tous et à chacun le chemin de la fierté.

Jacques Nikonoff

Le 29 septembre 2006.


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