Un journaliste stagiaire du "Monde" placé en garde à vue dans des conditions déplorables

vendredi 17 juillet 2009.
 

Ue manifestation était organisée en fin d’après-midi lundi 13 juillet à Montreuil (Seine-Saint-Denis) pour protester contre les "violences policières" après qu’un jeune réalisateur de 34 ans, Joachim Gatti a été sérieusement blessé à l’œil le 8 juillet. Après avoir essuyé des tirs de fusées de feu d’artifice dans leur direction, les forces de l’ordre ont dispersé cette manifestation sans ménagement. La maire (Verts) de Montreuil, Dominique Voynet a dénoncé une "démonstration de force totalement inutile" de la part de la police.

Adrien Morin, stagiaire à la rédaction du Monde, qui couvrait la manifestation, a été interpellé et placé en garde à vue, malgré le fait qu’il ait mentionné à plusieurs reprises sa qualité de journaliste. Voici son récit : "J’ai été interpellé vers 21 h 15. La manifestation était en train de se disperser, j’ai soudain été plaqué au sol et j’ai entendu un policier dire : ’Toi aussi, tu viens avec nous’. Ils m’ont attaché les mains dans le dos. J’ai répété à plusieurs reprises que j’étais journaliste, mais ils n’écoutaient pas. Dans le fourgon, il y avait trois policiers qui traitaient les deux manifestants interpellés avec moi de ’sales gauchos’.

Nous sommes arrivés au commissariat de Montreuil et nous avons été regroupés à onze dans une petite pièce de quatre ou cinq mètres carrés. Ils nous ont envoyés dans une salle de fouille où il y avait deux policiers : nous avons été déshabillés, caleçon sur les genoux, et fouillés, ils nous ont enlevé nos lacets et celui qui tenait mon pantalon de jogging et ils nous ont pris nos montres. J’ai redit que j’étais journaliste mais ils n’ont rien répondu.

Nous avons été placés à cinq dans une salle de garde à vue avec deux caméras au plafond et des graffitis sur les murs peints avec du sang et des excréments. Il était sans doute 23 heures, nous n’avions rien mangé ni bu. Nous avons été transférés vers le dépôt de Bobigny, menottés dans le dos. J’ai redit que j’étais journaliste mais personne ne m’a répondu.

Au dépôt, les policiers m’ont proposé de voir un avocat : j’ai rencontré Dominique Tricaud, dans une pièce à part, sans caméras, sans policiers. C’était la première fois que quelqu’un m’écoutait. J’ai ensuite été convoqué par un policier qui m’a dit : ’Si tu es le petit gentil du lot, ils ne vont pas te laisser partir comme ça.’ Pendant l’interrogatoire, le policier disait que j’avais un casque lors de l’interpellation, ce qui était faux. J’ai vu une deuxième fois l’avocat, qui m’a dit qu’il avait fait son possible auprès du procureur et qui m’a un peu remonté le moral. Je suis sorti à 6 heures 30 du matin."

Article paru dans l’édition du 15.07.09.


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