Buzek, réactionnaire polonais, élu président du parlement européen par une coalition droite, socialiste et verte : un triomphe de l’OTAN

samedi 18 juillet 2009.
 

L’ancien premier ministre polonais Jerzy Buzek est élu président du parlement européen avec la complicité des sociaux démocrates et de certains verts. Le nouveau président déclare aussitôt :

"Je pense qu’il est nécessaire de conclure un accord entre les Etats-Unis et l’Union européenne parce que le monde a changé et l’ancienne rivalité entre les Etats-Unis et l’UE n’a non seulement plus raison d’être mais elle est devenue nuisible"

... C’est lui qui a lancé les négociations d’adhésion de la Pologne à l’union en 1997, et fait adhérer Varsovie à l’OTAN en 1999. La Gauche unie européenne (GUE) avait mis en garde. Lors d’un débat la semaine dernière, Jerzy Buzek « s’est vanté d’avoir fermé 22 mines », « s’est félicité des privatisations » et « a fait le lien entre immigration et délinquance », prévenaient les députés du Front de gauche. A peine élu, dans son discours, il faisait de Jean-Paul II un inspirateur du combat pour les droits humains en Pologne…

Autant de raisons qui ont poussé la Gauche unie européenne (GUE) à présenter la seule candidature alternative, celle d’Eva-Britt Svensson. Jerzy Buzek a été élu par 555 voix. Un nombre que le conservateur polonais a recueilli grâce à un « accord technique » avec le groupe des Socialistes et démocrates (S&D) et celui de l’Alliance des démocrates et libéraux pour l’Europe (ALDE) où siège le Modem. La GUE où siègent les élus du Front de gauche avait pourtant appelé les autres forces à « choisir entre les valeurs ou les postes ». En échange de leur compromission, les socialistes obtiendront la présidence du Parlement dans deux ans et demi. Et les libéraux démocrates une présidence de commission ad hoc sur la crise financière.

Les Verts, eux, ne participaient pas à ce marchandage, mais ont fait le choix de ne pas présenter de candidat alternatif, malgré leur dénonciation lors de la dernière mandature de la cogestion. « Nous étions favorables à un accord politique », nous explique Pascal Canfin, élu sur les listes d’Europe écologie. « A partir du moment où il n’y a qu’un accord de gestion, nous estimons que l’élection de Jerzy Buzek n’est plus politique, mais relève du symbolique ». Car les Verts critiquent en effet la ligne du nouveau président sur « la libéralisation de l’agriculture », ou sur les thématiques environnementales. « Mais c’est le premier président du Parlement issu d’un pays de l’Est, quelqu’un qui a été des premiers combats de Solidarnosc ». Pas sûr, explique notre interlocuteur que dans deux ans, les Verts votent pour un candidat socialiste, Martin Schultz, qui ne revêt pas le même caractère symbolique.

Surprise du scrutin, Eva-Britt Svensson obtient 89 voix. Soit bien « plus que les 32 membres de la GUE présents » hier matin, se réjouit Lothar Bisky président de la Gauche unie européenne. Certains socialistes et Verts, ont donc voté pour la candidate, membre du Parti de gauche suédois. Au total, l’équivalent d’un tiers de voix de gauche se sont portées sur la seule candidature opposée à la cogestion. « Nous voulions montrer notre priorité pour le social, et avoir une présidente qui travaille à l’égalité entre homme et femmes », poursuit-il. Cette parlementaire portait d’ailleurs hier un collier en forme de cercle et de croix, symbole de son combat féministe. Pendant que socialistes et verts votaient pour Jerzy Buzek, ils pestaient dans les couloirs contre la proposition des Vingt-Sept de faire réélire José-Manuel Barroso (PPE) à la tête de la Commission. Pour le moment, ils n’ont obtenu que le report du vote à l’automne. Mais les socialistes s’inquiètent de voir José-Manuel Barroso élu sans eux, par une alliance entre le PPE, les centristes (ALDE) et le nouveau groupe créé autour des conservateurs britanniques (ECR). Car ces derniers appellent à une « alliance anti-socialiste au Parlement », selon les propos la semaine dernière de Timothy Kirkhope, président du groupe ECR, libéral et souverainiste. Confiant, José-Manuel Barroso dans son intervention de félicitations au nouveau président du Parlement, répondait à un député de droite qui appelait au respect des votes français et néerlandais sur le traité constitutionnel européen en 2005, qu’il n’était pas normal « pour un parlementaire » de critiquer un traité de Lisbonne « ratifié par 26 des 27 Parlements nationaux de l’UE ». Que les libéraux se rassurent, les postulants alternatifs évoqués par les socialistes et les verts sont sur cette question, sur la même ligne.

Gaël De Santis


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