Deuxième tour des municipales partielles d’Aix en Provence : Pourquoi aurait-il fallu faire une exception nationale à notre refus de ce type d’alliance avec le MODEM et autre groupe de droite ?

vendredi 24 juillet 2009.
 

La maire UMP sortante Maryse Joissains a remporté le second tour de la municipale d’Aix-en-Provence dimanche avec 50,22% des voix contre 49,78% à la liste PS-Modem-PRG fusionnée avec les Verts, les Occitans et soutenue par la liste de droite dissidente.

Hier, c’était le deuxième tour de l’élection municipale à Aix en Provence. C’est peu dire que du point de vue de quelqu’un de gauche, la confusion s’est accrue de plusieurs crans entre les deux tours. Car cette fois ci la liste PS Modem, augmentée au deuxième tour des Verts et Occitans, a reçu le soutien de la liste de droite dissidente. Ce renfort a été officiellement consacré par une conférence de presse commune entre quelqu’un qui se présentait comme « membre fondateur de l’UMP » et la tête de liste socialiste !

Sur place, mes amis de la liste unitaire « Aix à gauche », éliminés au premier tour avec 4,21 % des voix, ne se sont pas engagés au-delà d’une condamnation de la liste de droite sortante. On leur a reproché de ne pas appeler à voter ouvertement pour la liste conduite par le socialiste. Je demande comment ils auraient pu le faire ! Au nom de quoi auraient-ils pu se prononcer pour une liste PS-Modem soutenu par une dissidence de droite ? Pour battre la droite nous a-t-on rugi aux oreilles ! De quelle droite parle-t-on ? Qui est de droite et qui ne l’est pas dans cette histoire confuse ? Il y a une bonne droite et une mauvaise ? Pourquoi aurait-il fallu faire une exception nationale à notre refus de ce type d’alliance, ici, pour une partielle dans un quartier bourgeois de la côte ? Pour l’entendre ensuite cent fois citée comme juriprudence partout ailleurs en soutien à d’autres combines aussi calamaniteuses ? Pas question !

La prudente réserve de nos amis ici a été un honnête réflexe de précaution politique. Et un acte politique responsable si l’on tient compte du fait que l’évènement local de leur ralliement aurait été destructeur nationalement pour le rassemblement que nous construisons avec des précautions de chauffeur dans un camion chargé de nitroglycérine ! Bonne prudence ! D’autant que depuis le début de cette éléction il y a manœuvre dans la manœuvre.

De fait les socialistes locaux s’apprétaient à faire de nouveau une liste de gauche « sans exclusive ». Une réunion avait eu lieu pour cela autour de la tête de liste socialiste. Le rendez vous avait été pris pour que une fois le vote de la section socialiste acquis la répartition des sièges commence. C’est alors que le patron des socialistes des Bouches du Rhône entre en scène. C’est Jean Noel Guérini, le président du conseil général. On apprend dans « Le Monde » qu’il considère ses camarades comme des gamins et que c‘est lui qui va faire finir leur récréation. Tel quel. C’est donc lui qui annonce : puisque la ville compte plus de vingt mille habitants, selon les statuts du PS, la décision est de niveau national. On suppose que le bureau national du PS a donné son accord à l’alliance avec le Modem. Peut-être même la semaine où Martine Aubry nous écrivait pour nous proposer de fonder une « maison commune » de la gauche. C’est ça l’humour chez les importants !

En tous cas, à partir de là, toutes les décisions se sont prises au seul endroit qui contient un cerveau « au niveau national »…. dans le bureau du président du conseil général. Dès lors plus question d’union des gauches sans exclusive. C’est l’alliance au centre. Ici , la fois précédente, la liste d’union de la gauche avec les socialistes avait fait 29% et le MODEM a fait 20 %. L’addition semblait prometteuse. Donc, les alliés d’hier, PG, Communistes et ainsi de suite, ont été congédiés de fait puisque tous avaient annoncé la couleur d’entrée de jeu : pas d’alliance avec la droite quel que soit l’emballage !

Une liste a donc été montée pour le premier tour, à gauche, PC-NPA-PG, avec une bonne tête de liste associative communiste. Le score de cette liste appelle reflexion, c’est certain. Aucune circonstance atténuante ne peut nous écarter du devoir de constater que nous n’avons pas convaincu d’être une alternative (moins de 5%), même si cette expression dans une ville comme Aix contient une singularité presque humoristique que tout le monde comprend bien. Sans doute les électeurs de gauche aussi l’ont-ils compris car ils ne nous ont pas investi de la mission qu’un bon score aurait signifié . C’est ce point qu’il va falloir étudier et dont il va falloir tirer des leçons notamment en vue des régionales. Pour autant je n’ai pas de regrets concernant le choix de nos amis localement. Le total PS/Modem est tombé au premier tour à 33 % au lieu des 49 % attendus. Et au deuxième tour, notre appel aurait valu soutien à la methode de l’assemblage hétéroclite de tout et n’importe qui.

En fait la stratégie du président du conseil général, Jean Noel Guérini n’est pas seulement celle de l’alliance au centre. Il s’agit aussi d’enfermer de nouveau, tout le champ politique de gauche dans les machoires du piège du vote dit « utile » en contraignant chacun à cautionner sa stratégie d’alliance. Car si on vote au deuxième tour pour une liste avec le Modem et la droite, pourquoi ne pas avoir fait cause commune dès le premier tour ? Le plan a été appliqué avec une energie sans faille. A Aix nous avons eu droit à toutes les pressions que ce dispositif demande. Avant le premier tour, sur la base d’un sondage incroyablement flatteur, ce furent des mises en garde socialistes contre le fait que si notre liste, « Aix à Gauche » parvenait à dix pour cent des suffrages nous nous maintiendrions contre « la liste de gauche ».

Puis entre les deux tours ce fut une véritable campagne de harcèlements pour que nous fassions un appel à soutien. Pour tous il était clair que si nous le faisions cela aurait été de notre part, purement et simplement, un reniement. Il aurait été d’autant plus spectaculaire que la liste de droite dissidente a elle-même rejoint l’attelage mené par les socialistes. Jean-Noel Guierini, le président socialiste du Conseil général est homme intelligent, un stratège bon calculateur. Son but n’est pas réduit à l’élection aixoise. Il veut faire la démonstration d’une méthode globale : valider un système d’alliance majoritaire, domestiquer l’autre gauche ou l’éjecter du tableau soit qu’elle se renie soit qu’elle disparaisse du film. Rien de tout cela ne peut conduire a autre chose qu’a des désastres pour le présent et pour le futur.

Au présent parce que ces combines sans principes ne rassemblent pas de majorité. Ainsi en a-t-il été avec l’échec du deuxième tour dimanche soir.

Pour le futur car chacun vit dorénavant avec les contusions que l’opération pour nous tordre le bras a laissé, localement et nationalement !


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