La force du film est donc qu’il ne met pas en scène des personnages révoltés, comme le cinéma sait classiquement le faire, mais bien d’une Révolution et ceux qui l’alimentent. Dès lors, la question démocratique, à travers le débat sur le vote censitaire ou non, et la question sociale traversent ce film.
Alexis Corbières a oublié dans son analyse la question pourtant centrale de la Constituante, ce qui ne m’étonne guère, puisque la conception du "peuple" et de sa "construction" dans France Insoumise est totalement abstraite ou "gazeuse". Le mouvement des classes sociales et de leur représentation est au cœur du processus constituant décrit à travers les textes très choisis des intervenants à la tribune des assemblées. Barnave c’est cette fraction de la bourgeoisie qui veut déjà arrêter le flot révolutionnaire et en rester à une monarchie constitutionnelle. Robespierre, chahuté dans la Constituante, sera écouté dans un "silence de cathédrale" à la tribune de la convention, parce qu’il exprime le mouvement des faubourgs, les futurs ouvriers modernes. Le jour où Robespierre frappera lui aussi la sans-culoterrie, il signera sa perte. A chaque fois, s’il faut parler d’un processus de construction du peuple, encore que cette formule me choque, on voit émerger la classe qui est en capacité de reconstruire la société sur d’autres bases.